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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Kathleen de Burca, l'héroïne de ce roman de Nuala O'Faolain, avance sur un sol mouvant qui se transforme sans cesse: chimères, illusions et désillusions. Kathleen est bien un personnage typique de cet auteur irlandaise que j'adore: la cinquantaine, célibataire, belle bien que vieillissante, peu sûre d'elle malgré sa grande intelligence, sa générosité et son énergie.
Kathleen vient de perdre son ami et confident, Jimmy et avec lui, ce sont ses repères et ses attaches qui se sont évaporées. Elle décide de revenir dans le pays de ses origines, l'Irlande, qu'elle avait quittée jeune adulte sans qu'on en comprenne tout d'abord la raison. Son prétexte: enquêter pour en faire un livre sur la relation adultérine, au 19ème siècle alors que sévit la Grande Famine, d'une aristocrate anglaise avec son palefrenier irlandais. Comment un tel couple, ne parlant pas la même langue, l'une colonisatrice et l'autre issu d'un peuple opprimé et pauvre, ont-ils pu, réellement, s'aimer pendant trois ans?
Kathleen débarque à Mount Talbot, se lie d'amitié avec le vieux Bertie proprio d'un hôtel et avec Nan, bibliothécaire qui lui fournira tous les documents à sa disposition malgré son caractère revêche.
Les recherches de Kathleen et le paysage qui l'entoure la ramèneront au passé douloureux de ce pays qui a vu mourir de faim ou s'exiler des millions d'Irlandais sous les yeux de ces familles aristocrates anglaises qui chassaient de leurs terres ceux qui n'étaient plus bons à rien. Aujourd'hui encore les Irlandais que rencontrent Kathleen gardent une lourde amertume et une hargne difficile à contenir à l'encontre des Anglais qui eux, condescendants, sont pleins de sous-entendus sur ce peuple qui leur est, d'après eux, inférieur... pas étonnants qu'au rugby, les Irlandais sont prêts à soutenir quiconque affrontera les Anglais, même si ce sont ceux qui les ont battus auparavant!
Kathleen s'émeut du sort de cette Marianne Talbot, amoureuse et dévouée, avant que d'autres révélations se fassent... tout comme resurgissent, lorsqu'elle retrouve son frère des années après le décès de leurs parents ou qu'elle rencontre elle-même l'amour, enfin, des faits du passé qu'elle avait enfouis profondément au fond de son coeur...
Ce roman, avec ses retours dans le passé de Kathleen et celui de son pays aborde avec délicatesse et pudeur la difficulté d'être, d'être une femme en particulier mais pas que. Il touche également le thème de la résilience envers ses parents, sa famille, l'oppresseur.
Mais prenez garde: Les titres et les résumés des livres de Nuala O'Faolain sonnent toujours un peu gnan-gnan, et pourtant l'écriture est tout à la fois intelligente, triste et pleine d'humour. Elle ne cède jamais à la facilité et Nuala O'Faolain nous entraîne loin au delà des clichés. Fermer ses romans rend toujours mélancolique...
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Kathleen, journaliste pour une agence de voyages, vit à Londres depuis une trentaine d'années et a tourné le dos à l'Irlande,son pays natal.
Des événements imprévus dans sa vie vont l'amener à y retourner et aussi à se pencher sur l'histoire d'une aristocrate anglaise qui aurait eu une liaison avec un palefrenier irlandais au milieu du 19 eme siècle. Elle a l'intention d'en faire un livre car le sujet lui parait passionnant.
Tout en menant ses investigations journalistes, on découvre des tranches de vie de Kathleen et on apprend par brides l'origine de sa fuite vers l'Angleterre.
Nuala O'Faolain, nous raconte à travers les souvenirs de son héroïne, la triste réalité de la condition des femmes en Irlande, écrasées et soumises par le patriarcat et surtout par l'Eglise avec un E majuscule.
Kathleen, qui est une femme vraiment attachante, se livre à une réflexion sans concession sur sa vie. Son séjour en Irlande lui permettra certes de faire des recherches pour son livre, mais elle va surtout aller à la recherche d'elle même .
Cette recherche lui permettra peut-être de trouver une sérénité à laquelle elle semble aspirer.

3.5/5 en réalité
Challenge pavés 2015/2016
Challenge ABC 2015/2016

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Chimères (titre en v.o. :My Dream of You, tellement plus évocateur!) est pour moi l'un des plus beau des romans de la grande Nuala O'Faolain, un tour de force littéraire qui, par le mélange les genres, la mise en abyme entraîne le lecteur vers une quête, comme Kathleen, l'héroïne. Celle de la vérité.

