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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Subjuguée par la prose de Krasznahorkai, du Japon de l'auteur hongrois, me voici au Nigeria de Chigozie Obioma, noyée dans une prose figurative riche et vivide, dans un tout autre style. Celles ou ceux qui ont lu son magnifique premier livre,”Les pêcheurs” s'en rappèleront.
Ici le roman débute dans un contexte déboussolant, le narrateur étant le « chi » ou l'esprit ange gardien de Nonso notre protagoniste. Il nous raconte les tribulations de ce dernier, qu'il appelle son “hôte”, de sa tribune du monde des esprits, encré dans le monde des mythes cosmiques Igbo, un système complexe de croyances et de traditions qui ont longtemps guidé le peuple Igbo.
Nonso est un jeune aviculteur, dans l'actuel Nigeria. Il vit seul, sa mère est morte en couches alors qu'il était très jeune, son père récemment décédé, sa soeur aux abonnés absents. Il va rencontrer le destin, une nuit, au retour d'un marché, sous la forme d'une femme en pleine tentative de suicide sur un pont. Elle s'appelle Ndali Obialor, futur pharmacienne, elle vient d'un milieu riche et chrétien et va changer le cours de sa vie au grand plaisir ou désarroi de son “chi” et du nôtre, sinon cette histoire n'aurait jamais existé, pour le meilleure et le pire !.....Je ne vous en dirais rien de plus, même pas de référence sur le titre, qui d'ailleurs se révèle rapidement; et essayez d'éviter de lire des critiques trop bavardes, car les surprises sont nombreuses et vaut la peine de n'en rien savoir......

Le Chi ici est vraiment un personnage. Non seulement il est ange gardien ( là j'ai un peu des doutes sur ses capacités 😊), mais aussi fin psychologue 😊, sauf qu'il n'arrive pas à faire grand chose avec ses diagnostiques, qu'il nous énonce catégoriquement sans pouvoir en faire bénéficier son “hôte”. Très frustrant ! Il a aussi une vie sociale, fréquentant les « Chis » des voisins et autres, pouvant ainsi suivre de près les potins du quartier et du monde. J'avoue que suivant les circonstances il peut devenir énervant, très énervant 😊! Ça a l'air tarabiscoté, mais absolument pas, c'est simple et sérieux !
Ici, comme dans Les Pêcheurs, Obioma jongle entre deux mondes, ceux des esprits et ceux des humains par le biais de trois langues parlées de son pays, la langue locale le Igbo, le pidgin ( mélange de l'anglais avec la langue locale) et l'anglais, la langue officielle du Nigeria, celle “ de l'homme blanc “. Le mélange est superbe (v.o.).
Un roman complexe d'amour, de vengeance, de rédemption et de pardon.
Il est en lice pour le prix Man Booker Prize 2019, et sa version française sera publiée chez Buchet-Chastel en janvier 2020. En attendant pour un avant goût, vous conseille de lire son superbe premier livre “Les Pêcheurs “, si non déjà fait. Si non attendez celui-là , et ne passez surtout pas à côté si vous aimez la littérature nigériane. Perso, j'adore, jamais, jamais déçue.

“....every man is a mystery to the world.”
( ...chaque homme est un mystère au monde.)

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Dès que j'ai vu son motif "wax", le livre "La prière des oiseaux" de Chigozie Obioma a attiré mon attention, puis cet homme qui pleurait suivi de la lecture du résumé ont renforcé mon envie de le lire. C'est une tragédie, c'est beau et on en reste le souffle coupé.
Ce livre est une approche de la cosmologie Igbo, de la culture Nigériane et c'est aussi le drame de la pauvreté et de l'ignorance à travers cette rencontre de deux êtres de mondes différents.
L'histoire est narrée par le Chi où esprit, âme de Nonso, qui a eut plusieurs hôtes avant lui et connaît bien les méandres de la pensée humaine après plusieurs incarnations. du début à la fin, il nous tient en haleine en nous relatant bribes par bribes l'histoire de Nonso et Ndali.
Nonso est un jeune homme simple, bon, qui vit heureux à s'occuper de son élevage de poules. Et le destin mettra Ndali sur sa route alors qu'elle tente de se suicider . Il fera tout pour la sauver et c'est à ce moment là quand il sacrifie deux poules que l'on réalise son manque de connaissance qui l'empêche de s'exprimer et le rend capable de violence par impuissance à trouver les mots.
Ndali est très malheureuse car un homme l'a abandonné après avoir profité de son argent; Elle sera séduite par la bonté de Nonso mais sa famille excessivement riche fera tout pour l'humilier.
Et ce sont tout un tas d'ennuis qui vont s'abattre sur Nonso à partir du moment où il décide de partir étudier à Chypre afin d'être digne d'épouser Ndali.
À partir de ce moment-là, il sera victime de son manque de connaissance, de sa trop grande confiance envers les autres car la pauvreté rend certaines personnes malhonnêtes et Nonso devient une proie idéale. Et c'est ainsi que le Chi en viendra à nous conter l'incroyable fin de cette histoire.
J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur qui mêle le spirituel et cette escalade de malheurs où le Chi constate mais est obligé de laisser son libre arbitre a Nonso qui n'écoute pas sa petite voix intérieure. On y voit bien les dégâts subis par la mondialisation : arnaques pour partir en Europe, perte des racines, la sagesse des anciens n'est plus écoutée, la religion s'efface au profit de la technologie et on y parle même de "Qui veut gagner des millions ?"
Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres que vous découvrirez par vous-même, c'est une lecture que je recommande chaudement.
Merci aux éditions BUCHET.CHASTEL de m'avoir accordé leur confiance.

