Joséphine est assise à Malmaison, le château que Napoléon lui a laissé après leur divorce. Elle écrit à l'Empereur le cahier de ses pensées que son époux lira quelques jours après sa mort, le 29 mai 1814, alors qu'il revient de l'île d'Elbe. Il a voulu s'y donner la mort – oui, Napoléon a voulu se suicider – mais c'est Joséphine, qui, d'un poison plus lent, va mourir la première.
Oh, il ne s'agit pas d'un assassinat, mais d'un grand mal d'amour, né de la répudiation de l'impératrice, le 15 décembre 1809, que
Christine Orban, avec une sensibilité qui parle à la fois aux femmes et aux hommes qui la lisent, nous livre dans
Quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur, du nom du début d'une lettre de Napoléon à Joséphine.
Le mal d'amour, c'est la répudiation qui l'a inoculé, cet acte unilatéral de renoncement, de renonciation même, la première abdication de l'Empereur pour des raisons d'Etat qui font dire à Joséphine : « Tu te retournais contre ton propre coeur. » Que faire quand on se sépare et qu'on s'aime ? Même pour Napoléon la décision est difficile, « peut-être au-dessus de tes forces (…), contre-nature parce que nous nous aimions encore. »
« Il ne reste rien quand l'amour est parti. » écrit Joséphine, mais pourtant, l'amour est toujours là ; on le sent à chacune de leurs rencontres. Comment l'esprit et le coeur peuvent-ils résister à tant de messages contraires ? « Mon corps ne croyait pas mon esprit. » dit encore l'Impératrice qui se laisse à dire : « de bonne foi, je finissais par me croire. »
Mais cette femme qui a connu le malheur de l'exécution de son premier mari, qui a failli elle-même mourir sur l'échafaud, et qui aura sans doute eu pour séquelles de son incarcération à la prison des Carmes, cette ménopause prématurée qui fait qu'on la répudie, connaît la justesse de leurs sentiments : « Mon tribunal intérieur ne me lâche pas. »
Christine Orban suit d'ailleurs un voeu de l'Empereur exprimé à Joséphine en ces termes : « Sois toujours juste pour toi et pour moi. » En effet, on sent le tiraillement de Napoléon, et l'on apprend que leur mariage religieux – même sans témoin – ne fut jamais déclaré nul, et qu'en fin de compte, Joséphine mourut mariée à Napoléon. Mais qu'importe cette facétie juridique, « il y a des sentiments qui sont la vie même et qui ne peuvent finir avec elle. »
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