Publié en 2013 et disponible en français depuis le 8 janvier dernier, "
En cas de forte chaleur" est le dernier roman de l'écrivaine irlandaise Maggie O'Farrell, notamment auteure de "
L'étrange disparition d'Esme Lennox", "
Quand tu es parti" ou "
Cette main qui a pris la mienne".
Un matin de 1976 à Londres, Robert
Riordan quitte la maison comme à son habitude pour aller chercher son journal.
Mais au bout de plusieurs heures, s'inquiétant de ne pas le voir revenir, sa femme Gretta appelle ses trois enfants afin que ceux-ci l'aident à le retrouver.
Voir toute la famille réunie est devenue chose rare chez les
Riordan. Aoiffe, la cadette, est partie vivre à New-York du jour au lendemain et ne donne que rarement de ses nouvelles. Assistante de photographe, elle aime Gabe, un draft-dodger (autrement dit un insoumis ayant refusé de participer à la Guerre du Vietnam) sans toutefois parvenir à lui confier ce secret qui la pèse depuis toujours.
Pour une raison que tous ignorent, Aoiffe et Monica, l'aînée, ne se s'adressent plus la parole.
Quittée par son mari pour une mystérieuse raison, Monica est femme au foyer et vit dans une vieille maison avec son second mari antiquaire et père de deux enfants issus d'un premier mariage.
Monica a du mal à assumer son rôle de belle-mère comme à vivre dans une maison à laquelle elle ne peut rien toucher. Comme j'ai détesté ce personnage hautain (et la fin n'y change rien !)
Père de deux enfants, leur frère Michael Francis est professeur d'histoire dans un lycée et vit une période de crise avec sa femme Claire qui semble faire sa vie de son côté.
Malgré l'ambiance pesante qui règne entre eux et l'attitude étrange de Gretta, tous se lancent à la trace de Robert, aperçu par des cousins sur l'île d'Omey.
C'est là-bas, dans cette Irlande de leur enfance, qu'ils espèrent retrouver Robert et peut-être les réponses à leurs propres questions...
Les premières lignes donnent directement le ton. Nous sommes en 1976 et l'Angleterre (tout comme le reste de l'Europe) est traversée par une vague de chaleur sans précédents.
Le gouvernement a du prendre des mesures afin de limiter l'utilisation de l'eau. Des extraits de la loi votée par le Parlement servent d'ailleurs d'introduction aux différents chapitres.
Notons que la canicule de 1976 a bel et bien existé.
L'intrigue se déploie sur quatre jours, quatre jours durant lesquels Monica, Aoiffe et Michael Francis vont redécouvrir leur mère, femme robuste d'ordinaire mais à présent vulnérable.
Quatre jours durant lesquels tous basculent sans cesse entre le monde adulte et les souvenirs, revivent ensemble, se mêlent de la vie des uns et des autres, évacuent la colère enfouie, les non-dits et la frustration vécue au quotidien.
Car au-delà de la recherche de Robert, un père dont finalement ils ne connaissent pas grand chose, chacun a des choses à régler dans sa vie et des décisions à prendre.
Aussi, la disparition de Robert est-elle surtout un prétexte à la communication, aux interactions et à la résolution de conflits trop longtemps esquivés.
C'est là la force indéniable de ce roman : la complexité de ses personnages et de leurs relations à eux-mêmes et aux autres.
Sauf à certains moments, l'ambiance n'est pas électrique mais pesante, à l'image de cette canicule qui semble ne jamais vouloir finir.
L'auteure sait très bien distiller les secrets, les lâchetés et les faiblesses de chacun tout au long du roman, le tout sur fond de moeurs irlandaises (pas vraiment appréciées en Angleterre d'ailleurs).
Oscillant souvent entre passé et présent, la narration reste toutefois très fluide et parfaitement maîtrisée d'un bout à l'autre.
Bien que j'aie été davantage émue par "
L'étrange disparition d'Esme Lennox" de par son terrible sujet, j'ai vraiment apprécié "
En cas de forte chaleur" et me réjouis d'avoir encore d'autres romans de Maggie O'Farrell à découvrir dans ma bibliothèque.
Je remercie Babelio de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de son opération spéciale Masse Critique !
Lien :
http://contesdefaits.blogspo..