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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce court manifeste, Michel Onfray livre ses réflexions suite à son AVC. Ballotté de médecins en médecins pour rien puisqu'aucun de ces Hippocrate ne mettra le doigt sur l'AVC, l'homme passera plusieurs jours la tête bourdonnante au bord du vertige. Quand, enfin, l'AVC sera diagnostiqué, aucun de ces médecins ne reconnaîtra l'erreur, Hippocrate serrant la main à l'hypocrisie, la conscience va bon train, tous plus orgueilleux les uns que les autres, oubliant surtout que derrière un diagnostique, il y a un être humain.
Michel Onfray en homme philosophe redessinera le monde tel qu'il lui apparaît du haut de son hospitalisation. Il dissèque les amis qui se font la mâle quand vous allez mal (« Si la maladie nous apprend des choses sur nous, elle nous en apprend aussi et, hélas, surtout, beaucoup sur les autres ! »), la mort qui le hante allant jusqu'à comparer notre circulation automobile à un funeste cortège de cercueils ambulants, l'amour avec son épouse décédée, ne conférant à la vie de sens que dans l'attention portée à l'autre et non à soi-même. le tout est très clair, très imagé laissant la part belle aux questionnements, à l'éveil de la conscience, à l'empathie aussi puisqu'on ne porte pas un regard aussi aiguisé et sombre sur la vie sans en souffrir. En fin de compte, un court voyage dans les courbes de la mélancolie pour lequel un deuil s'impose quand la déception accompagne les pas de la douleur et de la clairvoyance.
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Michel Onfray a écrit le contenu de ce livre "à chaud" avec son iPhone, sur son lit d'hôpital. Il a fait le choix de ne rien retoucher de ce qu'il a inscrit, pensé à ces instants. Il relate son AVC et comment plusieurs médecins et spécialistes sont passés "à côté", la vie sauve qu'il doit à la notoriété qui aide à passer des examens décisifs dans la journée alors que pour tout un chacun il faut se résoudre à attendre plusieurs jours. On ne les a pas toujours.

Dans un premier temps, je l'ai trouvé vraiment sévère avec le corps médical (nous connaissons tous la situation de l'hôpital public. Qui n'a pas dans sa famille, ses connaissances, un infirmier, une anesthésiste, ou tout autre spécialiste qui nous en raconte "de bonnes", souvent à la limite de l'invraisemblable ?). On réclame l'indulgence. Mais quand cela nous concerne, ce n'est pas tout aussi simple. Alors, réflexion faite, je comprends sa colère : ce n'est pas tant l'erreur de diagnostic qui le fait bondir, mais le fait que les médecins concernés n'aient pas accepté s'être trompés. Beaucoup de vanité dans les réponses qui lui ont été faites. Je vous laisse juge.

Cet AVC il en connait la cause. La mort de sa compagne Marie-Claude. Ses réflexions m'ont beaucoup touchée. Il n'y a plus de philosophe, plus d'homme de lettres, prompt à analyser, décortiquer pour penser et agir. Il n'y a qu'un homme qui souffre, qui ploie sous le chagrin, l'incompréhension et le déni...

Ce qu'il dit, toute personne confrontée à la maladie et la mort l'a vécu ; je n'aurais pas pensé qu'il soit, lui aussi, confronté à l'éloignement des proches et amis. J'imaginais bêtement que la notoriété avait cet avantage de se sentir entouré. Oui, mais que pour le bon. Pas pour tout le reste...
Sommes-nous si peu à avoir le courage de tenir une dernière fois la main d'un ami qui s'en va, d'accompagner celui ou celle qui reste seul, écrasé par le désespoir et la tristesse ? Pourquoi si peu pleurent avec nous ? Une constante de la nature humaine, sans doute...

Le deuil de la mélancolie, c'est de savoir vivre après. Mais pas que.

"Vivre n'est pas prendre soin de soi, ce qui est une affaire d'infirmerie ou d'hospice et relève d'une morale de dispensaire : vivre c'est prendre soin de ceux qu'on aime..."

