La Petite, c'est
Angèle, quatre ans au début du roman. Elle vit avec sa mère et ses frères et soeurs, plus âgés, et qui l'excluent de leurs activités, dans un appartement trop exigu du quartier pauvre de la ville. Sa mère, femme courageuse mais frustre, l'emmène avec elle lorsqu'elle va faire des ménages dans la grande maison des quartiers chics, chez
Rose et
Henry.
Quand sa mère tombe malade, ces derniers la prennent en charge. Coupée de sa famille,
Angèle est partagée entre deux mondes antagonistes : richesse, confort, ouverture culturelle d'une part, pauvreté, promiscuité, misère intellectuelle, de l'autre. Ses relations avec les autres s'en trouvent affectées : avec sa famille qui la voit comme une étrangère, avec ses camarades de classe à la vie plus traditionnelle, quand, elle, ne sait où se situer et doit affronter l'absence et le silence qui entoure son père.
Ce roman d'apprentissage aborde de nombreuses thématiques : l'identité, les déchirures sociales, les liens familiaux, les éveils et les ruptures de l'adolescence. M.H. Nunez mène son récit d'une écriture fine, élégante, au vocabulaire précis, soigné. En dépit d'une situation assez convenue, elle parvient à attacher lecteur à ses personnages. J'ai aimé sa façon de faire vibrer la musique du piano qui accompagne son texte d'un fil rouge. Elle nous offre là un beau moment de lecture.