# La prière des oiseaux # NetGalleyFrance
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Composée d'éléments hétéroclites a priori peu compatibles, la très belle couverture choisie par l'éditeur BUCHET-CHASTEL illustre parfaitement cet ouvrage. Comment dire ? Ouvrir ce roman m'a fait la même impression que la vision pour la première fois d'un tableau grand modèle de Jean-Michel Basquiat. Dérouté au début, on ressent, peu à peu, ce que signifie l'oeuvre mais sans cesser d'être à chaque instant électrisé par des éléments surprenants, qui évoquent des images ou des sensations a priori éloignés du sujet. Ainsi en est-il aussi du style, varié, multiple avec des associations de mots peu évidentes mais qui donnent un rendu intéressant et novateur. La tension et l'attention du lecteur demeurent permanentes au cours du livre ce qui est, à mon sens, une amélioration par rapport au roman précédent « Les pêcheurs ».
S'il fallait indiquer une éventuelle parenté littéraire, je pense avant tout à Fernando de Rojas à qui on attribue « La Célestine » pièce de théâtre émaillée de sentences et proverbes de sagesse populaire grecques et latines (La sagesse des Anciens). Mais aussi à Amos Tutuola, premier auteur Nigérian (Yoruba) à être publié en anglais du temps de la colonisation, «  L'ivrogne dans la brousse » qui mêle à son récit des croyances et traditions de son peuple.
Prendre en mains « La prière des oiseaux », c'est entrer de plain pied dans la littérature moderne à travers un très beau conte philosophique et humaniste rédigé dans un style unique qui nous rappelle finalement que, nonobstant l'impermanence des choses et des êtres, l'homme actuel, n'a pas varié d'un iota depuis ses origines tant il est vrai que ses manifestations d' amour, haine, vengeance, rouerie, mensonge etc... n'ont pas pris une ride depuis la nuit des temps. Et pourtant... il se reproduit encore !
Pour encore un grand plaisir de lecture, à bientôt de vous lire à nouveau Monsieur Obioma.
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Quelle puissance ce roman ! C'est une épopée palpitante au coeur de l'être humain incarnée dans la cosmologie Igbo du Nigéria, dont l'auteur nous ouvre grand les portes. Une histoire d'amour entre deux êtres passionnés de milieu différent ce qui va compliquer leur relation et leur devenir. Pour conquérir la famille de sa bien aimée, Chinonso décide de vendre tous ses biens, la maison, héritage sacré de ses ancêtres pour partir à Chypre étudier. Un sacrifice démesuré, qui lui déchire le coeur et en même temps le rempli d'espoir pour son avenir qu'il projette avec Ndali.

Cette histoire prend une tout autre dimension dans la mesure où elle nous est racontée par le Chi de Chinonso. le Chi qui n'est pas sans rappeler l'énergie vitale dans la culture ancestrale chinoise, est ici dans cette communauté du Nigéria, et la cosmologie Igba, l'esprit protecteur. Il loge au coeur de cet homme qui est son hôte. Entre la conscience, l'esprit tout ce qui fait l'individu est mis à nu.

Histoire de croyances et de traditions au coeur d'une communauté

L'auteur nous projette dans ce monde passionnant des esprits et des hommes, de l'ici-bas et du très haut...de ce qui nous environne mais que nous ne voyons pas pour la plupart d'entre nous.