Kathleen qui écrit des articles pour un magazine de voyage, revient sur sa terre natale irlandaise pour enquêter sur une passion qui fit scandale juste après le Grande Famine : la liaison d'une aristocrate anglaise avec son palfrenier irlandais (cette liaison fait penser à une autre lady d'ailleurs...). Cette histoire, véridique, a donné lieu à un procès ("le procès Talbot"). Mais le thème du roman est bien plus qu'une simple histoire d'amour scandaleuse. le lecteur, comme Kathleen, le découvre au fur et à mesure.

Cette histoire, dont Kathleen veut écrire le roman, l'entraîne dans une interrogation sur elle-même, sur la condition des femmes en Irlande, hier et aujourd'hui, sur le rapport à l'écriture, la vérité, le mensonge, la réalité, la fiction, sur le rapport à l'Autre, l'amitié, l'amour, sur l'histoire de l'Irlande, sur le sens de la vie...
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Difficile de résumer ce roman en quelques lignes, tellement il est riche et dense. On peut être rebuté par son épaisseur. C'a été mon cas au début, puis je me suis immergée dans ces histoires racontées par Nuala O'Faolain et voyagé avec Kathleen de Burca son héroïne à travers le temps et l'espace.
Kathleen est une journaliste qui a voyagé au quatre coins du monde retourne dans son pays où elle n'a pas été depuis vingt ans. Elle enquête sur une affaire survenue en 1848 lors de la famine qui a ravagé l'Irlande : une histoire d'amour entre Marianne Talbot, la jeune épouse d'un landlord anglais et son domestique irlandais Richard Mullan. C'est l'occasion pour elle de renouer avec le passé, le sien et celui de son pays. Elle fait alors le parallèle entre la condition des irlandais de l'époque opprimés par l'aristocratie anglaise et sa propre condition d'irlandaise d'aujourd'hui exilée à Londres.
On assiste à la naissance du récit des Talbot dont l'interprétation se modifie au fil des découvertes de Kathleen. En même temps qu'elle sillonne les routes d'Irlande, elle voyage en elle-même et explore sa propre histoire et les différents aspects de sa vie, les plus intimes, tels que l'amour, la sexualité, la maternité... Des petits détails du présent font remonter à la surface des souvenirs du passé, les traumatismes de son enfance et peu à peu elle apprend à les décoder et à se connaître...

la suite sur http://leslecturesdeclarinette.over-blog.com/article-1367936.html
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Lorsqu'on dépose ce livre après l'avoir refermé, on sait que sa résonance perdurera longtemps. Les derniers chapitres ont amené un paroxysme à notre émotion de femme, à notre "féminitude". Si on me demandait de le qualifier, je dirais : densité, vie, chair et explosion, lucidité, amour passion, amour espoir, amour désastre, amour ignorance. Cette femme hantée par le passé et le futur poursuit son présent dans l'Irlande retrouvée. Et nous assistons à une page tragique de l'histoire de ce pays, à l'exil forcé, à l'exil sauvetage. Et nous pénétrons au coeur de la passion d'une aristocrate anglaise et d'un palefrenier irlandais au XIXè. Et chez l'héroïne, le parallélisme de l'exil et de la passion chez cette aristocrate avec son propre exil et sa/ses propre(s )passion(s) bouillonne jusqu'à cette révélation finale qui nous étreint et nous la font regarder avec encore plus de douceur et d'affection. En tant que femmes, nous ne pouvons rester indifférentes à tout ce qui enchaîné les femmes, ce que Kathleen a très bien compris par la voix de Nuala O'Faolain qui nous restitue cette fresque avec tant de réalisme et de sensibilité que les personnages existent jusqu'après avoir lu la dernière ligne. En tant qu'être humain, nous ne pouvons rester insensibles à la misère décrite, à l'incompréhension culturelle des peuples. Ce roman pourrait faire l'objet d'une adaptation cinématographique et devrait figurer dans toute bibliothèque digne de ce nom.

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My Dream of You
Traduction : Stéphane Camille

Rédactrice à la section Voyages de l'Agence Newswrite, Kathleen prend conscience des non-dits que recèle son existence lorsque son collègue, Jimmy, décède de façon brutale. La mort de Jimmy, c'est la faille par laquelle va s'engouffrer le passé, ce passé qui, inexorablement, prend ses racines en Irlande. L'Irlande des années soixante-dix où Kathleen a vu sa mère mourir d'un cancer, faute des soins appropriés que lui refusait l'impitoyable morale catholique de l'époque : une femme portant un enfant, même si elle souffrait le martyre, n'avait pas droit à la chimiothérapie.

