Elle développe la théorie selon laquelle, c’est ce qu’on lui aurait dit, le comportement du type serait lié à une petitesse rare de son appareil génital, « micro-pénis », dit-on. Et la mère d’ajouter, dans un sérieux qui va précéder un éclat de rire, car elle finit toujours par se rendre compte des énormités qu’elle peut balancer à ses enfants : « J’ai eu de la chance, je n’en ai pas connu beaucoup des hommes avec de toutes petites bites. »
Ce n’est pas le père qui se fade le repas, les lessives, le rangement, la torture domestique. Le père, lui, il dort encore, il regardera la messe transmise sur une chaîne publique de la télévision laïque. Not s’assied sur les marches de l’escalier. Il a peur, il tremble. Il insulte le Ciel et la Vierge Marie. Dans sa tête résonnent des bouquets de mots sales, qu’il crache sans voix, sans son, à la face du ciel. Il panique. Il n’est plus lui-même, comme dédoublé. Ses mains se glacent.
Jacques Martin présente des reportages, cascades, créatures hybrides, acariens découverts au microscope, enfants savants et femmes à barbe, foire à bestiaux en tout genre. Il adore ça, ce cirque des humanités inhumaines. Il déteste L’École des fans que préfère sa sœur, parce qu’il déteste les enfants. Il aime les monstres.
Il doit grandir, s’autonomiser, il dormira seul, là-haut, ce sera mieux pour tout le monde. Il aura sa chambre de garçon, on la peindra en bleu. On y mettra des jouets de garçon. Les poupées de sa sœur lui seront interdites. La dînette, les habits, fini. La fin du paradis, il sera un homme, son fils.
IElle croit savoir ce qu’il fait, mais elle ne sait rien, elle imagine. Elle sait qu’il sort, qu’il voit des gens, qu’il va dans des bars, des boîtes, qu’il traîne. Il le lui fait savoir. Il ne lui épargne rien. Il couche avec des gens, n’importe qui sans doute. Il se drogue peut-être.