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Un tueur en série qui s'acharne sur les prostituées, un braquage musclé "à l'américaine" et une guerre des Polices pour couronner le tout.
A première vue rien de vraiment novateur dans ce polar.

Mais nous ne sommes pas à Chicago ni à Paris, mais au Gabon.
Le coup de l'environnement exotique est un recours fréquent des auteurs en mal d'inspiration et dont la redondance a fini par lasser les fans les plus irréductibles.

Ce type de délocalisation s'avère souvent artificiel et truffé de lieux communs.
Pas de ça ici, Janis Otsiemi connait le Gabon, il y est né.
Dès lors on lui pardonne la banalité relative d'une intrigue largement compensée par le tableau à la fois picaresque et grinçant de la société gabonaise.

Mais, plus encore que ces dénonciations "sans y toucher", c'est la richesse imprévisible et jubilatoire de la langue française telle qu'elle est réinventée en Afrique qui m'a définitivement séduit.

Je reviendrai avec plaisir vers cet auteur.
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Vous voulez en apprendre un peu plus sur le Gabon ? Oubliez le Guide du Routard, trop gentil, et ouvrez plutôt ce roman !

L'auteur est sans concession aucune envers son pays, gangréné par la corruption qui se pratique à tous les étages, tout en sachant que plus on est haut dans la société, plus on peu corrompre et s'en mettre plein les poches.

Celui qui voudrait rester honnête ne le pourrait pas. Oui, ici la corruption et le clientélisme sont des véritables sports nationaux.

Ici, il dit tout ce qu'un guide touristique ne dirait pas et que le politiquement correct (ou la trouille des répressions) évite de dire, entre autre, les problèmes entre les ethnies. Si un bureau est rempli de Fangs, n'y faite pas entrer un Myènè.

Le dépaysement est garanti dans ce roman car nous ne faisons pas que de changer de pays, de continent, de culture…

L'auteur étant du pays, il nous parle en connaissance de cause, émaillant ses dialogues de mots bien de chez lui, avec les traductions en bas de pages, parce que leurs expressions ne sont pas les mêmes chez eux que chez nous. Ou le contraire, tout dépend dans quel pays on se place.

Ici, les flics n'ont rien de Sherlock Holmes, rien des Experts Miami… On bosse encore à l'ancienne et niveau recherches des preuves, ma foi, on tabassera le suspect d'abord, on vérifiera après. La preuve, la résolution des crimes ne passera pas par de puissantes déductions, mais devra plus à la chance et aux renseignements obtenus.

J'ai eu juste un peu de mal au départ avec les différents personnages, n'arrivant pas à assimiler qui était qui et faisant un bouillon avec tout le monde avant que le cerveau ne se reconnecte et enregistre le tout.

Un cadavre sur la plage, un trafic d'armes, une enquête, un braquage de fourgon blindé, une autre enquête, des prostituées (lucioles) qui se font assassiner sauvagement, on secoue et hop, on vous emballe le tout dans un chouette petit roman bien dépaysant, avec des chapitres courts, des proverbes bien de chez eux, des expressions aussi, une grosse louche de corruption et le tour est joué.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Libreville, Gabon. Les flics ont du boulot : un mort par balles, un meurtrier qui s'amuse à tuer et mutiler des prostituées, un braquage avec des armes volées à la préfecture de police.
Et les flics ont une seule arme pour mener leurs enquêtes : le flair. Là-bas, pas de police scientifique, pas d'analyse d'ADN. Accessoirement, les interrogatoires musclés et sanglants aident bien souvent à délier les langues. On fait avec ce qu'on a.

L'intrigue est somme toute classique. Mais ce qui fait toute la différence, c'est l'écriture de Janis Otsiemi. Elle nous fait immédiatement voyager et plonger dans les bas fonds visqueux de la capitale gabonaise. Sa force est de s'appuyer sur les images, sur la richesse des mots, sur leur fantaisie.
C'est dépaysant, parfois déroutant mais vraiment attirant.

Janis Otsiemi effleure également les codes sociaux de son pays, les rivalités entre ethnies, le poids des traditions encore bien présent, les désillusions et le système D.

Une belle découverte au hasard des rayons de la librairie pour illustrer le O du challenge ABC.
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Je commence ce commentaire (on est le 5 septembre) alors que je n'ai encore lu qu'un peu moins des deux tiers du livre, mais je suis provisoirement « bloquée », car l'exemplaire (en broché) que j'ai, passe de la page 128 à la page 145. Alors, dans l'attente du nouvel exemplaire commandé (en espérant que celui-là sera bon !), j'ai interrompu ma lecture, mais il y a déjà tant à en dire que je pense ne pas trop m'égarer en établissant mon ressenti dès aujourd'hui.
Quelques jours plus tard, le 18 septembre… Je complète maintenant que j'ai (enfin !) terminé le livre : les quelques pages manquantes étaient, à mon sens, indispensables pour le sens global du livre, je suis donc bien contente d'avoir attendu de recevoir un exemplaire entier ; pour le reste, mes premières impressions notées ci-dessous dans un premier jet, restent entièrement valables, je n'ai désormais plus qu'à confirmer mon sentiment global.