Après le décès de la malheureuse, Kathleen a fui son père, sa famille, son pays. Elle a fait sa vie à Londres, elle a passé près de trente ans à s'efforcer d'oublier. Avant tout qu'elle était irlandaise. Mais maintenant, elle veut se rappeler, elle veut comprendre comment un pays possédant une morale aussi arriérée peut encore lui inspirer une telle passion.

En parallèle de l'enquête qu'elle va mener sur elle-même et les siens, Kathleen tentera de résoudre un fait divers qui fit scandale au milieu du XIXème siècle : l'épouse d'un landlord* aurait eu pour amant un jardinier et homme à tout faire irlandais, le tout sur la toile de fond de la Grande Famine.

Epais, foisonnant, le roman de Nuala O'Faolain fait alterner passé et présent en une espèce de manège kaléidoscopique dont la vitesse ne cesse de s'accroître au fur et à mesure que l'on avance dans sa lecture. le ton est à la fois chaud et intimiste, le drame côtoie le rire et L Histoire, une Histoire bien partie pour rattraper les Britanniques, fait ici plus d'une apparition particulièrement saisissante.

L'Européen que l'on ne cesse d'abreuver d'images et de livres sur les horreurs des deux dernières guerres, sur les méfaits de notre colonisation, sur les crimes atroces commis tout récemment encore dans les Balkans par les deux camps en présence, reste sans voix devant les procédés génocidaires - il n'y a pas d'autre mot - employés par les Anglais en Irlande lors de l'épidémie de mildiou qui allait plonger tout un peuple dans l'horreur de la famine quotidienne. Comment se fait-il que jamais, dans notre paysage audiovisuel (pour ne citer que lui) on n'évoque la chose autrement que par quelques mots, sans plus ? Comment ose-t-on passer sous silence ces gros propriétaires anglais qui, plutôt que de soutenir leurs fermiers irlandais, les laissèrent littéralement crever de faim à la porte de leurs manoirs ?

Très consciemment, le gouvernement britannique et une bonne partie des sujets de Sa Très Gracieuse Majesté ont tenté de faire périr le peuple gael dans son intégralité. Et tout cela, pour des motifs à la fois religieux et politiques.

Tant pour la qualité de son récit que pour la vision profondément humaine qu'il donne de l'Irlande et de son Histoire, on ne saurait trop recommander la lecture de "Chimères." ;o)

* : un landlord, littéralement "seigneur de la terre", était un gentilhomme anglais qui, du fait de l'occupation britannique en Irlande, s'était approprié un domaine. Ses fermiers, par contre, étaient irlandais. le landlord, comme tout seigneur digne de ce nom, devait aide et protection à ceux qui travaillaient sur son domaine. Pendant la Grande Famine du milieu du XIXème siècle, ces prétendus aristocrates laissèrent leurs fermiers et leurs familles mourir littéralement de faim plutôt que de les aider à affronter le fléau du mildiou.
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Ce livre, il a été mon livre du soir. Celui que je lis, lentement, à raison d'un chapitre par soir, blottie dans mon lit. le livre qui me permet de prendre mes distances par rapport aux événements de la journée en m'emmenant voyager. Et ce fut un très beau voyage qui s'étala sur une vingtaine de soirs.

En réalité, ce fut plutôt un triple voyage. Dans le présent Irlandais de Kathleen. Dans le passé de cette même Kathleen. Et dans l'histoire de Marianne Talbot et William Mullan. Trois voyages, mais si proches finalement. La solitude. La passion. Les regrets. le pardon. Et l'amour. Une triple histoire du coeur humain. Si belle. Si sincère. Si touchante. Que finalement, savoir ce qui arrive réellement à Marianne et William n'a plus tellement d'importance.

Ce livre, je l'ai refermé hier soir. Kathleen, Marianne, William, Oncle Bertie, Nan Leech, Annie et Danny, et même Nora. Je les laisse tous où ils en sont. Je vais continuer mon chemin. Mais ils en ont changé l'éclairage. Tout va continuer comme avant d'ouvrir ce livre, mais plus tout à fait exactement comme avant, je crois.
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Une histoire douce-amère sur le temps qui passe pour une femme qui a vécu librement ses amours, a voyagé, n'a délibérément pas fondé de famille.
Plusieurs personnages qui abordent l'entrée dans la vieillesse à leur manière. J'ai aimé les réflexions sur la difficulté à aborder les changements du corps, le désir qui subsiste et la difficulté à trouver un partenaire. Une belle histoire sur tous les possibles qui viennent avec l'âge et les choix que l'on se donne.
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Je qualifierai ce livre de différent et non pas de chef d'
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