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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782879290928
298 pages
Editions de l'Olivier (07/05/1997)
4.05/5   42 notes
Résumé :
Le meurtrier avant de faire la bête, fait l'ange. Il s'allonge sur le dos dans la neige, agite ses membres comme s'il battait des ailes. Ce n'est pas un serial killer juste un paumé un peu allumé qui récite, désespéré, des psaumes. Un paumé à l'existence mise en abîme, trouée comme celles des protagonistes de ce roman, pas vraiment policier. Ses parents ne sont pas ses parents. De son vrai père, délinquant foireux, il ne conserve que le souvenir du village natal, à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Y'a t'il au monde un p'tit gosse qui n'a pas été – plus ou moins consciemment – fou amoureux de sa baby-sitter ? Étant entendu qu'il s'agisse d'une ado du genre prête à travailler au camp Crystal Lake l'été prochain et non pas d'un modèle dérivé de Christine Falling. Donc une jeune baby-sitter, sympa, jolie, marrante... à priori pas de raisons de ne pas lui vouer un amour éperdu, platonique mais éperdu, en tout cas Arthur Parkinson il n'en voit aucune et tant qu'Annie, sa jolie voisine, viendra passer ses soirées en sa compagnie pendant que ses parents seront absents, il sera le plus heureux des gamins.
Mais, comme tout lardon ingrat qui se respecte, en grandissant, Arthur va oublier sa nounou jusqu'à ce que son souvenir lui revienne en mémoire alors que désormais lycéen, il apprend sa mort par assassinat.
L'enquête qui suivra connaîtra une conclusion banale dans ce genre d'histoire, un fait divers que plus personne ne remarque depuis longtemps.

Un meurtre, des morts, des suspects, une enquête, un coupable... tous les ingrédients du polar sont réunis dans Des Anges dans la Neige et pourtant Stewart O'Nan, ce qu'il nous offre n'a rien à voir, ou si peu, avec un classique roman policier malgré la trame habituelle.
A travers cette histoire à première vue tristement quelconque, O'Nan nous parle de solitude, de carence affective, de cette impossibilité à communiquer que connaît Arthur à l'instar des personnages qui gravitent autour de lui. Gravitent oui, car malgré ses efforts pour aller vers les autres et son acharnement à faire "comme si", personne ne semble pouvoir l'atteindre.

Pour son premier roman, Stewart O'Nan nous offre une oeuvre sensible, tourmentée et tout en retenue, mettant en lumière l'Amérique des déshérités, des oubliés du rêve américain, ceux qui tentent de s'en sortir malgré leurs blessures jamais refermées...
Finalement, dans ce formidable roman, Stewart O'Nan ne fait rien d'autre que de nous parler de la vie et bon sang ce qu'il le fait bien.
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Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :

Je suis très heureux de vous faire partager ma nouvelle lecture, « Des anges dans la neige » de Stewart O'Nan aux Éditions de l'Olivier.

Ce livre fait partie des romans sociétaux ayant pour toile de fond la vie dans une petite communauté des États-Unis d'Amérique. Et oui, on pense toujours aux mégalopoles de l'Amérique du Nord, lourde erreur, des vies modestes se jouent dans cette Amérique que l'on dit profonde…
C'est un roman solidement mené, il comblera les lecteurs les plus exigeants. Au fur et à mesure de ma lecture j'ai pensé à Mme Joyce Maynard…


L'histoire,

Enfin nous devrions dire les histoires car chaque personnage a son parcours. Des rencontres qui vont le faire grandir pour l'aspirer dans les tréfonds.

Une petite ville de Pennsylvanie, nous allons suivre deux familles les Parkinson et les Marchand. Dans ces deux familles, deux personnages vont donner le ton Arthur Parkinson et Annie Marchand née van Dorn.

Leurs histoires se croisent à un moment où Annie est la baby-sitter d'Arthur, comme souvent à cet âge le jeune garçon qu'il est, n'est pas insensible aux charmes de cette belle étudiante.

