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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Y'a t'il au monde un p'tit gosse qui n'a pas été – plus ou moins consciemment – fou amoureux de sa baby-sitter ? Étant entendu qu'il s'agisse d'une ado du genre prête à travailler au camp Crystal Lake l'été prochain et non pas d'un modèle dérivé de Christine Falling. Donc une jeune baby-sitter, sympa, jolie, marrante... à priori pas de raisons de ne pas lui vouer un amour éperdu, platonique mais éperdu, en tout cas Arthur Parkinson il n'en voit aucune et tant qu'Annie, sa jolie voisine, viendra passer ses soirées en sa compagnie pendant que ses parents seront absents, il sera le plus heureux des gamins.
Mais, comme tout lardon ingrat qui se respecte, en grandissant, Arthur va oublier sa nounou jusqu'à ce que son souvenir lui revienne en mémoire alors que désormais lycéen, il apprend sa mort par assassinat.
L'enquête qui suivra connaîtra une conclusion banale dans ce genre d'histoire, un fait divers que plus personne ne remarque depuis longtemps.

Un meurtre, des morts, des suspects, une enquête, un coupable... tous les ingrédients du polar sont réunis dans Des Anges dans la Neige et pourtant Stewart O'Nan, ce qu'il nous offre n'a rien à voir, ou si peu, avec un classique roman policier malgré la trame habituelle.
A travers cette histoire à première vue tristement quelconque, O'Nan nous parle de solitude, de carence affective, de cette impossibilité à communiquer que connaît Arthur à l'instar des personnages qui gravitent autour de lui. Gravitent oui, car malgré ses efforts pour aller vers les autres et son acharnement à faire "comme si", personne ne semble pouvoir l'atteindre.

Pour son premier roman, Stewart O'Nan nous offre une oeuvre sensible, tourmentée et tout en retenue, mettant en lumière l'Amérique des déshérités, des oubliés du rêve américain, ceux qui tentent de s'en sortir malgré leurs blessures jamais refermées...
Finalement, dans ce formidable roman, Stewart O'Nan ne fait rien d'autre que de nous parler de la vie et bon sang ce qu'il le fait bien.
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Début 2000 : mon premier contact (fruit du hasard) avec ce tout premier roman de Stewart O'Nan et premier gros coup de coeur !
Relu il y a peu, et toujours autant de plaisir éprouvé ! (n'est-ce-pas là le signe d'une qualité d'écriture indéniable ?...).

Voici un roman que je qualifierais de "doloriste" au sens noble du terme, un peu comme ces tableaux ou statues de madones effondrées qui par leur puissance évocatrice, ne peuvent qu'inspirer de la compassion à leurs spectateurs, qu'ils soient croyants ou profanes.

Tout dans ce roman exsude une souffrance intérieure permanente, véhiculée par le récit à la première personne du tout jeune personnage principal qui assiste à la déliquescence morale de son entourage.
Tout, dès les première phrases (y compris à travers la description du paysage hivernal), indique au lecteur que la tragédie humaine est partout et constante ; le récit sera sans cesse imprégné de ce triste fatalisme aux relents pasoliniens, comme si le réalisateur d'"Accattone" avait ressuscité le temps de l'écriture, dans le morne paysage industriel de Pittsburgh.

Alors effectivement, on peut se dire à la lecture de ma petite critique, qu'il s'agit là d'une oeuvre qui engendre la mélancolie, et cela est vrai. Une maxime dit qu'on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, alors pourquoi bouder cette oeuvre pleine de grandes qualités ?... car en plus d'éviter tout pathos excessif, l'auteur nous offre une oeuvre que je qualifierai de "vraie" (la vraie vie, les vraies petites gens), sans fioritures ni syntaxiques, ni fictionnelles, ce qui le rend beau comme une tragédie (ce qu'il est à mon humble avis).

