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Citations sur Purge (193)

La première pluie de cailloux vola sur la fenêtre d’Aliide par une nuit de mai au souffle clair.
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Pour le studio de tatouage, Pacha se faisait la main sur des filles hors d'usage. Comme Katia.
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1992, ESTONIE OCCIDENTALE
C’est toujours la mouche qui gagne Aliide Truu fixait une mouche du regard et la mouche la fixait aussi. Elle avait des yeux globuleux et Aliide en avait la nausée. Une mouche à viande. Exceptionnellement grosse, bruyante, et qui ne demandait qu’à pondre. Elle guettait pour aller dans la cuisine et se frottait les ailes et les pattes, sur le rideau de la chambre, comme si elle s’apprêtait à passer à table. Elle était en quête de viande, de viande et rien d’autre. Les confitures et autres conserves ne craignaient rien, mais la viande… La porte de la cuisine était fermée. La mouche attendait. Elle attendait qu’Aliide se lasse de la traquer dans la chambre et qu’elle sorte, qu’elle ouvre la porte de la cuisine. La tapette fouetta le rideau de la chambre. Le rideau ondula, chiffonnant les fleurs de dentelle et dévoilant furtivement les oeillets d’hiver derrière la fenêtre, mais la mouche se déroba et alla déambuler sur la vitre à une bonne distance au-dessus de la tête d’Aliide. Du calme ! Elle en avait besoin, maintenant, pour garder la main ferme. La mouche avait réveillé Aliide ce matin-là en se promenant tranquillement sur ses rides comme sur une route nationale, l’asticotant avec impertinence. Aliide avait arraché sa couverture et s’était empressée de fermer la porte de la cuisine avant que la mouche ne parvienne à s’y glisser. Qu’est-ce qu’elle était bête. Bête et méchante. La main d’Aliide agrippa le manche de bois de la tapette lustré par l’usure, et elle frappa de nouveau. Le cuir craquelé de la tapette heurta la vitre, la vitre vibra, les anneaux cliquetèrent et la corde de coton servant de tringle fléchit derrière le cache-tringle, mais la mouche narquoise prit encore la tangente. Bien qu’Aliide tentât depuis une bonne heure de lui régler son compte, la mouche était sortie victorieuse de chaque round, et elle voletait maintenant au ras du plafond en bourdonnant grassement. Une mouche à viande dégueulasse, élevée dans une fosse à ordures. Elle finirait quand même par l’avoir. Elle allait se reposer un peu, la liquider, et puis se consacrer à écouter la radio et faire des conserves. Les framboises l’attendaient, et les tomates, les tomates mûres et juteuses.
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- Ma petite fille, dans la terre du désespoir poussent de mauvaises fleurs.
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Elle inspira si profondément qu’elle se fit mal aux poumons. Elle s’était trompée. Le soulagement lui coupa les jambes et elle trébucha sur les marches.
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Zara tourna son visage vers le ciel. Là, ça devait être la Grande Ourse. La même Grande Ourse qu'on voyait dans le ciel de Vladik, même si celle-ci semblait différente. Dans cette même cour, sa grand-mère avait regardé la Grande Ourse quand elle était jeune, cette Grande Ourse-là, elle s'était tenue au même endroit, devant cette même maison, sur le même gravier, sa grand-mère.
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Si elle était restée célibataire, tout le monde aurait pensé qu'elle avait un problème. C'est ce qu'auraient pensé les gens, alors qu'il y avait peu d'hommes disponibles. Les rouges se seraient demandé si elle avait un amant dans la forêt. Les autres auraient cherché à deviner pourquoi elle n'était au goût de personne. S'il y avait une raison qui faisait d'elle une sous-femme, une femme qui n'était pas au goût des hommes ou qui n'était pas capable d'être avec un homme. Quelque chose qui faisait d'elle une femme délaissée. Quelqu'un aurait peut-être trouvé une raison. Mais surtout, personne ne pourrait affirmer qu'il se soit passé quelque chose pendant les interrogatoires, si elle se mariait avec un homme comme Martin. Personne n'imaginerait qu'une femme serait capable, après une chose pareille, d'épouser un communiste. Personne n'oserait dire d'Aliide qu'elle avait cédé à leurs avances. Ou qu'il faudrait peut-être la mettre à l'épreuve. Personne n'oserait, parce qu'elle était l'épouse de Martin Truu et une femme ordinaire. Et ça, c'était important. Que personne, jamais, ne le sache.
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Les souffrances se lavent dans la mémoire.
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« Zara avait pu garder ses jolis mots, sa langue sucrée, et les rares histoires racontées par la grand-mère dans le potager, au sujet d’un salon de thé là-bas, quelque part, un salon de thé où l’on servait des gâteaux sablés à la rhubarbe avec une épaisse crème fouettée, un salon de thé dont les moorapea fondaient dans la bouche et dans le jardin duquel il y avait du jasmin parfumé, des bruissements de journaux en allemand, et pas seulement en allemand mais aussi en estonien et en russe, des boutons de cravates et de manchettes, des femmes avec de jolis chapeaux, on voyait un dandy avec des tennis et un costume sombre, dans le rue se dispersait un nuage de magnésium sorti d’un habitation où l’on prenait une photo. Le concert du dimanche soir sur le front de mer. L’eau de Seltz qu’on sirotait dans le parc. Le fantôme de la princesse de Koluvere sur les routes nocturnes. Les soirées à la chaleur du poêle avec de la confiture de framboises sur du pain français, et du lait froid à boire ! Du jus de groseilles !
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Si la fille était une voleuse alors c'était la reine des incompétentes.
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