Le monde actuelle nous coupe de tout cet univers autre, ces autres mondes, qu'il peut être bien imprudent hélas de pouvoir parler ici...maintenant !

Entrée dans ces univers par le biais de la littérature m'a passionnée je l'avoue d'autant plus que vraiment l'auteur à réussi parfaitement à conjuguer le tout pour nous offrir un petit bijou d'oeuvre littéraire comme il est bien rare de découvrir ces temps !

C'est une histoire envoûtante, haletante de son commencement à sa toute dernière fin que je vous conseille vivement pour toute personne qui aime voyager au coeur de l'être humain et s'imprégner d'autres cultures.

Un coup de coeur !

#LaPrièredesoiseaux #NetGalleyFrance
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Pour décrire mon impression du roman La Prière des Oiseaux du sublime auteur Chigozie Obioma, j'avais en tête une épigraphe au début de Mystic River de Dennis Lehane
(Il ne comprenait pas les femmes. Non comme les barmen ou les comédiens ne comprennent pas les femmes, mais plutôt comme les pauvres ne comprennent pas l'économie. Ils pourraient très bien se poster devant l'immeuble de la Girard Bank tous les jours que Dieu fait, et pourtant, ne jamais avoir la moindre idée de ce qui se passe à l'intérieur. Raison pour laquelle, au fond de leur coeur, ils préfèrent encore braquer un 7-Eleven.)
Pete Dexter, God's Pocket
Mais ce ne serait pas rendre justice à l'histoire de Chinonso-Solomon raconté par son Chi. Un Chi dans la cosmologie Igbos est un esprit protecteur qui accompagne son hôte toute la vie durant, un peu comme nos anges gardiens du catholicisme. Chinonso éleveurs de poulet, sauve la vie de Ndali et en tombe amoureux. Ndali appartient à une riche famille et éduqué qui regarde de haut et humilie Chinonso. Ndali étudie pour devenir pharmacienne, accepte le travail de Chinonso et est prête à vivre l'amour avec lui malgré sa famille qui le rejette. Chinonso vend tous ses biens, sa terre, sa maison pour se rendre à Chypre pour étudier à l'université afin d'être accepté par la famille de Ndali. Une fois sur cette ile, l'enfer se déchaine, Chinonso victime d'une arnaque de son ami et accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, va vivre quatre années en prison. Après de retour au Nigeria son pays, veut récupérer son amour Ndali.
Pour Chinonso l'amour est une corde qui retient l'être cher, un peu comme l'oison qu'il a trouvé lors d'une chasse avec son père. le jeune Chinonso alors avait attaché une corde à une patte de l'oison pour qu'il ne s'envole pas, un ami emprunte l'oison à Chinonso et le garde. Chinonso va avec sa fronde briser la patte de son oison qui va en mourir, car l'oison est à lui et lui seul peut l'aimer. Ce roman, que j'ai connu à travers une lecture de Free Queens de Marin Ledun, nous donne l'aperçue de la philosophie Igbos qui est présente dans une douzaine de pays d'Afrique.
Le roman est désarçonnant pour le lecteur occidental que je suis. le Chi de Chinonso raconte la vie de son hôte et plaide sa cause auprès des Dieux.
Sans être Ainsi parlait Zarathoustra, il pourrait être l'Insoutenable légèreté de l'être Africain.
Chigozie Obioma est à mon avis un auteur majeur du Nigeria et de l'Afrique en général.
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Tout dans ce récit pourra paraître déconcertant à l'européen rationnel qui n'accepte d connaître que par sa raison ! Pourtant, il est, en vérité, d'une bien belle profondeur humaine.
Le lecteur se sent rapidement en empathie avec Chinonso, éleveur de volailles nigérien. Ce fermier au coeur tendre cherche à vivre en bonne entente avec son chi, cette petite voix intérieure, ange gardien, esprit protecteur des Igbos. C'est d'ailleurs ce chi qui nous conte l'histoire et nous fait comprendre, dès le début, que Chinonso a commis une faute puisque son Esprit protecteur cherche à intercéder en sa faveur auprès des divinités supérieures de ce peuple. Face au hasard, à sa disponibilité envers l'autre et son esprit sans arrière-calcul, on ne va tout de même pas lui reprocher d'avoir sauvé Ndali, jeune fille qui voulait en finir avec la vie en se jetant du pont ?
C'est évident, ces deux-là n'appartiennent pas au même monde. Elle est issue d'une famille aisée, fait des études universitaires et, même sauvée de la mort, elle reste loin d'être gagnante pour la vie. Son milieu n'acceptera jamais une liaison avec un fermier nourrisseur de poulets !
Chinonso, amoureux contrarié, va prendre une décision radicale. Pour être digne de sa belle, il vend tout ce qu'il possède pour, lui aussi, s'inscrire et apprendre à l'université. C'était sans avoir compris que ce qu'il avait, plus encore ce qu'il était, constituait la raison profonde de l'amour de Ndali à son égard.
Ce roman, d'une écriture ciselée, fine, poétique et sage est un condensé d'espoirs et de désespoirs, de volonté de bien faire et de ratés, d'amour cherchant à se poser au-dessus des convenances ancestrales et de la dure loi de l'appartenance à son rang.
"La prière des oiseaux" est une ouverture sur un monde que nous connaissons peu, un livre qui confronte l'Homme à son Destin et qui magnifie la force de ceux qui luttent contre tout déterminisme.

