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Quel bonheur de tomber sur un style pareil ! Récit au présent et surtout au passé d'un vétéran du Vietnam Même si on le sait, là on prend vraiment conscience que ce sont des gamins qui ont une arme entre les mains. Une puissance d'écriture qui met le lecteur dans le feu de l'action. L'auteur a le don des descriptions qui en fait un texte très visuel avec des scènes fortes inoubliables. Sensible, honnête, intelligent, profond. Une grande oeuvre ! S'il n'y avait qu'un livre à lire sur la guerre du Vietnam, ce serait celui-là.
La première page présente Tim O'Brien. Il est dit : " Ce best-seller, vendu à plus de deux millions d'exemplaires, a été sélectionné parmi les meilleurs livres du siècle par le New York Times et est aujourd'hui enseigné dans les lycées et les universités."
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La guerre du Viêt-nam a depuis longtemps quitté les pages de l'actualité et pourtant elle a profondément marqué l'Amérique. Depuis, on a inventé " la guerre propre" faite de drones et de technologie, comme si une guerre pouvait être propre. J'ai beaucoup apprécié ce livre qui remet les choses à leur juste place, celle des morts, de la peur, des cauchemars … et des succédanés pour les exorciser. Les protagonistes ne sont pas les décideurs, ce ne sont pas des héros courageux de légende, ils subissent en essayant de ne pas sombrer. Cette lecture n'est pas particulière agréable à lire, mais elle est salutaire. le style, paradoxalement poétique, et la construction, faite d'anecdotes vraies ou imaginaires, exhalent l'authenticité.
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Dans les années soixante, le cas de conscience des Américains c'était la guerre du Vietnam.
Tim 0'Brien que j'avais apprécié avec son roman "Au lac des bois" paru en 1996, témoigne dans "A propos de courage" de sa propre expérience du conflit qu'il a vécu bien involontairement en direct.
Au gré des souvenirs qui reviennent et s'emmêlent en désordre et jusqu'à l'obsession, parfois déformés ou fantasmés, il place le lecteur au plus près du ressenti d'un soldat dans le feu de l'action : peur, révolte, culpabilité, désir de vengeance, sentiment d'absurdité, reformulation intégrale de la notion de bien et de mal, mais aussi courage, fraternité.
Malgré certaines scènes d'une incroyable cruauté, sa plume livre ses états d'âme d'une façon poétique, évoquant aussi les fragments de plaisirs minuscules avec les compagnons d'armes, la beauté des paysages quand les combats ont cessé, la nostalgie des jours heureux qui reviendront peut-être mais différents car l'expérience de la guerre l'a transformé à jamais.
Par goût, j'évite les récits de guerre, mais la personnalité de Tim O'Brien, pleine d'humanité, donne à ce témoignage particulièrement poignant une force exceptionnelle.
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A PROPOS DE COURAGE de TIM O'BRIEN
Quand il était parti au Vietnam le lieutenant Jimmy Cross, l'unité où avait été affecté Tim, avait emporté les lettres de Martha qu'il ouvrait régulièrement le soir. Ils avaient tous emmenés des affaires selon leurs goûts, anti moustiques, savons, chaussettes, drogue, mais tous avaient des photos, ceci en plus de leur charge normale, leurs armes et éventuellement celles qu'ils avaient pris à l'ennemi. Jimmy avait aussi du cognac, des vitamines et le galet de Martha, se demandant si elle l'aimait autant que lui l'aimait. Drôle de guerre, la nuit les mortiers, le jour les francs-tireurs, pas vraiment une bataille. Dans leur unité, Lavander meurt d'une balle dans la tête en allant pisser, certains blaguent, d'autres sont désenchantés ou résignés, certains jouent les machos, ce jour là, Jimmy brûle lettres et photos. Il joue son rôle, laisse Martha à sa place. Des années plus tard Jimmy rendra visite à Tim O'Brien, des retrouvailles difficiles, puis la parole prit le dessus, ils échangèrent les souvenirs, Martha, avec laquelle rien ne s'était concrétisé. Souvenir d'une guerre d'attente, « creuser des tranchées, écraser des moustiques », restent des images des fragments. Les histoires, vraies ou fantasmées qu'on se raconte le soir comme celle de Mark qui avait fait venir Mary Ann sa petite amie qui serait finalement partie avec un groupe de bérets verts. Puis O'Brien revient sur son départ au Vietnam, été 1968, sa tentative de passer au Canada, sa rencontre avec Elroy qui gère un hôtel sur la frontière près du lac, leur relation comme père et fils, un homme bienveillant qui ressent le désespoir de Tim.
Un livre témoignage de Tim O'Brien sur sa guerre au Vietnam, la vie de sa section, l'avant et l'après. C'est la guerre à travers les détails de la vie quotidienne, les petits moments, la sensation de ne pas comprendre pourquoi et comment on en est là. Des histoires d'hommes, 19/22 ans qui découvrent un univers où l'on tente de survivre à peine sorti du cocon familial et de l'école.
Un roman autobiographique écrit sans fioritures qui a eu un énorme retentissement à sa sortie aux États Unis.
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Comment parler de la guerre du Vietnam ? Comment parler de ce que l'on a vu ? Ressenti ? Vécu ? Comment parler des gars de sa compagnie qui y sont restés ? Comment relater l'ennui et la monotonie, la peur, la culpabilité ?