Une bien belle lecture pour toute personne qui souhaiterait découvrir l'univers de cet auteur qui a fait preuve d'un bel éclectisme dans ses romans suivants (bien que la mélancolie soit une constante).
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Hiver 74 en Pennsylvanie, un coup de feu dans l'air glacé. Etouffé par la neige, mais entendu par le narrateur, alors ado, qui joue dans la fanfare du lycée, non loin de là. C'est l'hiver où son père a quitté la maison. La victime s'appelait Annie et venait le garder quand il était petit. Construit comme un puzzle (les circonstances exactes du meurtre ne seront explicitées qu'à la fin du roman, après un jeu d'aller-retours dans le passé savamment construit), d'une puissance narrative rare, Des anges dans la neige met en scène le drame intime d'un jeune garçon, confronté aux tragédies des adultes fragiles et vacillants qui l'entourent.

J'avais oublié à quel point j'aime Stewart O'Nan. A quel point il est bon. A quel point il est impressionnant. A quel point les autres semblent patauds, fades, artificiels à côté de lui. A quel point on a l'impression d'être au coeur même de la vie en le lisant. Je me suis demandée pourquoi je n'étais pas retournée près de lui plus tôt (retrouvailles faites grâce à la très chouette Librairie Caractères, qui avait mis en évidence cette réédition de son premier roman dans la collection replay. Il m'a sauté aux yeux quand je suis entrée. Ma gratitude éternelle au libraire). J'avais été profondément touchée par le Nom des morts, harponnée par Speed Queen et Un pays de ténèbres, totalement séduite par son habileté et sa subtilité. Ses livres ont pour point commun de s'intéresser aux drames de vies minuscules et d'être impossibles à lâcher avant la fin. Quelle chance, il m'en reste encore à lire !

Stewart O'Nan, c'est l'écrivain des gens ordinaires, des vies âpres, des drames discrets. Proche de ses personnages, qu'il semble tenir par la main, il officie dans le domaine de l'émotion, du sentiment, constamment en empathie avec eux, et pourtant toujours plein de pudeur et de retenue. Son écriture, d'une grande douceur, attentive aux détails, est limpide, mélancolique. Il fait partie des rares auteurs qui possèdent une petite musique bien à eux : sa voix a le son d'une cloche fêlée, pure et tremblante, souvent bouleversante. C'est aussi (surtout ?) un admirable conteur (fan et collaborateur occasionnel de Stephen King), doté d'un sens aigü du suspense et de la construction du récit (complexe, jamais obscure). Un écrivain formidable, particulièrement cher à mon coeur.
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Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :

Je suis très heureux de vous faire partager ma nouvelle lecture, « Des anges dans la neige » de Stewart O'Nan aux Éditions de l'Olivier.

Ce livre fait partie des romans sociétaux ayant pour toile de fond la vie dans une petite communauté des États-Unis d'Amérique. Et oui, on pense toujours aux mégalopoles de l'Amérique du Nord, lourde erreur, des vies modestes se jouent dans cette Amérique que l'on dit profonde…
C'est un roman solidement mené, il comblera les lecteurs les plus exigeants. Au fur et à mesure de ma lecture j'ai pensé à Mme Joyce Maynard…


L'histoire,

Enfin nous devrions dire les histoires car chaque personnage a son parcours. Des rencontres qui vont le faire grandir pour l'aspirer dans les tréfonds.

Une petite ville de Pennsylvanie, nous allons suivre deux familles les Parkinson et les Marchand. Dans ces deux familles, deux personnages vont donner le ton Arthur Parkinson et Annie Marchand née van Dorn.

Leurs histoires se croisent à un moment où Annie est la baby-sitter d'Arthur, comme souvent à cet âge le jeune garçon qu'il est, n'est pas insensible aux charmes de cette belle étudiante.

1974, Arthur est adolescent quatorze ans, Annie est mariée et maman d'une petite fille Tara.
Nous arrivons à un moment critique dans la vie de ces deux personnages :
Annie se sépare de son mari Glenn qui le vit très mal. Elle fait une conquête, Brock un homme marié avec sa meilleure amie Barb. Tara leur fille vit avec elle.
Arthur quant à lui voit ses parents se déchirer, son père quitte le foyer conjugal et avec ce départ, il est obligé en compagnie de sa mère de quitter leur maison et de partir vivre dans un appartement au « bois du fou », catastrophe…

Arthur, va recroiser deux fois la vie d'Annie, d'abord pour Tara et ensuite un vendredi soir de répétition de la fanfare du Lycée dont il fait partie…

Ces deux moments forts vont impacter profondément la vie des deux personnages.

