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3,33

sur 129 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Équateur, Guayaquil, de nos jours.

Miss Clara est professeure de lettres dans un collège-lycée pour jeunes filles de l'Opus Dei. À l'ancienne, habillée comme sa mère décédée, elle aime l'ordre et corriger les copies et déteste les adolescentes, qui le lui rendent bien.

Fernanda et ses amies lycéennes se réunissent dans un bâtiment abandonné et jouent à des jeux très dangereux. Elles aiment se faire peur, sont fascinées par les films d'horreur et la mort. Elles se créent des rites autour de leur propre dieu, le dieu blanc.

Dès les premières pages, l'auteure annonce la couleur. Fernanda est ligotée au sol. Clara l'a kidnappée et la séquestre dans une cabane en pleine forêt...

Aux sons des sifflements de serpents et des claquements de mâchoires de crocodiles, Mónica Ojeda, dans une langue poétique et mystique, décortique les corps, fouille les âmes et nous pousse à la réflexion. Les personnages principales sont toutes des femmes et l'on rentre dans leur tête jusqu'à leurs peurs les plus profondes, ancrées dans leur chair. La relation mère-fille est analysée et considérée comme une sorte de cannibalisme mutuel, mâchoires prêtes à mordre.

De nombreuses références enrichissent les pages, Stephen King, Lovecraft et Poe côtoient Internet et les films d'épouvante. 

On ne s'ennuie pas ! Un roman protéiforme intelligent qui mélange habilement les genres, chahute la chronologie et alterne les points de vue.

Je recommande ce livre, car je l'ai beaucoup aimé et n'ai pas pu le lâcher ! Mais je conçois que ce soit une lecture difficile d'accès et choquante, qui nous plonge dans la terreur et le Mal, à la limite du supportable.
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Au Collège-Lycée bilingue Delta, High-School-for-Girls, il y a Miss Clara hantée par le souvenir de cette mère pour qui chaque instant était propice à humilier et dévaloriser sa fille. Elle était enseignante. Alors, dans l'espoir d'enfin être dans ses bonnes grâces, Clara l'est devenue, elle aussi. Seulement, au Collège-Lycée Delta, High-School-for-Girls, il y a aussi une bande d'adolescentes qui prend un malin plaisir à harceler la jeune femme. Parmi elles, il y a Fernanda. Elle est belle et jeune et son insolence n'a d'égal que la fortune de ses parents. Véritable tête brûlée, elle n'a peur de rien, jusqu'au jour où elle se réveille pieds et poings liés dans une cabane isolée de tout, en pleine forêt, et qu'elle réalise que son bourreau n'est autre que sa professeure de lettres, Miss Clara.

Au fil des pages, ce sont les vies de ces deux femmes, avec son lot de tourments, d'amour et de besoin de vengeances qui seront mises a nues, jusqu'à un dénouement magistral où Éros et Thanatos ne feront plus qu'un.

On pourrait aisément croire que « Mâchoires » n'est qu'un thriller psychologique angoissant qui voit une prof perdre pied face à des gosses de riches sans limites, mais il n'en est rien. Dans ce roman aux références multiples (et parfois complexes) à la psychanalyse, Mónica Ojeda dissèque les relations entre mères et filles, profs et élèves, soeurs ou meilleures amies et démontre à quel point le processus maternel et, souvent, passionnel est au coeur de chacune d'entre elles.

« Mâchoires », comme ces dents que l'on aurait envie de planter dans l'être aimé. Parce que, quand on aime, on en mangerait tant l'autre est à croquer. Comme ce désir que l'on voudrait assouvir, comme cette bouche lacanienne que la mère rêve de refermer sur son enfant pour le protéger et le faire sien, entièrement.

Un roman magistral à ne pas manquer !