1974, Arthur est adolescent quatorze ans, Annie est mariée et maman d'une petite fille Tara.
Nous arrivons à un moment critique dans la vie de ces deux personnages :
Annie se sépare de son mari Glenn qui le vit très mal. Elle fait une conquête, Brock un homme marié avec sa meilleure amie Barb. Tara leur fille vit avec elle.
Arthur quant à lui voit ses parents se déchirer, son père quitte le foyer conjugal et avec ce départ, il est obligé en compagnie de sa mère de quitter leur maison et de partir vivre dans un appartement au « bois du fou », catastrophe…

Arthur, va recroiser deux fois la vie d'Annie, d'abord pour Tara et ensuite un vendredi soir de répétition de la fanfare du Lycée dont il fait partie…

Ces deux moments forts vont impacter profondément la vie des deux personnages.

Quinze ans plus tard, Arthur revient sur ce destin forcé…

« Les signes extérieurs ne sont qu'argile. Je suis né de l'eau. Au dernier jour, je m'élèverai. »

Le style,

Stewart O'NAN nous fait un beau cadeau, qui je suis sûr vous touchera. D'une grande qualité technique, d'une trame intelligente qui nous présente la vie telle qu'elle peut être dans cette Amérique qui se trouve loin des sentiers touristiques.
Des mariages qui battent de l'aile, des adolescents qui vivent leurs premières expériences et leurs premières désillusions, des adultes qui se déchirent, la vie tragiquement banale mais racontée par un maitre de l'écriture cela change tout...

Les personnages,

Arthur, « Je me surprends à redouter les questions que mon enfance a laissée sans réponse » ;
Astrid Parkinson, la soeur ainée, adulte militaire en poste en Allemagne, « Tout est en train de merder, là-bas, hein ? » ;
Glenn Marchand, le pari d'Annie, « Espèce de crétin » en parlant de lui ; « …fou de Dieu après avoir étanché un pack de douze » ;
Brock, l'amant d'Annie, « Merde, merde, merde » ;
Monsieur Chevernick, le maitre de la fanfare, « çà ne va pas, çà ne va pas » ;
Warren, le meilleur ami d'Arthur, en parlant du « shit », « Heureusement qu'on a çà pour supporter la merde des répétitions » ;
Lila, Barb, Rafe, Doc Brady, Tricia, Clare, May, Franck, Charles, Louise, Donald et Tara… Tous impliqués à un moment ou à un autre.


« On aurait dit que nous attendions tous quelque chose, que nous tenions notre énergie en réserve ? » Arthur.

Et bien libérez votre énergie afin de trouver ce magnifique roman.
A vos marques, prêts, partez…
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Ce roman date d'une vingtaine d'années mais se passe en 1974. C'est la première fois que je lis Stewart O'Nan que je ne connaissais pas. Snow Angels, c'est une petite ville de Pennsylvanie, ordinaire, très ordinaire, très comme ailleurs. Annie élève seule sa fillette et essaie tant bien que mal de se refaire une vie après une difficile séparation. Glenn, son ex-conjoint, n'a pas renoncé à sa famille et tente de vaincre ses démons en s'abandonnant à l'alcool et à la religion. En parallèle, Arthur, un adolescent timide dont Annie fut jadis la gardienne et qui aujourd'hui travaille dans le même restaurant qu'elle, découvre l'exaltation et les tourments d'un premier amour. Alors quand claque un coup de feu... Retour vers le passé, un passé assez récent dans la vie des protagonistes. Rien de bien exaltant, mais un roman attachant et qui pourrait être un peu nôtre.

Personne ici n'est bien dans sa peau, et ça ressemble terriblement à la vie parfois. le jeune Arthur doit lui-même affronter la séparation de ses parents, des modestes eux aussi dont l'existence s'effiloche. Triste enfance au destin tragique. Triste lycée où la fanfare cache bien mal les désarrois et le début de ces putains d'addictions qu'il est de bon ton de ne jamais stigmatiser (j'en ai marre, de ne jamais stigmatiser personne). Jobs pas marrants pour les adultes au fast-food, en maisons de retraite, télé base-ball et canettes. Rassurez-vous c'est aux Etats-Unis et la belle, noble et vieille Europe, cultivée et tolérante, est bien sûr à l'abri de tout ça.

