Le philosophe est d'autant plus abordable qu'il ne ménage pas ceux avec lesquels il est en désaccord en relevant des traits de leur biographie qui les accablent. Comme je n'ai pas les outils conceptuels les plus affutés, je ne peux que savourer ces traits qui me semblent assez loin du débat d'idées pures, mais rendent vivantes les 392 pages. de plus l'indifférence éditoriale que rencontre son livre m'attirerait plutôt quand il va à l'encontre des conformismes idéologiques bien que je réprouve son positionnement envers le chef de l'état, le « en même temps » n'est pas pour lui.
La méthode du fondateur de l'université populaire de Caen est efficace lorsqu'il partage chaque chapitre entre ce qui relève des paroles et ce qui est prouvé par les actes.
Sa France est celle de la finesse de
Montaigne, de la « gaieté libre et truculente » de
Rabelais, du doute de
Descartes, de l'ironie voltairienne, de la galanterie de
Marivaux et celle d'Hugo pour l'attachement au peuple et à la justice.
Après des années de pédagogie auxquelles j'ai contribué, je partage son constat sombre sur la nature humaine:
« Cet être égotique revendique tous les droits et ne reconnaît aucun devoir : tout lui est dû, il ne doit jamais rien à personne. Il prend mais ne donne pas. Il exige mais veut qu'on lui fiche la paix. Il se sert mais ne sert jamais. »
Il n'y va pas avec le dos de la cuillère et si je l'accompagne dans sa vision d'un effondrement de la société et de l'inversion des valeurs, je ne suis pas d'accord avec son obsession anti européenne.
« … dès qu'un ancien maori ignore les généalogies de son peuple et reste muet un jour de leur déclamation rituelle, l'acte de mort de la civilisation est dressé. »
Les titres des chapitres désignent les problèmes :
la moraline, l'infantilisation, la déresponsabilisation, l'art contemporain,
et les réponses qui veulent « faire l'ange » mais font « la bête » :
l'écologisme, la créolisation, le néo féminisme, le décolonialisme, l'islamo-gauchisme, l'antifascisme, l'antispécisme.
Il remonte aux sources mais évite par exemple de dénoncer
Marcel Duchamp pour mieux critiquer ses successeurs. Sa verve est efficace pour dénoncer le freudo-marxisme et le déconstructivisme,
Sartre et
Houria Bouteldja, Foucault et
Edwy Plenel, Glissant et
Mélenchon…
La conclusion intitulée « le sublime de la catastrophe » laisse entrevoir un avenir transhumaniste avec lequel devra composer l'Islam à la suite la civilisation judéo chrétienne, bien que « la technique fasse mauvais ménage avec une pensée féodale. »
« On peut dire non à
la Divine comédie de
Dante […] aux films de
Charlie Chaplin, mais peut-on vivre sans électricité, sans informatique, sans pénicilline, sans moteur, sans la chirurgie contemporaine ? »
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