Jamais animal n'habitera une maison, ne dormira dans un lit, ne portera de vêtements, ne touchera à l'alcool ou au tabac, ni à l'argent, ni ne fera négoce. Toutes les mœurs de l’Homme sont de mauvaises mœurs.
Les cochons, à vrai dire, ne travaillaient pas : ils distribuaient le travail et veillaient à sa bonne exécution. Avec leurs connaissances supérieures, il était naturel qu'ils prennent le commandement.
Il semblait qu’en quelque sorte la ferme s’était enrichie sans que les animaux en soient mieux lotis pour autant – à l’exception, bien sûr, des porcs et des chiens.
Tous les animaux sont égaux, mais il y a des animaux plus égaux que d'autres.
Une autre coutume singulière, d’origine inconnue, consistait à défiler chaque dimanche matin devant le crâne d’un vieux verrat, cloué à un poteau du jardin. Cet usage serait aboli également, et déjà le crâne avait été enterré.
Les moutons étaient tout juste de retour que, dans la douceur du soir – alors que les animaux regagnaient les dépendances, le travail fini –, retentit dans la cour un hennissement d’épouvante. Les animaux tout surpris firent halte. C’était la voix de Douce. Elle hennit une seconde fois, et tous les animaux se ruèrent dans la cour au grand galop. Alors ils virent ce que Douce avait vu.
Un cochon qui marchait sur ses pattes de derrière.
Et, oui, c’était Brille-Babil. Un peu gauchement, et peu accoutumé à supporter sa forte corpulence dans cette position, mais tout de même en parfait équilibre, Brille-Babil, déambulant à pas comptés, traversait la cour. Un peu plus tard, une longue file de cochons sortit de la maison, et tous avançaient sur leurs pattes de derrière. Certains s’en tiraient mieux que d’autres, et un ou deux, un peu chancelants, se seraient bien trouvés d’une canne, mais tous réussirent à faire le tour de la cour sans encombre. À la fin ce furent les aboiements formidables des chiens et l’ardent cocorico du petit coq noir, et l’on vit s’avancer Napoléon lui-même, tout redressé et majestueux, jetant de droite et de gauche des regards hautains, les chiens gambadant autour de sa personne.
Il tenait un fouet dans sa patte.
Tous les animaux sont égaux.
Mais certains sont plus égaux que d'autres.
L'homme ne connaît pas d'autres intérêts que les siens.
(Sage l'Ancien)
- Pas de sentimentalité,camarade ! s'écria Boule de Neige dont les blessures saignaient toujours. La guerre, c'est la guerre. L'Homme n'est à prendre en considération que changé en cadavre.
- Je ne veux assassiner personne, même pas un homme, répétait Malabar, en pleurs.
Et c'est la main qui fait la marque distinctive de l'homme : la main qui manipule, la main de malignité.