Traduction: Alba-Marina Escalón

« Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes - c'est ça, la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre d'un coup, de refermer son clapet. C'est ça, le désir de la mère. » (Lacan)
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Que c'est sombre, noir, obscur, pervers, malfaisant et cruel! Et pourtant quelle beauté littéraire! Un roman de femmes écrit par une femme: est-ce la clef pour obtenir une telle qualité dans la construction et dans la narration? Je plaisante.
Je me suis immergée dans l'univers de cette auteure, non connue de moi jusqu'à présent. Sa plume est envoutante, alternant répulsion et attraction, justement dosée pour ne pas amener à refermer le livre. Un ensorcellement littéraire.
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Mâchoires est aussi un formidable exercice de style où chaque chapitre surprend d'abord par sa forme, systématiquement différente de celle du chapitre précédent, tantôt dialogues où les prénoms des protagonistes sont remplacés par des initiales impersonnelles, tantôt monologues décousus ou références appuyées et récurrentes à des films d'horreur ou « creepypasta » qui donnent à ce texte un très fort caractère visuel et cinématographique. Quelle qu'en soit la forme, c'est avec maestria que Monica Ojeda tisse, au long des pages, le fil de son propos et développe sa profonde réflexion sur le féminin. Car tout est femme dans Mâchoires où les personnages masculins sont réduits à la portion congrue et aux rôles de faire-valoir ou de froids reproducteurs. Les filles, les femmes, les mères, y sont par contre des êtres complexes dont le roman explore en profondeur les plus profonds abysses, ceux cachés sous le vernis des convenances sociales, familiales et morales. Il fait également la part belle aux relations entre elles, à ces amitiés incandescentes de l'adolescence où tout est permis sous couvert d'inconscience et de jeunesse quitte à blesser, stigmatiser ou bannir. La relation mère — filles est particulièrement explorée et si les génitrices se veulent, à l'instar de toutes les mamans du monde, des louves protectrices, elles se muent ici en crocodiles carnassiers qui finissent par dévorer tout de leurs filles et de leurs aspirations. Quoi qu'il en soit, Mâchoires est un roman qui bouscule, parfois dérange mais il est indiscutablement l'une des très belles surprises de cette rentrée littéraire de janvier.
Lien : https://marenostrum.pm/macho..
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Un roman excellent qui brille par l'intelligence de son utilisation des codes des littératures de genre (horreur et psychologie dans ce cas) dans une trame narrative qui d'apparence n'aurait pu être qu'une simple histoire d'adolescence. Là où beaucoup se perdent dans leur référence et révérence aux classiques du genre – Melville, Poe, Lovecraft – l'auteure évite les pièges de ce type d'inspiration et applique leur riche héritage à un thème bien précis, construisant au fil du roman une métaphore fascinante sur cette transition (voire transformation ?) vers l'âge adulte que les protagonistes vivent. le ton est très sombre, glauque, implacable, souvent cru et pervers, la tension est palpable tout du long, et il n'y a aucun compromis dans sa résolution. Je suis vraiment impressionné par ce que l‘auteure a accompli, c'est une vraie réussite.
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Il y a certains livres qui donnent une claque, d'autres un coup de poing ... Et il y a des livres qui t'engluent et te submergent dans un mélange gluant de boue, de salive, de sang... Voilà exactement comment je me suis sentie en lisant Mâchoires. C'est sale, c'est poisseux et dégoutant mais ... fascinant aussi.
L'histoire paraît simple : c'est une lycéenne qui a été enlevée par sa prof de littérature, et retenue en captivité dans une cabane dans les bois.
Mais cette situation est surtout l'occasion d'approfondir un million d'autres sujets liés à la relation entre les deux héroïnes : enseigner et être harcelée par ses élèves, être dans un lycée privé uniquement féminin, mais aussi l'adolescence, le rapport entre fille et mère ... On voit beaucoup de choses dans ce livre : un crocodile, un bâtiment désaffecté dans lequel on se raconte des histoires d'horreur, mais surtout des femmes et des filles qui se débattent et ont peur.
C'est vraiment une lecture pas comme les autres, j'en suis ressortie un peu sonnée... Ce n'est évidemment pas à mettre entre toutes les mains, ça fait peur quoi ! Ca dégoute aussi. Mais par contre, que d'émotions !!
Lien : https://www.instagram.com/bo..
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