Dernier tome de la Longue Marche achevé il y a quelques jours. C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé Bernard - au bout de ces quelques milliers de kilomètres à ses côtés, on se sent le droit de l'appeler par son prénom ! - pour les deux dernières étapes de son projet de marcher tout du long de la Route de la Soie en quatre étapes réparties en quatre ans.
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De Samarcande (Ouzbékistan) à Xi'an (Chine), nous accompagnons le marcheur à travers les monts du Pamir au Kirghizistan, les terribles déserts de Taklamakan puis de Gobi. Un parcours effectué en 2001 et 2002 au cours desquels il demeure enchanté de l'accueil qui lui est réservé par la population en Asie Centrale. En revanche, dès le passage de la frontière chinoise, changement d'ambiance. Beaucoup plus de froideur, voire de rejet de l'étranger :
Bernard Ollivier pourtant parti pour aller à la découverte de l'autre se sent particulièrement isolé. Il s'avoue globalement aussi plus déçu par les paysages et l'absence de toute trace de la Route de la Soie sur cette partie du trajet.
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Mais il met à profit ce projet qu'il n'abandonnerait pour rien au monde pour partir à sa propre découverte, se questionner sur le pourquoi de cette mission qu'il s'est fixée, le tour que sa vie va prendre en tant que retraité. Ses méditations de marcheur - qui ne seraient pas pour déplaire aux adeptes de la pleine conscience - l'amènent à réaliser qu'il souhaitait "ralentir". "Je veux juste tenter de vivre au rythme de la pensée" explique-t-il. C'était également pour lui une manière de "casser les habitudes" et d'accomplir les rêves de voyage de son épouse, Danièle, décédée d'un cancer à 52 ans.
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Au terme de la dernière étape, des 12.000km parcourus, l'heure des bilans a sonné : "Qu'y ai-je gagné ? de la fatigue, oui. Une belle moisson d'images dans la tête, assurément... Mais quoi d'autre ? Soyons juste : quelques grandes émotions et pas mal de petits bonheurs".
Sans compter ce désir de se retrouver seul, "parce qu'en cette solitude résiderait moins de mensonges, moins de grimaces sociales, plus d'intime vérité ; plus de présence, aussi, au vaste mystère du monde, plus de disponibilité à l'heure miraculeuse des rencontres". La possibilité enfin "de poursuivre sa route d'homme".
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Un dernier tome où les rencontres avec la population et la partie historique sont tout aussi intéressantes que dans les premiers, mais qui nous attache surtout au voyageur qui s'ouvre, fait part de ses réflexions et doutes. Et par-là même nous amène à réfléchir à nos propres vies, à leur rythme fou. Alors c'est clairement à regret que je te quitte Bernard, mais merci pour tous ces beaux moments !