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Citations sur Petit précis de mondialisation, tome 1 : Voyages au pay.. (64)

En parlant d'Alexandrie:

"La maladie qu'on y vient soigner serait peut-être l'excès de présent dans nos vie, la tyrannie de l'immédiat avec son corrolaire: l'absence de profondeur, qui peut se nommer platitude."
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« Le futur a commencé là, grâce au café et au sucre. Et dans la machine à fabriquer le futur brésilien, le coton n'était qu'un tout petit rouage. Le climat n'était pas trop favorable : pas assez de chaleur, malgré le tropique du Capricorne, et trop de pluie aux mauvais moments. Le coton a préféré changer d'air, monter vers le nord ou le nord-ouest. Mais les usines de kilomètres, les usines se touchent. Leurs noms sont proclamés fièrement sur de grands panneaux multicolores. Cet orgueil est touchant. Mais on voit bien qu'il cache l'essentiel : ces usines ne sont que les morceaux d'une usine unique, une fabrique nommée Brésil, la fabrique du futur. »
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« M. Machado fait la moue et lève la main droite. M. Machado est fataliste : - Si le numérique continue à s'étendre, j'irai ailleurs. De toute façon, je ne suis plus jeune. Je n'aurais plus si longtemps à m'enfuir. C'est aux jeunes que je pense. Et M. Machado se met à pleurer. Des larmes lui coulent des yeux, qu'il n'essuie pas. J'apprendrai plus tard que les soixante-quinze mille rues ne sont pas les seuls cauchemars de l'ancien photographe. Sur le siège avant droit, à la place du mort, est un fantôme. M. Machado avait un fils de seize ans. Lequel, un soir, dans un café, échange quelques mots un peu vifs avec un autre jeune. Le lendemain, l'autre jeune revient, il égorge le fils de l'ancien photographe. M. Machado profite d'un feu rouge pour me regarder. Je vois ses yeux et sa bouche grossis dans le rétroviseur. Il a cessé de pleurer. Il sourit. Je me retiens pour ne pas le supplier d'arrêter : son sourire est plus triste que ses larmes. »
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« - Je peux vous parler ? - De quoi ? - Du coton. Aucune réponse. Beignet. Coca. Beignet. Coca. Inutile d'insister. J'étais prévenu. C'est un jour sans. Il me faudra attendre le lendemain pour m'entretenir de coton. Le planteur qui accepte de me parler est plus modeste : six cents hectares au lieu de mille cent. Mais il a un chien. Et c'est grâce au chien que nous avons noué connaissance. Il ventait dur, ce jour-là. Une grosse boule d'épines roulait sur la route. Elle semblait venir de très loin, peut-être de l'Arizona ou du Colorado. Le chien jouait avec elle. Quand on ne peut pas se perdre, il faut bien se distraire avec quelque chose. Une rafale plus violente que les autres poussa la boule contre le chien. Il ne pouvait plus se dégager. Je l'ai aidé. Le maître du chien m'a invité sur son tracteur. - Maudit vent. - Maudit vent. Avec une telle introduction et l'amitié des chiens en partage, on devient vite amis. - Vous voulez connaître la vie d'un paysan du coton ? Vous êtes prêt à ne pas beaucoup rire ? Bon. Par où voulez-vous que je commence ? »
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Saviez-vous qu'il y a plus d'avocats dans la seule ville de Washington que dans le Japon tout entier ? Et de quoi vivent les avocats ?
De l'aide à la décision, de la gravure dans le marbre des décisions (les contrats)
et du bris de ces marbres (les procès).
Tant de présence divine et un tel fourmillement d'avocats…..L'enquêteur le plus maître de ses nerfs ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. Il est arrivé à bon port. Washington est bien la capitale de la décision.
(page 59)
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Un beau jour, vers la fin du XXe siècle, la France a choisi de travailler moins. J'ai pu constater que cette décision dite "loi des trente-cinq heures" était, partout où je suis allé, considérée comme une bizarrerie et surtout comme une aubaine par tous les autres pays, nos concurrents. Lesquels jugeaient que la mondialisation imposait plutôt de travailler davantage. Pis, je me suis rendu compte, revenant au bercail, que le travail n'avait plus chez nous la valeur qu'il avait ailleurs. On lui donnait sa part, rien que sa part, bornée par d'impérieux loisirs. N'est-ce pas ainsi qu'ont commencé tous les déclins ?
(Page 293)
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Le coton réclame assez peu d'eau (soixante-quinze centimètres de pluie ou d'irrigation) ; mais, pour fleurir, il a besoin de beaucoup de chaleur et surtout de lumière. Il est aujourd'hui planté entre le 37ème parallèle nord et le 32ème sud, sur trente-cinq millions d'hectares, dans plus de quatre-vingt-dix pays. Mais quatre d'entre eux: la Chine, les USA, l'Inde et le Pakistan, représentent soixante-dix pour cent de la production mondiale. Viennent ensuite le Brésil, l'Afrique de l'Ouest et la Turquie.
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La soumission de l'ouvrier chinois est une longue tradition. Elle est même gravée dans la pierre.
A cent kilomètres à l'ouest de Shanghaï, Suzhou est, aujourd'hui, l'une des capitales de la haute technologie. Une zone nouvelle lui est consacrée. (six milliards de dollars investis). Y sont fabriqués chaque jour vingt-huit mille ordinateurs portables (le quart de la production mondiale). Mais Suzhou existe depuis le VIème siècle avant notre ère.
En des temps encore reculés (du XIII ème au XVIII ème siècle), Suzhou était réputée pour ses soieries que les caravanes transportaient jusqu'à l'Europe via les oasis de l'Asie centrale.
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L'âge d'un pays se reconnaît tout de suite au rythme de l'air, une sorte de pouls. Chez nous, il est craintif, paresseux, alangui. La jeunesse du Brésil vous fait sentir la France vieille, si vieille.. Et rien de plus jeune, au Brésil, que cette savane brute, le Mato Grosso: les terres sont à peine défrichées, les villes viennent de surgir du sol. Et les directeurs n'ont pas tout à fait quitté l'adolescence, comme les généraux de Napoléon.
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Le coton est le porc de la botanique : chez lui, tout est bon à prendre. Donc tout est pris. D'abord, on récupère le plus précieux : les fibres. Ce sont ces longs fils blancs, formant les flocons qui entourent les graines. Des machines vont les en séparer. Les fibres du coton sont douces, souples et pourtant solides. Elles résistent à l'eau et à l'humidité. Elles ne s'offusquent pas de nos transpirations. Sans grogner, elles acceptent d'être mille fois lavées, mille et une fois repassées. Elles prennent comme personne la teinture, et la gardent... La longue liste de ces qualités a découragé les matières naturelles concurrentes, animales et végétales. La laine et le lin ne représentent plus rien. Si la fibre synthétique domine le marché du textile (soixante pour cent), le coton résiste (quarante pour cent). Et c'est ainsi que le coton vêt l'espèce humaine. Il ne s'en tient pas là.
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