AIMER A PERDRE LA RAISON
L'histoire se passe aujourd'hui en Grèce, berceau de la tragédie antique- le livre n'en a pas la forme mais beaucoup d'ingrédients: une jeune femme, une nourrice protectrice (ici la gouvernante), des hommes, une mère, un père, des secrets, des interdits, de la trahison, de la jalousie, du mensonge, de la violence (suggérée pour respecter la règle de bienséance), et une intrigue dont la tension va crescendo, au pouvoir cathartique pour le lecteur. Une passion va donc se jouer devant nous.
Tina retourne par le biais de lettres retrouvées dans son passé interdit, inconvenant, mais pourtant, un temps exaltant. Une histoire de désir ardent et irrésistible où les corps doivent nécessairement se rejoindre quelque soit leur âge et quelques soient leurs liens.
Alors ce sont trois vies tout à coup qui vacillent et se précipitent à corps perdus dans des rouages amoureux complexes, rythmés par l'inaltérable manque qui obsède, guidés par la passion trop grande qui par définition fait souffrir et détruit.
Un texte qui interroge beaucoup sur l'amour et ses limites et sur le désir sans limites, sur la soif masculine de posséder le corps au féminin, sur la solitude, le temps qui passe, le lien filial, la morale et la transgression que ne connait pas la passion.
Le style de l'auteur semble nous souffler à l'oreille cette histoire et les questions qu'elle pose, préférant des phrases souvent courtes et suggestives, appelant une analyse psychologique remarquable de profondeur menée par le narrateur et dans laquelle le lecteur se laisse aller et se reconnait parfois.
Un miroir de nos vies avec ses passions, ses affrontements, ses souffrances, ses renoncements, ses regrets et son exaltation à vivre intensément.
Malgré quelques réserves sur l'inégalité des points de vue et sur la fin du roman, ce fut une lecture assez passionnante qui se lit avec envie et sans ennui. J'ai aimé le sujet abordé et toutes les réflexions collatérales qu'il implique. J'ai aimé l'écriture de
Christine Orban que je découvrais pour la première fois, donc sans attente ni a priori. Découverte à poursuivre …