Quinze ans plus tard, Arthur revient sur ce destin forcé…

« Les signes extérieurs ne sont qu'argile. Je suis né de l'eau. Au dernier jour, je m'élèverai. »

Le style,

Stewart O'NAN nous fait un beau cadeau, qui je suis sûr vous touchera. D'une grande qualité technique, d'une trame intelligente qui nous présente la vie telle qu'elle peut être dans cette Amérique qui se trouve loin des sentiers touristiques.
Des mariages qui battent de l'aile, des adolescents qui vivent leurs premières expériences et leurs premières désillusions, des adultes qui se déchirent, la vie tragiquement banale mais racontée par un maitre de l'écriture cela change tout...

Les personnages,

Arthur, « Je me surprends à redouter les questions que mon enfance a laissée sans réponse » ;
Astrid Parkinson, la soeur ainée, adulte militaire en poste en Allemagne, « Tout est en train de merder, là-bas, hein ? » ;
Glenn Marchand, le pari d'Annie, « Espèce de crétin » en parlant de lui ; « …fou de Dieu après avoir étanché un pack de douze » ;
Brock, l'amant d'Annie, « Merde, merde, merde » ;
Monsieur Chevernick, le maitre de la fanfare, « çà ne va pas, çà ne va pas » ;
Warren, le meilleur ami d'Arthur, en parlant du « shit », « Heureusement qu'on a çà pour supporter la merde des répétitions » ;
Lila, Barb, Rafe, Doc Brady, Tricia, Clare, May, Franck, Charles, Louise, Donald et Tara… Tous impliqués à un moment ou à un autre.


« On aurait dit que nous attendions tous quelque chose, que nous tenions notre énergie en réserve ? » Arthur.

Et bien libérez votre énergie afin de trouver ce magnifique roman.
A vos marques, prêts, partez…
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Dès les premières lignes, l'auteur rentre dans le vif de son sujet. Ce roman est raconté à la première personne et son narrateur, Arthur Parkinson, est autant acteur qu'observateur des faits. La parole intime et la part d'imaginaire sont liées et prennent place en alternance. C'est un exercice d'introspection d'un homme d'une trentaine recomposant une année charnière dans sa vie. Tous les éléments qui participaient à la stabilité de son existence et à la découverte des émois ont été bousculés. Ce dévoilement se fait avec pudeur car Arthur est encore victime, quinze ans après, des faits racontés. Il y a une profonde tristesse dans ce récit qui imbibe chaque page. L'émotion étreint autant dans la séparation des parents d'Arthur que dans les soubresauts de la vie familiale d'Annie. Arthur n'est pas épargné car il met de l'affect auprès des personnages racontés. Il vit avec eux ou les croisent. Dans sa narration alternée, Stewart O'Nan travaille le temps. Là où la séparation des parents d'Arthur est brutale et a des effets directs, la vie d'Annie et de Glenn est décrite avec beaucoup plus de détails. Les différents moments des derniers jours sont reconstitués. le lecteur connaît la fin tragique d'Annie et voit alors chaque dialogue, chaque geste et tentative comme un goutte d'eau. Mais laquelle sera celle qui inscrira les tourments sentimentaux dans le faits divers ? Les deux histoires s'enrichissent grâce à cette mise en parallèle. Entre les deux, un adolescent, Arthur et une petite fille, Tara, enfant d'Annie et Glenn. L'auteur porte une attention particulière aux jeunes personnages et plus largement à la jeunesse de ses personnages. Certains ont vu les prémices de leur vie marqués par une certaine violence. D'autres sont rappelés à leur statut d'enfant, par le simple fait d'une relation de soumission avec leurs parents. Ainsi, Annie est rappelée à l'ordre dans son comportement par sa mère. La communication est maladroite entre les générations mais régulièrement, l'amour est exprimé. Oui, il est là mais n'a pas trouvé sa place dans la vie des personnages. Ceux-ci, en premier lieu desquels Arthur, semblent être perdus, assumant leur faiblesse et leur fragilité. Ils ne sont coupables de rien, juste victimes d'un bouleversement intérieur trop fort pour être oublié. Ce sont des innocents comme les anges mentionnés dans le titre.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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