Vivre en étant "à la hauteur de ce qu'elle fut : un modèle de rectitude, de droiture, de justesse et de justice, de générosité, de bienveillance et de douceur, de force discrète et de courage modeste. J'avais eu mon père comme premier modèle d'héroïsme simple et réservé ; j'ai eu Marie-Claude comme second modèle pendant presque 37 ans. C'est déjà une grande chance, une immense chance. Merci pour ce cadeau. Je te suivrai un temps, mais l'éternité du néant nous réunira".
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Dans l'intimité de Michel Onfray, ce texte, un long plaidoyer envers les médecins, six jours, cinq médecins qui ne diagnostiquerons pas l'AVC. Cet AVC laissera d'assez importantes séquelles visuelles au philosophe. Une charge contre les médecins consultés mais pas envers tous les médecins.

Autre moment très fort de ce récit, la lettre, l'éloge funèbre de sa compagne, emportée par un cancer en 2013. Ce texte est beau, poétique, c'est avec une grande simplicité que Michel Onfray nous donne toute la beauté d'âme de celle qu'il aimait.

Faire le deuil d'un être cher, se retrouver seul suite à l'évaporation des "amis", déménager, travailler, se mettre à table, comme il le dit si bien :"A table on se venge...c'est le poids du chagrin, le poids de la peine, le poids de la souffrance, le poids du deuil." Il en résulte "un corps abîmé, un corps trop lourd, un corps qui tombe ce samedi 27 janvier" en changer pour ne pas nourrir en même temps le deuil et la mélancolie.
Un texte plein d'une rage compréhensible, un texte fort.
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Le Deuil de la mélancolie est un essai (un récit intime, comme le qualifie l'auteur) sur la vie à travers la maladie, le deuil, la mort. Michel Onfray pose la question des impacts de la douleur et du deuil sur notre corps et notre esprit. Dans cet essai, il expose simplement la douleur des corps en souffrance et jusqu'à leur décomposition à la morgue. Ainsi remet-il les humains à leur place (celle du néant) dans une relation spéculaire « n'oublie pas que tu vas mourir ». Michel Onfray dénonce la scandaleuse incapacité et la fatuité de certains (grands) médecins qu'il appelle "les Diafoirus" et à cet égard, il cite Pascal : "Que le coeur de l'homme est creux et plein d'ordures".
Ce petit livre construit en quatre actes et un épilogue rappelle Montaigne et ses Essais dans son rapport à "l'humaine condition" et le dialogue que Michel Onfray entretient avec les philosophes tels Lucrèce, Pascal, Marc Aurèle, Caton l'ancien qu'il cite régulièrement. Aussi, le caractère intertextuel de l'ouvrage (on trouve dans cet ouvrage du récit mais aussi une lettre, des extraits de poésies, des citations latines, des pages de journaux intimes) et l'hommage à Marie-Claude, sa femme disparue, fait de ce petit livre, une sorte de tombeau littéraire.
Michel Onfray met en scène, dans cet essai, la grande comédie de la vie avec son côté absurde et presque farcesque dont nous devrions tirer un enseignement d'humilité. Et comme dirait Montaigne dans le chapitre « de l‘expérience » : « C‘est une absolue perfection, et comme divine, de sçavoir jouyr loyallement de son estre : Nous cherchons d‘autres conditions, pour n‘entendre l‘usage des nostres, et sortons hors de nous, pour ne sçavoir quel il y fait. Si avons nous beau monter sur des eschasses, car sur des eschasses encores faut-il marcher de nos jambes. Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes assis, que sus nostre cul ».

Extrait, p. 89 : "Ma sortie de l'hôpital Foch s'est donc faite sous le signe d'un événement que je dirai cinématographique parce que dynamique, en mouvement, dialectique même si l'on veut… S'apprêter à quitter l'hôpital avec le pas mal assuré de qui a passé une semaine dans un lit et se faire doubler par un mort allongé dans le cercueil d'acier dans lequel on le convoie prestement vers la morgue, c'est se prendre une leçon de sagesse concrète en pleine figue - memento mori… . Oui, je sais que je suis mortel, et, ce jour-là, cette heure-là, plus qu'à toute autre heure et qu'à tout autre jour peut-être […]".