Merci à NetGalley, France et aux éditions Buchet-Chastel pour leur envoi et leur confiance.
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Je comprends enfin véritablement cette phrase, déjà lue plusieurs fois ici ou ailleurs: souvent je lis des livres, parfois de la littérature. Rien n'est plus vrai pour ce roman. Et dire que je serais totalement passée à côté si ma libraire préférée ne m'avait pas mis son service presse entre les mains en me disant "lisez-le, je vous le prête". Pas que l'histoire ne m'aurait pas intriguée mais ne connaissant pas bien la littérature africaine, je n'aurais certainement pas pris le risque d'acheter ce livre, de peur qu'il ne me plaise pas du tout, du point de vue de l'histoire ou des références culturelles . Au moment où j'écris ces quelques lignes, je me rends compte que c'est stupide ce que je dis car le jour même j'ai acheté dans cette même librairie un roman d'un autre auteur africain. N'empêche je ne pense pas que je serais allée vers celui-ci.

Je dois admettre que j'ai mis environ 80-90 pages à entrer véritablement dans l'histoire mais une fois plongée dedans (et en ce contexte sanitaire très particulier, je connais beaucoup de difficultés à lire), j'ai adoré ma chute.
L'histoire peut sembler banale à première vue, un homme et une femme se rencontrent et tombent amoureux. Ils ne sont pas du même monde et la famille de la jeune femme s'oppose à leur amour. Et... Je m'arrêterai là.
Ce qui est particulier dans cette histoire est qu'elle est écrite du point de vue du Chi, soit l'esprit protecteur de chaque individu dans la culture igboo (si je ne le trompe pas), et moi-même je me suis dit "ah ben oui, pourquoi pas", vous n'avez jamais eu l'impression que quelque chose vous "parlait" dans votre tête ? Vous aidait à prendre une décision ou faire un choix ? Vous remémorait d'un coup un bon souvenir ?
Et puis l'écriture, c'est la raison première de lire ce roman. C'est juste de la littérature.

En résumé une très très belle découverte.
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- Ô Akwaakwuru, les glorieux anciens , dans leur sagesse inégalable, disaient que la chose dont un homme a peur est plus puissante que son chi.

Il est question dans ce livre, de sentiments et d'émotions, la colère, le désespoir, la peur, l'amour, la haine, la vengeance, la patience, la confiance, le mépris, le doute, de notions humaines, le temps des blancs, le mensonge, la vérité, le destin, la fatalité...

- Ô Chukwu, j'ai vu de mes propres yeux ce que la honte peut faire à un homme.

- Ô Ijango, Ijango, les ndiichies disent que tant que les murs n'ont pas de trou les lézards ne peuvent pas pénétrer dans une maison.

- Ô Osimiriataata, il est difficile de décrire la paix qu'apporte un espoir concret à l'homme qui a enduré un terrible revers.

- Ô Oseburuwa, si un homme s'attarde trop longtemps sur le champ de bataille de la vengeance, il risque de marcher sur quelque épée rouillée et se blesser.

L'esprit protecteur de Chinonso retrace la destinée de l' éleveur de volailles, qui va découvrir l'amour auprès de Ndali, qui n'est pas de son monde dans des circonstances particulières. Puis on voyagera avec lui du Nigéria à Chypre. Quelle Chypre ? la République turque de Chypre du Nord, un État reconnu uniquement par la Turquie. Et la troisième partie du livre conclura le drame au Nigéria.
L'histoire de Chinonso, à qui la chance était promise, suivra un long chemin semé d'embuches. de nombreux rebondissements inattendus changeront le cours de sa vie, et le lecteur est pris dans les méandres du récit.
Les nombreux proverbes et toutes les incantations qui rythment la lecture sont savoureux. On les relit. On revient sans cesse en arrière dans le roman pour retrouver une idée, ou une formule.
L'histoire va encore m'accompagner longtemps après avoir fermé le livre.

