J'avais adoré il y a deux ou trois ans
Rosa candida de Audur Ava Olafsdottir, roman avec lequel j'ai découvert cette autrice, moins compris Miss Island, mais je retrouve mon plaisir à la lire, avec cette Embellie.
L'histoire :
La narratrice, traductrice, dont on ne connaitra pas le prénom, a 33 ans, pas (encore) d'enfant, et connait 11 langues.
" C'est comme si tu ne voulais pas grandir, tu agis souvent comme une gamine malgré tes 33 ans, tu fais des trucs bizarres, irréfléchis."
Voilà comment on parle celui qui va devenir son ex-mari au début du roman, mais qui a quand même du mal à couper les ponts avec elle.
Cette narratrice est en effet une drôle de femme, super attachante, bourrée de poésie, et de fantaisie, dans sa facon de vivre, et que j'ai beaucoup beaucoup aimée ! Probablement parce qu'elle est libre et amusante, et qu'elle vit une vie totalement différente de la mienne.
À la suite de cette déception amoureuse, et parce que sa meilleure amie Audur, enceinte de 6 mois de jumelles, se retrouve alitée pour le reste de sa grossesse après une chute, notre héroïne va embarquer le petit garçon de cette dernière, quasi sourd, 4 ans, pour un road movie dans le nord de l'Islande !
Elle a gagné deux fois de suite à la loterie, une belle somme d'argent et surtout un chalet d'été dans le nord du pays (sauf qu'elle part en novembre, et qu'il pleut tout du long !), elle prend donc le large, avec Tumi, que sa maman lui confie. Belle marque d'amitié.
Duo étrange et délicieux, de cette jeune femme qui n'a pas d'enfant (et pas de nom, ça aussi c'est étrange, alors que l'autrice nomme d'autres personnages), et de ce petit garçon à qui sa maman manque, bien sûr, mais qui aime quand même beaucoup découvrir le monde.
Les différentes relations :
J'ai beaucoup aimé ce petit Tumi, intelligent, qui, à 4 ans semble déjà savoir lire, et fait de considérables efforts pour comprendre les autres.
Bien sûr j'y ai retrouvé beaucoup du style de
Rosa candida, et ce duo magique entre le papa et sa petite fille.
J'ai aimé les relations que la narratrice tisse avec des hommes, avec des gens du cru, et même les dialogues avec les gens des stations-service. C'est un style lui aussi différent de ce que je connais, très doux et respectueux.
C'est un roman souvent amusant, qui nous fait découvrir une partie de l'Islande, sa météo, ses longues nuits, ses coutumes, ses mets, ses habitants. Rien de spectaculaire, mais la vie de ces gens qui vivent dans un endroit si naturellement différent du mien.
On parle beaucoup pour nous occidentaux, du Japon comme pays du dépaysement extrême, mais finalement ne serait-ce pas plutôt cette autre île qu'est l'Islande ?
Ce récit est émaillé de dialogues parfois absurdes, au sens "nordiques" du terme, de réparties délicieusement décalées. J'y ai retrouvé du style de l'auteur finlandais
Arto Paasilinna, que j'aime tant.
Il y a çà et là des pages en italique, où on nous raconte l'histoire d'une jeune femme de 15 ans qui a dû abandonner son bébé. C'est peut-être ce qui me fait ne pas mettre de coup de coeur, je suis restée un peu à côté de cette histoire.
A la suite du roman, vous trouverez presque 50 recettes de plats cités dans l'histoire, ne passez pas à côté de la lecture, c'est souvent super drôle aussi !
J'ai adoré la recette du café imbuvable et découvert beaucoup de choses comme la bonne cuisson des oeufs ou le thé argenté.
Et puis pour parler de la forme du livre, j'ai eu la chance de le lire dans la version poche des éditions Zulma, dont j'adore le papier très épais, les couvertures graphiques assez hypnotiques, la densité du bouquin et ses arêtes bien nettes, question de goût ! Mais cela a ajouté à mon plaisir.
Prête pour le prochain Olafsdottir !