Au Collège-Lycée bilingue Delta, High-School-for-Girls, il y a
Miss Clara hantée par le souvenir de cette mère pour qui chaque instant était propice à humilier et dévaloriser sa fille. Elle était enseignante. Alors, dans l'espoir d'enfin être dans ses bonnes grâces, Clara l'est devenue, elle aussi. Seulement, au Collège-Lycée Delta, High-School-for-Girls, il y a aussi une bande d'adolescentes qui prend un malin plaisir à harceler la jeune femme. Parmi elles, il y a Fernanda. Elle est belle et jeune et son insolence n'a d'égal que la fortune de ses parents. Véritable tête brûlée, elle n'a peur de rien, jusqu'au jour où elle se réveille pieds et poings liés dans une cabane isolée de tout, en pleine forêt, et qu'elle réalise que son bourreau n'est autre que sa professeure de lettres,
Miss Clara.
Au fil des pages, ce sont les vies de ces deux femmes, avec son lot de tourments, d'amour et de besoin de vengeances qui seront mises a nues, jusqu'à un dénouement magistral où Éros et Thanatos ne feront plus qu'un.
On pourrait aisément croire que «
Mâchoires » n'est qu'un thriller psychologique angoissant qui voit une prof perdre pied face à des gosses de riches sans limites, mais il n'en est rien. Dans ce roman aux références multiples (et parfois complexes) à la psychanalyse,
Mónica Ojeda dissèque les relations entre mères et filles, profs et élèves, soeurs ou meilleures amies et démontre à quel point le processus maternel et, souvent, passionnel est au coeur de chacune d'entre elles.
«
Mâchoires », comme ces dents que l'on aurait envie de planter dans l'être aimé. Parce que, quand on aime, on en mangerait tant l'autre est à croquer. Comme ce désir que l'on voudrait assouvir, comme cette bouche lacanienne que la mère rêve de refermer sur son enfant pour le protéger et le faire sien, entièrement.
Un roman magistral à ne pas manquer !
Traduction:
Alba-Marina Escalón
« Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes - c'est ça, la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre d'un coup, de refermer son clapet. C'est ça, le désir de la mère. » (
Lacan)