- Ô Agujegbe, j'ai déjà évoqué la misère de l'espérance, le vide de toute attente pour l'avenir. Je voudrais à présent poser la question : Qu'est ce que le lendemain pour un homme ? On pourrait le comparer à une bête traquée qui, échappant à son prédateur, parvient à l'entrée d'une caverne dont elle ignore la profondeur, dont elle ne voit rien du dehors. Peut-être le sol est-il couvert d'épines. Peut-être abrite t'elle pire prédateur encore. La proie n'en sait rien, la proie ne peut rien voir. Pourtant elle doit entrer; elle n'a pas d'autre choix. Car ne pas entrer c'est cesser d'exister;
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Dans ce deuxième roman le nigérian Chigozie Obioma narre une histoire d'amour étouffée par les convenances sociales. Cette histoire, elle n'a rien d'extraordinaire : Un jeune homme, ici, Chinonso, fermier et éleveur de volailles, tombe amoureux d'une jeune femme, Ndala, étudiante en pharmacie. L'attachement est réciproque. Liés par une alchimie rare, les amoureux élaborent des projets de vie. Mais le manque d'éducation de Nonso le recale à l'inévitable examen familial.
Déterminé, Nonso va tout mettre en oeuvre pour améliorer son statut social et obtenir les faveurs de la belle-famille. Si certains choix s'avèrent parfois être lourds de conséquences, ceux de Nonso seront fatals.

Si l'intrigue peut apparaître banale, et la noirceur de la chute du roman prévisible au fil des pages, Chigozie Obioma captive le lecteur par la poésie qu'il instille dans les faits et gestes élémentaires de ses personnages. Poétique, la narration se fait par le « chi » de Nonso. le « chi », c'est un esprit qui accompagne l'être humain, celui qui peut souffler des pensées mais qui doit laisser l'humain vivre ses choix et non le supplanter. Il assiste à tout, vit les drames et les joies aux côtés de son hôte. Ce choix narratif renforce l'intensité des moments de bonheur et le désespoir déversé par les événements tragiques car l'esprit est un support inaltérable de l'hôte, un soutien indéfectible.
Obioma sait rendre ses personnages attachants. La candeur et la loyauté de Nonso accentuent, pour le lecteur, l'injustice des situations qu'il vit.

Mais au-delà de la romance, l'auteur dénonce le matérialisme économique, en opposition à la sagesse et l'humilité présentes dans les traditions nigérianes ; l'Europe, Eldorado trompeur, qui bafoue les droits de l'Homme ; la violence des sociétés dites « avancées », qui engendre une plus grande violence individuelle ; le monde du travail en occident qui exige toujours plus de compétences sans les rémunérer à leur juste valeur ; la misère affective et sociale des exilés.

Avec « la prière des oiseaux », Obioma nous offre bien plus que le destin tragique d'un homme trompé, une profonde réflexion sur notre libre choix, sur les injonctions sociales et la décadence de nos sociétés occidentales raillant les traditions ancestrales.
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Dès les 1ères pages, je sus que je tenais en main un des meilleurs livres que j'ai lus depuis bien longtemps..

Ce ressenti me laissait le coeur palpitant et j'essayais de ralentir le plus possible la vitesse à laquelle je lisais...pressentant que dévorer ce livre ne me permettrait pas d'être au rythme imposé par l'auteur..En effet, en entrant dans ce livre il faut accepter d'être plongé dans le temps de l'Afrique, l'Afrique des ancêtres !
Ici nous est contée l'histoire de Chinonso, jeune fermier nigérian qui vécut une histoire d'amour passionnelle et dévastatrice...

Le procédé narratif est extraordinaire et bien plus intéressant, à mon avis, que l'histoire en elle-même..Effectivement, cette histoire est racontée par le chi de Chinonso, son esprit protecteur. Ainsi , l'auteur nous plonge entièrement dans la cosmologie du peuple igbo ! Et c'est tout simplement époustouflant !!

le texte est truffé d'idiomes et les proverbes africains, drôles et souvent révélateurs de notre quotidien, y foisonnent!

On en ressort émerveillé, grandit, amélioré par la sagesse africaine!
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