Citations sur Folles nuits (22)
[...] l'infirmière Edwards était de ces femmes désagréables entre toutes : celles qu'on ne peut charmer.
"Je vous prouverez votre erreur. Postérité, sois mon juge!"
Un homme doit bien fumer, pourtant ! C'est un principe de la Nature, plus essentiel à l'espèce que le soi-disant Créateur de cette espèce : un homme doit fumer, comment sinon supporter la vie ?
L'art est long et tout le reste est secondaire et dépourvu d'importance.
Voilà ce qu'écrivit le Maître à une éminente femme de lettres de ses connaissances, personne d'âge et de distinction comme lui-même. Souriant à la pensée que ses biographes des décennies à venir, par révérence pour son génie, fondraient sur ce genre de déclaration avec de petits cris de ravissement.
« Je déteste les devinettes. Je déteste les “poèmes”. Je vais me coucher. » Lourdement le mari se leva. L’une des bougies oscilla dangereusement et serait tombée si l’épouse ne l’avait pas adroitement redressée dans son bougeoir d’argent. Ni l’épouse ni le poète n’osèrent faire un mouvement pendant que le mari quittait la salle à manger avec raideur, le pas lourd dans l’escalier.
Suivirent plusieurs jours tendus, durant lesquels le poète resta confiné dans sa chambre, bien que l’épouse l’engageât à « aller et venir » dans la maison à sa guise : « Vous êtes ici chez vous, Emily. Nous sommes votre … » Elle hésitait à dire famille, qui lui semblait trop intime, trop familier. A la fin de la semaine, on commença à voir Emily hors de sa chambre, silhouette mystérieuse et insaisissable qui, telle une créature des bois, disparaissait aussitôt qu’aperçue. « Tu l’as vue ? C’était elle ? » murmurait l’épouse quand une ombre glissait sans bruit devant une porte, tournait au coin d’un couloir et s’évanouissait. Cruellement le mari disait : « Pas « elle », le mannequin. »
« 7 octobre 1849. Ah ! réveil – l’âme gonflée d’espoir ! en ce jour, mon premier dans le Phare légendaire de Viňa del Mar – c’est avec émotion que je trace les premiers mots de mon journal comme convenu avec mon mécène, le Dr Bertram Shaw. »
[…]
« Quelle terreur éprouva ma bien-aimée quand des envahisseurs débarquèrent bruyamment au pied du Phare, de mon « espèce » indéniablement ! Dans un petit canot et le navire ancré à quelque distance, appelant le Gardien du Phare et ne trouvant aucun habitant humain, fouillant dans mes affaires abandonnées, mon ancien lit, et ayant vainement cherché, repartirent dépités. Dans notre terrier douillet nous étions à l’abri de tout danger, et dans cette chambre de craie Hela a donné le jour, huit petits bébés chauves et miaulants dont les yeux ne se sont pas encore ouverts et qui tètent férocement ses seins veloutés (un œil si lumineux que je défaille en plongeant dans ses profondeurs). Chacun d’eux porte cependant la marque indubitable de son père, mon front patricien, mon nez dont le tour romain a été qualifié de « noble ».
(Reproduit avec ponctuation car n’en existe aucune dans ce passage)
Nouvelle : Poe posthume ; ou Le Phare
"Que puis-je faire pour vous Emily ? Nous devons réfléchir !
- Je vous en supplie, maîtresse..
.- Quoi, Emily ? Vous me "suppliez" - de quoi ?
- La liberté, maïtresse.
- La liberté ! Mais...
- "Accélerez", maîtresse. Levez la baguette et - c'est la liberté ! "
L'épouse fut frappée au coeur. Le poète n'aurait rien dû savoir d'"accélérer" - ni du mode "sommeil"-d'où lui venait ces connaissances ?
...vous aviez bien raison : seize ans est un âge "incommode", et un âge très malheureux. Je ne sais pas si des "simagrées" me viendront, mais d'autres choses arriveront, que je ne souhaite pas. J'ai honte d'avoir atteint cet âge, sans pouvoir m'en empêcher.
Un père est quelqu'un d'endetté. Quand vous naissez, vous êtes endetté, "redevable". Vous apprenez vite que la vie consiste à s'efforcer de se dégager de ces dettes, comme d'un immense marécage qui vous aspire vers le bas. Vous vous échinez, vous vous usez à cet effort. Vous essayez de vous dégager du marécage, mais vos ennemis frappent vos doigts qui s'accrochent, vous écrasent les mains sous les talons de leurs bottes. Vous êtes un fervent chrétien, mais d'autres chrétiens sont plus fervents encore, leurs prières sont écoutées par la Divinité, qui joint son mépris au leur. Pauvre type : vous mourrez comme vous avez peiné, endetté : votre famille hérite de vos dettes;