Lien : http://yzabel-resumes-et-poi..
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Un beau témoignage très touchant. J'aimais déjà bien cet écrivain et ce récit intime me conforte dans mon opinion que c'est une belle âme. Comme tout un chacun, il a eu et aura encore son lot de souffrance mais de tout cela, il en fait le deuil et nous invite à faire de même. Touché par un AVC assez jeune puis encore tout récemment alors que les médecins consultés n'arrivaient pas à cerner son mal, frappé par la mort de sa compagne emportée d'un cancer, par la désertion de ses soi-disant amis, il a dû se tourner vers les grands sages de la philosophie antique pour surmonter cette série d'épreuves car il écrit sans relâche, encore et encore. Son ouvrage "Sagesse" est paru en janvier, je pense car François Busnel en a parlé dans son émission du 9-01-2019.
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Michel Onfray, philosophe à la folie d'écriture, tel Balzac perdu dans sa condition humaine, un Dostoïevski, esclave de ses pages à noirceur de son âme russe en peine, avec plus de 100 livres, s'emploie avec ardeur dans sa tâche d'apprivoiser le monde de son passé, de son présent et de l'avenir, cet hédoniste brule les pages de ces mots enflammant les idées, les adages, les légendes déchues, s'accrochant avec force dans ses convictions les plus intimes, il vient avec ce roman autobiographique, bousculer encore une fois le genre, avec ce manifeste au vitriol de son combat médicale, du trouble de sa vision, du vertige des sens et d'un diagnostic flou, trouble, le deuil de la mélancolie caresse cette intimité où la mort sommeille près de nous, telle la joie de la vie.
Michel Onfray, dans une émission, narre son AVC, et de son livre qui en découle, comme une évidence, blessé dans sa chair d'homme d'avoir subi cet accident avec la rage de ne pas avoir eu le bon diagnostic par ces quatre médecins, et surtout aucun s'excusant de s'être trompé. Michel Onfray décide d'écrire, un livre sur ce passage délicat de sa vie, cet AVC, aspirant le passé qu'il n'oublie pas, des passages précis surgissent au plus près de lui, l'accompagnant, le suivant, le touchant, le pénétrant, le happant dans une réalité ombragée d'un virgule oculaire, stigmate à vie du cadeau empoisonné de cet AVC.
Le début du livre est l'écoulement du flot de cet AVC rongeant petit à petit le corps et l'esprit, une sorte d'érosion physique, malmenant notre écrivain, naviguant dans les méandres de cet AVC sans le savoir, sans que viennent à le diagnostiquer les différents médecins, même celui surnommer Diafoirus, à la consultation de 250€, aux diplômes brillants comme dans la pièce le malade imaginaire de Molière, Michel Onfray s'amuse de ce clown, de ce pantin à la belle vitrine, se cachant de son diagnostic par une belle fumisterie, un mensonge au lieu d'avouer son erreur, qui, il me semble être humaine, l'orgueil et l'avarice sont les deux piliers de cet homme affable et si représentatif de notre société.
Puis comme un journal intime, Miche Onfray poursuit son chemin dans l'hôpital le soignant, il a, sans retouche, retranscrit ses notes au jour le jour, ses réflexions, ses pensées, un récit instinctif, dessinant un Michel Onfray au plus près de nous, impalpable aussi, errant de son regard, de ses pensées, de son être tout entier vers l'écriture comme un testament s'incrustant au fond de lui, pour rester encore vivant, regardant la vie fourmillant autour de lui, la happant, l'aspirant à lui, cette vie lui tendant la main de ses mots qu'il noircit sur son écran, son iPhone dans son esprit bouillant.
Michel Onfray laisse s'ouvrir en lui, une partie de sa vie s'évaporant dans la suite du livre, une intimité sombre, une brulure chaude qui ne sera jamais éteinte, la braise reste incandescente dans sa chair qui vient d'être marquée au fer rouge par cet AVC, où le souvenir de sa compagne morte d'un cancer l'accompagne dans cette maladie, Michel Onfray n'oublie pas Marie-Claude qui sera sa compagne durant trente-sept ans, combattant ce cancer pendant dix-sept ans. Cette émotion est vivace chez Michel Onfray, nous livrant le texte qu'il a écrit lors des obsèques de sa compagne, une lettre ouverte pour cette femme aimée, où tous ses souvenirs lui survivront, leitmotiv de cet écrit, un refrain à chaque paragraphe « … lui survivre. », cette trace reste indélébile, une faille en lui de lui survivre, voulant un temps la rejoindre de l'absurdité Camusienne d'en finir avec la vie.
Michel Onfray critique amèrement l'amitié fausse, celle ; éphémère, profiteuse, maladroite, bancale, étroite et changeante. Dans son huit-clos à l'hôpital, les visites sont cruellement invisibles comme les prises de nouvelles, mises à part les amis aimant le morbide, les amis s'amusant du malheur des autres, un sarcasme envahit Michel Onfray, le laissant dans une réflexion amère et froide de l'amitié, n'oubliant pas la solitude lors de la mort de sa compagne, leur amis communs fuyant Michel Onfray, laissant échappé l'anecdote du réveillon, le passant seul, sans nouvelles de ses faux amis, habituellement les années auparavant, le fêtant ensemble ou encore un ancien éditeur prenant de ces nouvelles, sachant qu'il l'avait insulté avant, pour encore une fois l'insulter ensuite.
Toute cette peine, soulagée de son autre compagne Dorothée, Michel Onfray ayant cette liberté d'amour de vivre dans une trinité amoureuse, se dévoilant dans une liberté d'esprit qu'il a de son existence. La mort le suit depuis tout petit, narrant l'accident de sa mère, suivit du mépris de la petite classe bourgeoise, lui forgeant ce caractère fort précis et libertaire. J ‘aime cette phrase dans le livre l'amenant à raconter l'histoire de sa maman, c'est si vrai pour part, comme si Michel Onfray avait écrit ce livre pour juste ce petit passage fort émouvant de sa vie d'enfant.