Je dois dire que Tim O'Brien y arrive avec brio, sans sombrer dans le mélancolique, dans le gore, le voyeurisme ou la violence gratuite.

Au travers de ses chapitres, il nous raconte des histoires qu'il a vécu au Vietnam, de ses camarades tombés au combat, ou dans des champs de merde, de ses peurs, de ses envies de foutre le camp, de sa mini désertion lorsqu'il fut appelé sous les drapeaux.

Au travers de ses histoires, nous aussi on portera notre barda avec eux, ces sacs qui étaient lourdement chargé, ces armes lourdes, ces tonnes de munitions, nous les porterons avec eux durant leur périple au pays du napalm déversé…

Son écriture comme ses histoires sont soignées, léchées, tournées de manière à vous plonger dans la boue du Vietnam, dans le quotidien de ces hommes, jeunes pour la plupart, fauchés bêtement, pour la plupart… ou devenu un peu fou.

Si ses histoires sont fictives, c'est aussi pour mieux retranscrire la réalité, l'auteur nous expliquera même comment il fabrique des fictions pour dire la réalité.

De ces histoires, même fictives, le lecteur ne sera pas dupe car tout le monde sait qu'il y a une grosse part de réalité dedans – l'auteur l'a faite, la guerre du Vietnam – il en ressortira des grosses doses d'émotions de ses différents récits.

Oui, l'histoire est fictive, mais les émotions, elles, elles ne sont pas feintes, elles sont véridiques, et elles te sauteront à la gueule sans que tu y prennes garde.

Un récit fort, profond, sans fard, mais sans surenchère dans le glauque, des personnages attachants et de belles tranches de vie, le tout sans la musique de Apocalypse Now car moins trash.

Une écriture poétique, magnifique, qui sublime encore plus les récits de guerre ou d'après-guerre, pendant la reconstruction du corps et de l'esprit.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Faulkner disait que nous disposons tous d'un territoire pas plus grand qu'un timbre-poste, et que ce qui importe n'est pas sa superficie mais la profondeur à laquelle on le creuse.
Avec Tim O'Brien, que ceci résonne fort. "À propos de courage", paru en 1990 sous le titre "The things they carried", raconte en vingt-deux chapitres l'expérience de la guerre du Vietnam, dans un livre d'une force inoubliable.

Dans "Les choses qu'ils emportaient", premier chapitre du livre, les soldats emportent des milliers de choses - des porte-bonheurs, des lettres, des pêches au sirop au boîte, du fil dentaire, une fronde, une hache de guerre, des casques en acier, des grenades, des mines, des armes -, mais ils portent aussi la terrible puissance des armes qu'ils emportent, ils portent les maladies, les virus du Vietnam, ils portent le pays lui-même, sa terre et ses ambigüités ; ils portent l'intangible, le chagrin, la terreur, l'amour, la nostalgie et leur réputation. La force du récit est contenue dans ces liens que l'écrivain tisse entre l'expérience intime, les conflits intérieurs du soldat, et les événements et objets extérieurs de la guerre.

L'auteur raconte l'horreur de la guerre, et toute son ambigüité, l'ennui et la monotonie, la peur, la culpabilité, la mort des illusions sur soi-même, la mort tout court, et puis certains moments de beauté, de calme, l'envie de déserter, de s'envoler loin de la zone des combats et enfin, quand la guerre s'arrête, le manque profond de ne plus faire partie de cette communauté de combattants, la douleur de ce ressenti qui ne peut être partagé et qui parfois est fatal.

Tim O'Brien crée des histoires qui soignent, qui maintiennent les morts en vie et permettent de continuer à vivre, après cette expérience humaine ultime et déchirante – mais surtout il nous montre, par ses commentaires intégrés aux récits, comment il fabrique des fictions pour dire la réalité. Les histoires sont fictives mais les émotions plus réelles et puissantes que celles de n'importe quel autre récit de guerre. La vérité est toujours relative, fluctuante, c'est aussi la grande leçon d'humilité de Tim O'Brien.

