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Les petites victoires sont celles de clémence, Margaux, Lydie et Prune, celles qui ont permis à ces femmes de s'émanciper, de vivre, de quitter leur carcan (un homme souvent) pour mieux se réaliser. C'est Clémence, 79 ans, qui raconte, la clope au bec, le temps d'une journée, à la terrasse d'un café à un sexagénaire à qui elle vient d'acheter une poêle (geste pas si anodin, homme pas totalement inconnu).
Elle raconte sa vie donc, celle de ses filles Margaux et Lydie, de sa petite fille Prune, petite histoire dans la grande histoire (on traverse mai 68, mai 81, les attentats de 2015...).
Elle narre leurs existences auprès d'hommes oppresseurs et menteurs, l'alcool (quel meilleur moyen pour lutter contre le désespoir !), le sexe (pas toujours consenti), l'adultère, l'argent qui manque, la misère sociale, la haine de soi (souvent la haine de soi).
C'est difficile, explicite, sale parfois, la vie dans toute sa splendeur. Il y a des moments de joie (heureusement), mais la tonalité du livre est assez mélancolique, plutôt sombre. Car il faut du temps et des décisions difficiles à ces femmes pour se réaliser. Cette réalité est marquée par une certaine urgence dans l'écriture, précise, détaillée, fouillée.
J'ai beaucoup aimé.
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Un livre fait d'un tas de « je ne sais quoi », d'une multitude de « presque rien », une histoire qui aurait enchanté Vladimir Jankélévitch, donc, ou la Françoise Héritier du « Sel de la vie », le Ruben Ogien de « L'odeur des croissants chauds »… Ces « Petites victoires » vous mettent le coeur et l'esprit en fête ! Qu'on ne s'y trompe pas, pourtant, et même si, pour Clémence, la vieille dame vaguement indigne, dont les gestes orchestrent les mouvements du récit, sa seconde vie commence peut-être quand elle comprend qu'elle n'en a qu'une..., on est loin, avec ce texte, de la mièvre littérature-à-faire-du bien des Gavalda, Grimaldi, Gounelle, Martin-Lugand, Perrin, Valognes, j'en passe et des meilleur(e)s, des tartines lénifiantes et autres pansements pour nos âmes en détresse. Les personnages du récit de Pierre Notte se heurtent sans cesse à la dureté du quotidien, à la lutte des classes ou au carcan familial, à la tristesse des ambitions déchues, des illusions perdues, des espoirs perclus par les horizons bouchés d'une existence en banlieue ou en province. Surtout lorsque, comme Clémence et ses filles, Lydie et Margaux, l'on est une femme, au destin trop souvent dicté par les hommes auxquels on s'est attachée… Ni magie de l'amour, ni miraculeuse résilience, ici, pour se sauver, et quand, à force de désespoir, on cherche refuge dans les paradis artificiels de l'alcool ou des drogues, c'est pour souffrir davantage de la violence de ses propres fantasmes. Et l'Histoire collective n'est jamais estompée dans ce récit, qui, de 68 aux gilets jaunes, en passant par mai 1981, septembre 2001 ou les attentats terroristes de 2015, accompagne, des rêves qu'elle suscite aux traumatismes qu'elle provoque, les existences chaotiques de Clémence, la grand-mère, de ses filles et de Prune, sa petite-fille, de l'homme, enfin, dont la rencontre avec Clémence aura suffi à provoquer, dans l'espace d'une journée, entre petit matin et nuit tombée, cette remontée des souvenirs, l'évocation de ce faisceau de vies… Tout commence quand Clémence, bientôt quatre-vingt ans, et qui voudrait ne pas mourir trop tôt, décide de se remettre à fumer – la première des « petites victoires », oui !-, puis s'arrête, sur la place des Halles, devant l'église Sainte-Eustache, où s'est installé le « bordel à merdouilles » d'une brocante, face au stand d'un homme, la soixantaine bien entamée, « moustache blanche sur visage rond », auquel elle achète une vieille poêle en fonte, avant de l'inviter à boire un café à l'estaminet le plus proche. le vendeur est bonhomme, intrigué par l'étrange enjouement de Clémence, curieux de ses motivations, favorisant les confidences. On comprendra plus tard que la rencontre n'est pas, en fait, le fruit du hasard, mais pour l'instant, elle génère plaisante conversation et travail de mémoire. « La dame parle et fume, libre sous sa légère teinture rousse » (p.16), et nous voici, lecteurs, séduits par son regard espiègle et sa verve, entraînés dans cette formidable exploration d'un destin individuel et familial. A l'instar de la protagoniste et de ses incessants croche-pattes aux contraintes morales ou aux conventions sociales, l'écriture de Pierre Notte vous rit au nez, semble se foutre de tout, riche en formules bien ajustées et en ironie, libre et insolente comme les meilleurs personnages de cette histoire…, une écriture qui se déchausse, tiens, oui, comme Clémence, la vieille dame qui ne se juge pas scandaleuse de montrer ses pieds nus – encore une « victoire » - en sirotant son « Fritz », son spritz – et toujours une « victoire » - à la terrasse très parisienne de ce bistrot des Halles. Et ce roman est aussi une manière, dans ce temps où l'on évoque beaucoup, à plus ou moins bon escient, le « petit peuple » de France, de jeter un regard critique, tendre ici, amusé là, toujours lucide, sur l'histoire de ces populations de la « périphérie », entre les Trente glorieuses et l'ère macronnienne. Alors, oui, on se prend à rêver d'accompagner encore Clémence, son nouveau compagnon et leur liberté retrouvée, sur les chemins de ces petites victoires, on aimerait que cette histoire ne s'arrête pas, odyssée de trois sous à la Queneau ou à la Vian, texte de grande jouissance… Bravo, monsieur Notte !