Des anges dans la neige est-il un roman désespérant? On n'en est pas très loin et la banalité même du décor et du quotidien donne à ce livre une grande force. Est-ce un bon roman? Oui, malgré un début un peu hasardeux qui peina à me harponner, il y a dans cette histoire tant de vie, de vie qui, encore une fois, s'effiloche, et tant d'humanité qu'il faudrait être anhumain pour ne pas s'y reconnaître, au moins un petit peu. La glace des étangs de Pennsylvanie reflète parfois nos propres doutes. Evidemment, on sort de cette lecture un peu...effiloché.
Un film est sorti en 2007, adapté de Des anges dans la neige. Estampillé Sundance Festival, on n'a pourtant pas cru bon de le distribuer en France. J'aime mieux me taire.
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Début 2000 : mon premier contact (fruit du hasard) avec ce tout premier roman de Stewart O'Nan et premier gros coup de coeur !
Relu il y a peu, et toujours autant de plaisir éprouvé ! (n'est-ce-pas là le signe d'une qualité d'écriture indéniable ?...).

Voici un roman que je qualifierais de "doloriste" au sens noble du terme, un peu comme ces tableaux ou statues de madones effondrées qui par leur puissance évocatrice, ne peuvent qu'inspirer de la compassion à leurs spectateurs, qu'ils soient croyants ou profanes.

Tout dans ce roman exsude une souffrance intérieure permanente, véhiculée par le récit à la première personne du tout jeune personnage principal qui assiste à la déliquescence morale de son entourage.
Tout, dès les première phrases (y compris à travers la description du paysage hivernal), indique au lecteur que la tragédie humaine est partout et constante ; le récit sera sans cesse imprégné de ce triste fatalisme aux relents pasoliniens, comme si le réalisateur d'"Accattone" avait ressuscité le temps de l'écriture, dans le morne paysage industriel de Pittsburgh.

Alors effectivement, on peut se dire à la lecture de ma petite critique, qu'il s'agit là d'une oeuvre qui engendre la mélancolie, et cela est vrai. Une maxime dit qu'on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, alors pourquoi bouder cette oeuvre pleine de grandes qualités ?... car en plus d'éviter tout pathos excessif, l'auteur nous offre une oeuvre que je qualifierai de "vraie" (la vraie vie, les vraies petites gens), sans fioritures ni syntaxiques, ni fictionnelles, ce qui le rend beau comme une tragédie (ce qu'il est à mon humble avis).

Une bien belle lecture pour toute personne qui souhaiterait découvrir l'univers de cet auteur qui a fait preuve d'un bel éclectisme dans ses romans suivants (bien que la mélancolie soit une constante).
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Hiver 74 en Pennsylvanie, un coup de feu dans l'air glacé. Etouffé par la neige, mais entendu par le narrateur, alors ado, qui joue dans la fanfare du lycée, non loin de là. C'est l'hiver où son père a quitté la maison. La victime s'appelait Annie et venait le garder quand il était petit. Construit comme un puzzle (les circonstances exactes du meurtre ne seront explicitées qu'à la fin du roman, après un jeu d'aller-retours dans le passé savamment construit), d'une puissance narrative rare, Des anges dans la neige met en scène le drame intime d'un jeune garçon, confronté aux tragédies des adultes fragiles et vacillants qui l'entourent.

J'avais oublié à quel point j'aime Stewart O'Nan. A quel point il est bon. A quel point il est impressionnant. A quel point les autres semblent patauds, fades, artificiels à côté de lui. A quel point on a l'impression d'être au coeur même de la vie en le lisant. Je me suis demandée pourquoi je n'étais pas retournée près de lui plus tôt (retrouvailles faites grâce à la très chouette Librairie Caractères, qui avait mis en évidence cette réédition de son premier roman dans la collection replay. Il m'a sauté aux yeux quand je suis entrée. Ma gratitude éternelle au libraire). J'avais été profondément touchée par le Nom des morts, harponnée par Speed Queen et Un pays de ténèbres, totalement séduite par son habileté et sa subtilité. Ses livres ont pour point commun de s'intéresser aux drames de vies minuscules et d'être impossibles à lâcher avant la fin. Quelle chance, il m'en reste encore à lire !

