Le Goûter du lion

- les gens d'ici sont si calmes... mais il n'y a rien d'étonnant à ça. C'est ce qui arrive quand on grandit tout près d'une mer aussi paisible et qu'on la regarde jour après jour.

Inspirez le malheur de toutes vos forces, transformez l'air que vous expirez en gratitude, et votre vie brillera bientôt.

Puis j'ai été frappée par la pensée que le bonheur, c'était d'avoir la certitude qu'il allait toujours y avoir un lendemain.
C'était une chance inouïe que de pouvoir vivre chaque jour sans y penser. Le bonheur, c'était de couler des jours ordinaires, à se plaindre juste un peu, sans se rendre compte que l'on était heureux.

En y repensant, j’avais toujours agi en fonction de deux critères : bon ou mauvais. Non pas bon ou
mauvais pour moi, mais bon ou mauvais pour les autres. J'anticipais les sentiments des autres, et je n'hésitais pas à me sacrifier si cela pouvait leur faire plaisir. J'avais vécu en étant persuadée que voir un sourire s’épanouir sur un visage suffisait à me rendre heureuse.
Je n'étais pas dans I ‘erreur, non. D'une certaine manière, c'était peut-être même le meilleur comportement à avoir. Une chose était sûre, pourtant, j'avais souvent
sacrifié mes propres émotions, mes propres sentiments au profit de ceux des autres. Quand le docteur m'avait expliqué qu’il pouvait y avoir un lien de cause à effet entre le stress et le cancer, j’étais persuadée que ce n’était pas mon cas et que ce qu’il disait était faux. Je n'avais aucun doute à ce sujet.
Pendant que mon regard errait sur la mer, j'ai réalisé que j'avais fini par dépasser mes limites, après avoir longtemps vécu sur le fil du rasoir. Mon corps avait poussé des cris d'alarme. Il n'avait pas arrêté de me prévenir que je me mettais en danger. Mais j'avais ignoré cette voix et je n'avais pas changé ma façon de vivre. Résultat ? J'avais gagné un cancer de stade 4.
Peut-être que j'étais trop têtue, à vouloir en faire toujours plus, toujours trop.

Bien dormir beaucoup sourire un corps et un cœur bien au chaud sont les clefs d’une vie heureuse

Je suis sûr que les miracles n'arrivent pas après la mort, mais que nous pouvons les faire se produire pendant que nous sommes en vie.

C'était très bon, merci! vous ai-je entendue dire. De jolis mots, très attentionnés, à votre image. Et je crois que votre vie elle-même a été délicieuse, Shizuku. Vous avez connu une fin sereine, une conclusion magnifique, pour une vie magnifique.

Ils devaient être ce noyau qui demeurait inconnu et qu'on ne pouvait ni voir de nos yeux ni toucher de nos mains pour en vérifier l'existence, mais qui était absolument essentiel, et que l'on décrivait généralement par des mots tels que âme ou conscience.
Ce noyau ne disparaissait pas à notre mort, il perdurait et continuait de vivre en changeant de forme et d'aspect. Il poursuivait sa route.

Ce qui doit arriver arrivera. Cela a été le cas pour
Momo. Cela sera le cas pour moi aussi.
Ce n'était qu'en l'acceptant de tout mon être, et
en vivant pleinement jusqu'à l'heure de ma mort, que j'allais accomplir ma vie.

Dans les moments les plus durs, il ne faut pas oublier de relever la tête, et de sourire. Vous pourrez alors incarner l’espoir pour tous ceux qui souffrent plus que vous.