«Si, à la fin d'une histoire de guerre, vous vous sentez ragaillardi, ou si vous avez l'impression qu'une parcelle de rectitude a été sauvée d'un immense gaspillage, c'est que vous êtes la victime d'un très vieux et très horrible mensonge. La rectitude n'existe pas. La vertu non plus. La première règle, me semble-t-il, est qu'on peut juger de la véracité d'une histoire de guerre d'après son degré d'allégeance absolue et inconditionnelle à l'obscénité et au mal.»

«Cette histoire me réveille.
Dans les montagnes, ce jour-là, je vis Lemon se tourner de côté. Il rit et dit quelque chose à Rat Kiley. Puis il esquissa un demis-pas bizarre, sortant de l'ombre et se retrouvant en plein soleil, et le chargeur piégé de 105 explosa et l'envoya dans un arbre. Il y avait des morceaux suspendus partout, alors Dave Jensen et moi-même reçûmes l'ordre de tout nettoyer et de récupérer les morceaux. Je me souviens de l'os blanc de l'un de ses bras. Je me souviens des morceaux de peau et de quelque chose de jaune et de mouillé qui devait être les intestins. le carnage était horrible, et je le porte en moi. Mais ce qui me réveille, vingt ans plus tard, c'est Dave Jensen en train de chanter Lemon Tree tandis que nous ramassions les morceaux.»
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"A propos de courage", livre sélectionné parmi les meilleurs livres du siècle par le New York Times et enseigné aujourd'hui dans les lycées et les universités.

Mazette, ça doit vraiment être du lourd me dis-je. Mais j'ai appris à être prudent et je me méfie un peu de ces belles accroches qu'on trouve généralement sur les jaquettes.
"Best-seller vendu à plus de deux millions d'exemplaires".

J'entretiens une relation un peu particulière avec cette guerre du Viêtnam.
J'ai été biberonné par mon père qui était littéralement fasciné par cette guerre de la fin des années soixante.
Les images, journaux télévisés, documentaires et films qu'il m'obligeait de regarder m'ont profondément marqué. Je suis allé là-bas faire ce "tourisme de guerre" pour voir de mes propres yeux. Dans les années nonante, c'était devenu un business fort lucratif. On écoutait les Doors dans les cafés de Saïgon, on descendait dans les tunnels Cu Chi (sont-ce les vrais ou ont-ils été reconstitués ?), on allait s'acheter un Zippo gravé ayant appartenu à un pauvre GI, garanti "authentique". Qu'importe..

Je suis allé à Washington voir le "Vietnam Veterans Memorial" si impressionnant avec les cinquante mille et quelques noms gravés sur ce mur de marbre et campés plus bas, deux, trois vétérans, arborant leur veste kaki élimée et faisant la manche.

Tim O'Brien, jeune recrue, raconte "son" Viêtnam, son quotidien du haut de ses vingt ans.
Envoyé dans un endroit du monde dont il n'avait probablement jamais entendu parler avant, entre 1968 et 1970.
À le lire, il ne faisait sans doute pas partie des volontaires, patriotes convaincus, voulant défendre la patrie à tout prix.

Il avait juste vingt ans en soixante huit.
Il écrit des pages très belles et très touchantes de sa petite escapade au Canada pour éviter l'enrôlement.

Ce livre n'est aucunement politique, ce sont plutôt les souvenirs d'un gamin, ses peurs, ses doutes, ses morts ...
Tim O'Brien, des années plus tard est toujours hanté par la perte des potes qu'il s'est fait là-bas, habité par ses cauchemars dans une guerre aussi stupide qu'absurde (mais ne le sont-elles pas toutes) à laquelle lui et ses amis ne comprenaient pas grand chose.

C'est plus qu'un témoignage et c'est vraiment bien écrit. Nul doute, Tim O'Brien est un écrivain.