Stewart O'Nan, c'est l'écrivain des gens ordinaires, des vies âpres, des drames discrets. Proche de ses personnages, qu'il semble tenir par la main, il officie dans le domaine de l'émotion, du sentiment, constamment en empathie avec eux, et pourtant toujours plein de pudeur et de retenue. Son écriture, d'une grande douceur, attentive aux détails, est limpide, mélancolique. Il fait partie des rares auteurs qui possèdent une petite musique bien à eux : sa voix a le son d'une cloche fêlée, pure et tremblante, souvent bouleversante. C'est aussi (surtout ?) un admirable conteur (fan et collaborateur occasionnel de Stephen King), doté d'un sens aigü du suspense et de la construction du récit (complexe, jamais obscure). Un écrivain formidable, particulièrement cher à mon coeur.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quand elle sortit de la voiture, le vent s'empara des cheveux de la fille et en recouvrit son visage, si bien que sa première vision des McPheron fut obscurcie par ses propres cheveux noirs et épais. Les deux vieux s'étaient habillés pour l'occasion. Ils portaient des chemises neuves avec des boutons-pressions en nacre et des pantalons du dimanche tout propres. Leurs visages rouges étaient rasés de près et leurs cheveux gris fer étaient coiffés bien à plat sur leurs crânes avec un excès considérable de gomina qui les laissait si épais et si raides que même les bourrasques ne parvenaient pas à les faire bouger.
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Avant même que l'avion ait amorcé sa descente, je me surprends à redouter les questions que mon enfance a laissées sans réponse. Annie. Mes parents. Mon propre temps perdu. Dès l'atterrissage, je sais que je ne serai plus capable de réfléchir clairement, que chaque Pizza Hut et chaque garage dont j'ai le souvenir, chaque portion de route que je connais par cœur me laissera abasourdi, comme l'amour.
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"Tu es prêt ?" a-t-il demandé, et j'ai compris que, durant quelque temps, je n'échapperais pas à la petite fille ni à la gentillesse dont les autres croyaient que j'avais besoin. C'était normal, ai-je pensé. Même si, d'une certaine manière, leur sympathie était aussi embrouillée que mon chagrin et ne pourrait jamais s'y superposer, rien de tout cela n'était mensonger. J'essaierais de ne pas mettre ce cadeau en question.
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Au volant de la voiture de son père, Glenn se récapitule le déjeuner - l'arrivée d'Annie en colère, le milk-shake à la vanille, la manière dont elle a dit oui pendant qu'il tenait le plateau -, d'une bretelle d'autoroute à l'autre, il revit ce moment de bout en bout jusqu'à ce qu'il lui devienne aussi familier qu'une chanson favorite.
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Les étoiles sont sorties. Il se penche à la renverse contre la table pour les contempler. Parfois, à l’église, il imagine que Jésus descend du ciel, écarte la nuit tel un rideau et montre à Glenn sa chair embrasée, derrière le glaive du jugement. Glenn a décidé qu’il n’est pas encore sauvé, que Jésus considère son péché pour ce qu’il est. Lorsqu’il s’agenouille et ferme les yeux pour la confession, il voit le visage mouillé de son père, il sent le tuyau lui racler la gorge où il s’enfonce, la succion qui lui noue l’estomac. Rien n’a changé, pense-t-il. Il revit son geste tous les jours, chaque fois qu’il repère l’aspirine qu’on lui cache dans l’armoire à pharmacie du cabinet de toilette du rez-de-chaussée. « Et délivre-nous du mal, prie-t-il. Car Tiens sont le royaume, la puissance et la gloire. Dans les siècles des siècles. Amen. » Il pense à l’enfance de son vrai père sous le lac, à la poussière d’un été provincial. « Foutaises », se dit-il, et il voit sa mère, soûle, mendier des piécettes aux employés de la gare routière de Pittsburgh. C’est elle qui l’a livré à l’adoption, pas son père, mais Glenn ne lui en veut pas. « Elle a fait ce qu’elle a pu », dit-il. Il trouve sa bière éventée et il en ouvre une autre. Il ferme les yeux et les rouvre au bout d’une minute. Ces fantômes ne s’en vont pas si facilement.
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Chronique du livre "Speed Queen" de Stewart O'Nan pour France 3.
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