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Clémence, bientôt quatre-vingts ans, assise à la terrasse d'un café s'autorise enfin à profiter de la vie et invite à sa table un homme qu'elle a identifié. Ce dernier ne se doute de rien et la boucle ne sera bouclée qu'à la toute fin du roman.
Défilent alors les souvenirs, toute une époque, des vies de femmes: Clémence, ses filles, Lydie et Margaux, sa petite fille , Prune.
Des femmes qui ont été chahutées par la vie, par les hommes souvent, qui ont souffert dans leurs corps aussi, se sont éloignées, rapprochées parfois et ont connu de Petites Victoires sur l'adversité. Rien de spectaculaire, rien de pathétique, mais des vies qui nous touchent, même si parfois l'accumulation de souffrances subies pendant longtemps avant de réagir donne envie de secouer un peu ces femmes. Lecture en demi-teintes donc.
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« Clémence rêverait de fumer une cigarette, comme tout le monde ici ou à peu près, mais elle doit faire l'effort de se souvenir qu'elle ne fume plus. »
Clémence approche des 80 ans et aujourd'hui, elle s'octroie une journée spéciale. Elle compte refumer, boire des Spritz en terrasse dès le matin, raconter sa vie, aussi. Elle a un interlocuteur, un petit monsieur autour des soixante ans, tel qu'il est décrit on voit un genre de Georges Brassens, un physique peu remarquable mais sans drame non plus, quant à ce qu'il a dans la tête c'est plus opaque, forcément, on va se demander pas mal. Clémence se raconte et les années défilent dans son récit, semant des petits repères pour nous aussi, la deuxième élection de Miterrand, le11 septembre, des évènements à la fois très concrets et lointains qui nous ont tous concernés. À un moment on voit le lien, on comprend, on observe alors différemment, mais de toute façon on était déjà tous les sens à l'affût, il y a quelque chose dans ce roman, dans la manière dont Clémence communique avec les animaux, une sensation d'inéluctabilité, la vie c'est comme ça, voilà, au bout du compte ce qui vaut le coup c'est quoi ? Pas de réponse chez Pierre Notte mais beaucoup de regards, de points de vue, de douceur. Et c'est bien.
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Je ne reprendrai pas le déroulé du roman, d'autres l'ont fait. Et très bien. Ce qui me parle, c'est la tonalité, élégante, un roman très classe qui n'a pas peur d'un parler-vrai, très à l'aise sur la grossièreté, poétique aussi, exact et faussement léger. Des phrases brèves, incisives, comme ça, en passant, et s'architecture un vécu plus que sombre, cruel, celui de femmes mal menées, blessées, bafouées, violentées, et on ne nous épargne rien. Ce qui me plaît, c'est aussi la construction, comme une série de cercles concentriques, la place, la table du café et ces remémorations de la vie de Clémence, Lydie et Margaux, sorte d'éternel retour de la malédiction d'être femme dans un univers psychorigide et patriarcal, le temps s'écoule, mais ce sont les mêmes déboires, les pires désillusions. Et l'habileté qui consiste à placer Prune, alias Molly Bloom, comme une passerelle vers un autre possible, une occasion de vivre quelque temps en compagnie d'un homme qui interroge le cap de la soixantaine, un non avenir, un présent sans attache, juste pour le plaisir.
C'est un roman à la facture très circonstanciée, habile, riche de propositions, foisonnant de notations justes, nécessaires. C'est subtilement transgressif, et c'est une réussite. L'homme de théâtre qu'est Pierre Notte met en scène un microcosme représentatif d'une existence de femmes sans fard, un tableau nu et cru de réalités amères. Un beau roman. Bravo, monsieur Notte!
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A presque 80 ans , Clémence décide que ce dimanche ser particulier, elle se rend sur un vide grenier , repère un stand ou bien son propre, lui achète son stand contre une journée en sa compagnie assis au bar du coin à fumer et boire
Clémence raconte sa vie, celles de ses filles, de sa petite fille devant un auditeur docile et de bonne compagnie
On comprends que Clémence n'est pas venue par hasard sur ce vide grenier et qu'elle savait avec qui elle voulait discuter
Toutes les quatre ont souffert mais dans le parcours de ses femmes j'ai trouvé beaucoup de résilience et peu d'action , ce que j'aurai aimé comprendre
Donc légère déception, la 4ème de couverture m'à interpellée a tord , j'oublierais vite ce roman je pense
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Clémence nonagénaire très classe prend un café sur la terrasse d'un petit bar situé dans un village dans lequel se tient un vide grenier
Sachant ce qu'elle cherche, trouve le vendeur , lui achète son stock en contre partie il devra passer cette journée en sa compagnie
Elle égrène ses souvenirs , commence à parler de ses filles, de sa petite fille et notre camelot l'écoute bien que s'évadant parfois : ma mère, l'usine de son père, les petits bonheurs de sa vie ... et un plus important
C'est facile à lire , agréable avec des personnages féminins qui passent de la soumission à l'épanouissement
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