PS: Et pourquoi pas écouter "Comme un homme mort" de Lynda Lemay.
Je suis si vieux
J'étais si p'tit
Tout juste hier
J'étais nerveux
Je suis parti
C'était la guerre
J'ai fait le voeu
De revenir
En bon état
J' suis rev'nu vieux
Sans avenir
Et sans éclat

Ceux des obus
Ne m'ont pas eu
Je suis ici
J'ai survécu
Je suis rev'nu
En bonne partie
Je traîne mon âme
Qui n'est jamais
Sortie des flammes
J'effraie les dames
Je suis plus laid
Que mes secrets

Je plante ma canne
Dans les chemins
Et j' me revois
Planter mes armes
Dans des gamins
Qui étaient comme moi
Que des enfants
Pas assez grands
Déjà soldats
Que des garçons
Que d' l'innocente
Chair à canon

Je marche seul
Et je me butte
À des voyous
Je les engueule
Ces fils de pute
Je suis jaloux
D' leur ignorance
Qu'ils me brandissent
Comme un drapeau
D' leur insolence
Alors que moi
J' risquais ma peau

Pour ce pays
Que de mon mieux
J'ai défendu
Avec ma vie
Qui n'est pas bien
Mieux que perdue
Je suis un fou
En liberté
Un solitaire
Je survis saoul
Le coeur noyé
Au fond d'une bière

C'est tous les jours
Le même projet
Le même parcours
J'invite ma peine
Et mes regrets
À la taverne
D'où je ressors
En bafouillant
Ma confusion
Comme un homme mort
Mais plus vivant
Qu' ses compagnons

C'est toutes les nuits
Les mêmes chagrins
Les mêmes cauchemars
J' vois mes amis
Mais y a plus rien
Dans leur regard
Faut pas rester
Y faut s' couvrir
Faut qu'on s'en aille
Y faut s' sauver
Y faut courir
Jusqu'aux médailles

Je suis rev'nu
En un morceau
Moi, le héros
Je suis rev'nu
Sous les bravos
Serrer des mains
L'air égaré
Mais décoré
Comme un sapin
Y avait une fête
Mais dans ma tête
Y avait plus rien

Que ces souvenirs
De comportements
Inhumains
Qu'en pleine horreur
Et en pleine peur
Nous empruntions
Nous les garçons
Nous les soldats
Nous les gamins
Au coeur du crime
Autant victimes
Qu'assassins



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À propos de courage raconte comment l'auteur Tim O'Brien a vécu la guerre. Il comment il a reçu la mauvaise nouvelle de son engagement, comment il a vécu la guerre et son après guerre. Dans ce livre, il y a du vrai et du faux. O'Brien le dit lui-même. Cependant, tout cela sert à montrer ce que peux être l'enfer d'une guerre où des jeunes de 18 ans vont se faire tuer sans même savoir pourquoi.

Ces jeunes participent à des combats et développent une camaraderie. Malheureusement plusieurs d'entre eux meurent et ceux qui reviennent sont parfois traumatisés de ce qu'ils ont vu où ce qu'ils n'ont pas pu faire pour sauver plus de vie.

Il y a aussi une certaine colère dans ce roman contre ceux qui se disent patriotes et qui louangent la guerre sans eux-même l'avoir fait.

Je crois que ce récit peux s'appliquer à presque toutes les guerres. Si on recueillait les témoignages des soldats qui ont été en Afghanistan ou en Irak, l'image générale serait la même mais dans un milieu différent. C'est un bon livre pour comprendre ce que vivent personnellement les soldats en guerre.
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"Une histoire de guerre véridique n'est jamais morale. Elle n'est pas instructive, elle n'encourage pas la vertu, elle ne suggère pas de comportement humaniste idéal, elle n'empêche pas les hommes de continuer à faire ce que les hommes ont toujours fait. Si une histoire vous paraît morale, n'y croyez pas. Si à la fin d'une histoire de guerre, vous vous sentez ragaillardi, ou si vous avez l'impression qu'une parcelle de rectitude a été sauvée d'un immense gaspillage, c'est que vous êtes victime d'un très vieux et horrible mensonge. La rectitude n'existe pas. La vertu non plus".

Enrôlé à 22 ans dans la guerre du Viet-Nam, l'auteur (pas encore écrivain), ne veut pas y aller, ne veut pas partir de chez lui, a peur, ne veut pas mourir, ne veut pas tuer, mais ne veut pas décevoir sa famille et la collectivité à laquelle il appartient, fuit, hésite, tremble, part, se retrouve jeté dans une guerre dont il ne veut pas. Et revient, toute innocence perdue.

