Histoire de me rafraîchir la mémoire, j'ai parcouru quelques pages de Wikipedia sur l'assassinat de Salvadore Allende et le coup d'état de Pinochet en 1973 à Santiago au Chili. Après la lecture du recueil de poèmes «
vivre est ma révolte » de
Arinda Ojeda Aravena, ce rappel était nécessaire. Curieusement, je n'ai trouvé que peu d'informations sur cette auteure en espagnol et encore moins en français. Je ne m'y connais pas beaucoup en poésie chilienne mais il me semble que ces poèmes représentent déjà un émouvant témoignage de cette horreur que fut la dictature de Pinochet. Ces poèmes ont été écrits en prison. A ce titre, ils méritent déjà qu'on les lise, tout comme les écrits de
Ahmet Altan pour la Turquie de Erdogan, ceux de
Arinda Ojeda Aravena replacent le lecteur dans la réalité de l'oppression féroce orchestrée par une dictature.
« Grilles,
qui me marquent
le visage, les mains,
froide et grise frontière,
barrière immuable
qui brise l'étreinte. »
Le livre s'ouvre sur une brève présentation de Jo Briant. le recueil est ensuite divisé en trois parties à peu près égales. « Espace de liberté » , regroupe les poèmes de Un à Onze. Dans cette partie, Ojeda se souvient de la liberté, de la nature, qu'elle superpose à sa vie carcérale.
« Je vais et je viens,
recommençant la même promenade,
pendant que l'air humide
m'annonce que l'hiver
déjà s'approche.
Je regrette l'été, l'éternel soleil
des lieux chéris.
Les visages aimés affluent à ma mémoire
et je pense à une promenade sans barrière.
Et je pense aussi à la visite de demain. »
La deuxième partie s'intitule « Espérance rebelle ». L'auteure y évoque sa lutte contre le régime. Ce sont les privations, la fatigue, le froid, la folie… Elle n'y parlera pas de la torture qu'elle a subie pendant la plusieurs jours par la police secrète de Pinochet.
« Il faut lutter
disaient mes maîtres.
Oui, il faut lutter ».
La troisième partie : « Amour dés-enchaîné » s'adresse à sa mère, à son fils de 13 ans, à son compagnon.
« Je me sens le dernier être perdu
sur la plus lointaine étoile
de la dernière galaxie.
Je veux ta main qui guide
mon retour au monde.
Je veux ton sourire
qui rappelle le mien, d'hier. »
Ces Quarante trois poèmes n'ont pas de titre, peut-être pour retirer tout romantisme et insister sur la froideur de la détention.
Ces poèmes, comme ceux de tous les poètes qui écrivent sur la guerre, sur les massacres, sur la détention… sont également des poèmes d'amour, d'une grande tendresse, qui accompagnent souvent la détresse de l'humanité.
A lire de toute urgence.