Je dois dire que dès le début de ma lecture, j'ai eu très peur. Après avoir adoré, lu et relu la trilogie dystopique Delirium de l'auteure, j'avais très envie de découvrir la plume de cette dernière dans un tout autre style. Et dès le premier chapitre, lors de la présentation de Sam, jeune adolescente faisant partie des populaires de son lycée, et de ses amies, je me suis rapidement dit que j'allais être loin d'apprécier la narratrice. Sam, Lindsay, Ally et Elody sont le parfait cliché des adolescentes populaires aux États-Unis : superficielles, arrogantes, moqueuses jusqu'à humilier ceux qui sont différents et qui ne sont pas à la mode ou qui n'ont pas la "hype". Alors, après ce premier chapitre introducteur où l'on nous décrit des pimbêches qui ne regardent pas plus loin que leurs petits problèmes personnels en essayant de toujours être la plus belle ou la plus tendance, je me suis demandé pourquoi j'irai plus loin ?
Je me déshabitue des romans jeunesse, préférant de plus en plus les livres avec davantage de maturité, avec des personnages plus vieux. Alors, pourquoi avoir envie de continuer cette histoire qui semble ne répertorier que cliché sur cliché ? Parce que dès le départ de de la fête de Kent, du retour de ces filles en voiture qui va les destiner à mourir, l'auteur va prendre l'histoire à contre pied et nous mettre face à nos préjugés et notre réalité. Sam est-elle si mauvaise ? Ses agissements contre les autres lui font-il mériter la mort ? Après tout, ce n'est encore qu'une adolescente qui aurait eu tout le temps d'évoluer et de grandir, pour comprendre que la vie ne nous fait pas toujours de cadeau, qu'elle est parfois injuste, et qu'il faut parfois se battre pour obtenir ce que l'on veut. Malheureusement, la jeune fille ne va se rendre compte de cette réalité qu'après sa mort, ou plutôt dans cet espace transitoire où elle va revivre cette dernière journée de différentes façons. À elle de faire ce qui lui semble juste pour elle et/ou pour les autres, de comprendre la manière dont elle en est arrivé là, et pour finalement assumer ses choix et ses actes. Pendant une bonne partie du roman, je ne pouvais m'empêcher d'être énervée par cette gamine qui, la plupart du temps, fuit face à ses responsabilités en mettant la faute sur les autres. Néanmoins, au fil du temps et de ce retour constant en arrière, Sam va comprendre ce qui est réellement important et ce qui lui a toujours manqué, faute de le voir.
Les sentiments de Kent, le harcèlement constant de Juliet Sykes, etc... tout cela est réel et amène parfois à des répercussions épouvantables. Malheureusement, la moitié du roman n'exploite pas au maximum ces questions-là, ne provoquant pas un flou mais pour moi une perte d'intensité dans le récit. J'aurais aimé que
Lauren Oliver aille encore plus loin, qu'elle démontre d'une manière encore plus forte les dérives de certains agissements, qui malheureusement sont souvent présents au sein des écoles. Malgré tout, si un des thèmes est très bien exploité est bien celui sur le jugement de l'autre basé parfois uniquement sur l'apparence, sur des agissements dans un certain contexte sans prendre en compte la personne dans son entièreté, en la laissant ancré dans un système complètement manichéen.
Rien n'est tout blanc ou tout noir. Et par le récit de Sam, par le chemin qu'elle traverse jusqu'à une certaine forme de rédemption sans chercher à aller par delà les lois universelles, le lecteur peut en prendre pleinement conscience. Je n'ai pas toujours été en accord avec ce personnage, même plus souvent en désaccord, et avec l'histoire en elle-même, mais je reconnais un certain talent de l'auteur pour cette histoire qui transmet un véritable message. Je ne me tourne pas souvent vers des livres jeunesse, mais celui-ci, sans être une lecture formidable, aura été une surprise et une lecture sympathique, surtout au vu de la fin qui ne se veut pas forcément gentille. Merci à Hachette et à NetGalley pour m'avoir permis de le lire.
Lien :
http://entournantlespages.bl..