Hommage aux hommes cachés sous la tenue de GI, A propos de courage, fait des souvenirs de O'Brien, est un livre de guerre qui finalement ne parle pas de la guerre elle-même mais de l'impact qu'elle a dans la conscience des hommes qui la font, par la souffrance et la folie qu'elle génère ; de la dimension surréaliste dont elle est faite (la splendeur étrange de la jungle, l'irruption de la mort) ; de ce qu'elle détruit en chaque homme (le soldat tué par O'Brien). Dans ce livre, peu de scènes de guerre, pas de scènes de carnages. Mais des vies explosées, noyées, dans un quotidien fait de peur, de bruit, de fascination, de confusion ; des hommes effrayés en mode de survie. Et ce qui émerge de tout ça, c'est l'importance et le pouvoir du récit dans ce chaos, rédemption pour O'Brien, réconfort pour les soldats au coeur de la jungle, même si la morale et la vérité ne sont pas au rendez-vous.
Un livre doté d'une grande force d'évocation, à la fois poétique et lucide, subtil et puissant, fait de boue et d'humanité.

Un dernier extrait pour preuve : "Le jour, les francs-tireurs leur tiraient dessus ; la nuit, c'était les coups de mortier ; mais il n'y avait pas de batailles, seulement une marche sans fin, de village en village, sans but, sans rien perdre ou gagner. Ils marchaient pour marcher. Ils cheminaient lentement, bêtement, penchés en avant pour résister à la chaleur, sans penser, tout de sang et d'os, simples grogneurs, combattant avec leurs jambes, grimpant sur les collines et redescendant dans les rizières, traversant les rivières, remontant, redescendant sans cesse, toujours en train de se coltiner des choses, un pas, puis un autre, puis un autre, puis un autre encore, mais sans volonté, sans intention, parce que c'était automatique, c'était de l'anatomie, et la guerre n'était qu'une question de posture et de transport, se coltiner était tout, une sorte d'inertie, une sorte de vide, une lassitude du désir, de l'intellect, de la conscience, de l'espoir et des sentiments humains"
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À l'âge de vingt-deux ans, Tim O' Brien reçoit sa feuille d'enrôlement et part pour le Vietnam. 
Mais alors, qu'est-ce qu'un jeune homme envoyé malgré lui en enfer peut bien choisir d'emporter ? Et qu'en est-il de ses compagnons de patrouille ?


” Les choses qu'ils emportaient étaient déterminées jusqu'à un certain point par la superstition. le lieutenant Cross emportait son galet porte-bonheur. Dave Jensen emportait une patte de lapin...(...) Ils emportaient du papier à lettre de l'USO, des crayons et des stylos, ils emportaient du Sterno, des épingles de nourrice, des fusées éclairantes, des bobines de fil électrique...“ 


À travers ses souvenirs, et de toutes les anecdotes vécues ou rêvées, entre fiction et réalité, l'auteur nous livre les histoires de ces jeunes hommes enrôlés malgré eux dans une guerre abominable qui fera d'eux des hommes meurtris à jamais

.

(...) il faudrait que j'oublie tout ça. Mais le problème des souvenirs, c'est que l'on ne peut pas les oublier. On prend son inspiration du passé et du présent. La circulation des souvenirs alimente une rotative dans votre tête, où ils tournent en rond pendant un certain temps, puis l'imagination se bientôt à couler et les souvenirs se confondent et repartent dans un millier de directions différentes. En tant qu'écrivain, tout ce qu'on peut faire, c'est choisir une direction et se laisser porter en formulant les choses comme elles viennent à nous. Voilà ce qu'est la vraie obsession. Toutes ces histoires. " 



Revisitant ce qui a été, imaginant ce qui aurait pu être Tim O' Brien récrée une expérience unique et réinvente la littérature consacrée au Vietnam. 

Tous ces fragments de vies, si courts parfois, couchés sur le papier par un vétéran qui survécu au pire cauchemar que l'on puisse imaginer entre guerre et plaie.

.

” Je veux que vous ressentiez ce que j'ai ressenti. Je veux que vous sachiez pourquoi la vérité des récits est parfois plus vraie que la vérité des événements. “ 


Ce que j'en dis :

Comme beaucoup d'entre vous, c'est au travers de certains films inoubliables comme Platoon, ou encore, Good morning Vietnam que j'ai découvert les horreurs de cette guerre. 

En lisant ce récit découpé sous forme de nouvelles, on découvre des histoires authentiques, poignantes et même parfois insupportables tellement inimaginables. 


L'auteur nous livre ses souvenirs, ce qu'il a vécu au coeur de cette jungle du Vietnam, ouverte sur les portes de l'enfer. 
Dans un style très évocateur, sa plume singulière pose un regard sans concessions sur cette guerre qu'il a malheureusement connue.


Un livre essentiel qui figure déjà aux programmes des lycées et des universités aux États-Unis.


N'hésitez surtout pas à le lire, en hommage à tous ces vétérans courageux morts pour leur patrie, et à ceux qui en se revenus avec un douloureux fardeau de traumatismes. 


Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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