« La cristallisation du réel s'effectue par la narration qu'on en donne, elle le piège et le fixe, comme un coléoptère sur le liège d'une boîte d'entomologiste. Un mot entraîne l'autre, une phrase apporte l'autre, une histoire aspire l'autre, et la chose se trouve racontée selon un même découpage, dans un même scénario, pour un même film. »

C'est un livre intime, c'est un cri, c'est une cristallisation de son réel, une larme coulant sur les reliefs de son existence, une vie où la mort l'accompagne lui enfonçant un clou d'obsidienne dans son cerveau. Michel Onfray raconte son AVC, se posant cette question :

« Personne ne m'aura demandé si mes morts ne tenaient pas trop de place dans mon coeur. »
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Au début de cet ouvrage, j'étais septique sur ma capacité à le poursuivre. Au cours des premières pages, Michel Onfray décrit les évènements précédant son AVC. L'écriture est saccadée, sèche, dénuée de sentiment, je n'ai eu aucun mouvement d'empathie. Vous me direz c'est peut être à dessein... Alors comme je suis de nature persévérante j'ai poursuivi la lecture, et j'ai rencontré ces pages au cours desquelles l'auteur nous parle de son épouse, morte d'un cancer, du combat que Michel Onfray a mené pour lui survivre. Et là, j'ai dévoré l'ouvrage. J'ai ressenti à travers ces lignes les souffrances d'un homme évoquées avec une telle pudeur .... Avant le deuil de la mélancolie, Onfray était pour moi un animal à sang froid. Aujourd'hui il est un homme tout simplement.
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Livre très touchant.
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le deuil de la mélancolie : récit intime… le ton est donné, il ne s'agit pas ici d'un essai sur la méchanceté, l'islam ou la pensée de l'un ou l'autre philosophe mais bien de l'histoire personnelle de Michel Onfray.
C'est toujours un plaisir de le lire et ici, de le découvrir sous un jour inhabituel, celui de la pudeur et de la maladie, de la fragilité et du sentiment.
Dans ce cout récit, il nous livre un épisode de sa vie, très sombre, celui où il perd sa femme depuis 35 ans et celui d'un AVC dont il a été victime. Il semblerait qu'il ait pris des notes lors de son séjour à l'hôpital et nous les livre telles quelles, sans relecture, sans correction. La première pensée (très terre à terre je l'avoue) qui me vient à l'esprit est que peu de gens seraient capables d'un tel don d'écriture au plus mal de leur vie. Personnellement, je doute de mes capacités d'écriture, alitée sur un lit d'hôpital (Je doute aussi de mes capacités d'écriture au top de ma forme, de toute façon). Il est clair que la vie n'a pas été tendre avec lui, qu'il n'est pas parti gagnant avec toutes les cartes en main. Un énorme message d'espoir et de courage.
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Règlements de comptes à OK Corral !
Michel Onfray démêle le vrai du faux :
- le vrai bon soignant du faux bon soignant (ce dernier présente pourtant parfois un pedigree long comme le bras !)
- le véritable ami du faux ami.
On comprend la justesse de cette démarche lorsqu'il nous compte ses mésaventures médicales et les négligences dont il a été victime.
Ce livre constituera désormais une petite partie de son auto-biographie. J'ai apprécié ce petit livre parce qu'il est juste et éclairant.
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