Ainsi donc, écrivais-je déjà en plein milieu de ma lecture, il est carrément impossible d'entamer un livre de Janis Otsiemi sans savoir que c'est un auteur africain, plus précisément un Gabonais, que plusieurs présentent comme un nouveau maître du polar. Ça tombe bien : j'aime beaucoup lire des polars, mais j'en ai parfois un peu marre des éternels français ou américains, ou même des nordiques (que je pratique pourtant beaucoup moins). Or, même s'ils sont loin d'être redondants et que la lecture de certains, en tout cas, apporte son lot de nouvelles surprises, on reste quand même dans un monde que l'on finit par connaître plutôt bien. Sans arriver pour autant à de la lassitude (je continue encore et toujours à lire des polars nord-occidentaux, la plupart du temps avec plaisir !), il fait bon parfois être confrontée à un dépaysement plus ou moins marqué – et ici, autant le dire tout de suite, c'est un véritable bouleversement, souligné au fluo et clignotant avec vivacité !

Pourtant, on pourrait croire d'emblée qu'on sera dans un environnement potentiellement difficile (après tout, c'est un polar, n'est-ce pas ?) mais positivement poétique, en témoigne le joli titre. Eh bien, sachez-le : il n'en est rien ! (et je vous le dis en connaissance de cause : je m'étais bien un peu laissé piéger)
Ce titre nous plonge d'emblée dans un monde dur, car « luciole », c'est l'un de ces mots imagés qu'emploient les Gabonais pour désigner… les prostituées ! Par ailleurs, ce seul titre suffit à nous plonger dans une langue riche et foisonnante, parfois à la limite du vulgaire – et je ne parviens pas à décider si c'est délibéré pour bien nous plonger dans un certain monde (après tout, c'est un polar, bis), ou si c'est tout simplement la façon de parler « là-bas », que le francophone européen considère d'un regard biaisé et bien un peu malveillant, alors que nos propres discours sont trop souvent émaillés de mots douteux, grossièretés et autres obscénités plus ou moins choquantes, y compris en littérature ! Mais, disais-je donc, c'est aussi et surtout une langue riche et foisonnante, pleine d'expressions locales, parfois immédiatement compréhensibles, parfois un peu plus tirées par les cheveux et/ou liées à des événements locaux dont moi, en tout cas, je n'avais pas les clés sans explications. Or, justement, Jigal a veillé à « traduire » chacun de ces mots, chacune de ces expressions, par une note de bas de page (sans avoir fait d'étude statistique rigoureuse, j'estime qu'il y en a au moins deux par page, surtout dans ces deux premiers tiers du livre) et, cerise sur le gâteau : le mot concerné, dans le texte, est écrit en italique, si bien qu'on ne peut vraiment pas le manquer !
Seul petit bémol (qui me donne l'impression de dire quelque chose pour dire quelque chose…) : ces divers mots et expressions sont explicités une seule fois… mais certains reviennent ensuite dans le texte, et ne sont alors plus en italique, ni réexpliqués, ce qui m'a quelquefois posé problème, car je ne les ai pas forcément tous retenus, et comme je disais, tous ne sont pas facilement identifiables. Mais bon, c'est un moindre mal, qui aurait pu être « corrigé » avec – par exemple – un glossaire en fin de volume, solution qui présente aussi ses inconvénients, cela dit, comme l'obligation d'aller chaque fois à la fin du livre, alors qu'ici, (presque) tout est directement sous la main : bravo à l'éditeur pour ce travail !

Outre la langue, ce polar nous plonge également dans un monde qui est inimaginable à nos yeux d'Occidentaux, et on en est presque à se demander si on a connu une telle situation à une quelconque époque antérieure d'une police très organisée mais gangrénée par la corruption politicarde (entre autres) et surtout, surtout, surtout, sans aucun de ces moyens techniques qui sont devenus tellement évidents et incontournables dans nos sociétés occidentales – et dont l'importance est mise en avant à travers tous les polars de chez nous, sans même parler des nombreuses séries télévisées – alors que, quelques milliers de kilomètres plus ou sud, ça ressemble à de la science-fiction. Ici à Libreville, pas de médecine légale, pas d'analyses ADN ou simplement de relevés d'empreintes digitales ; pas non plus la moindre délicatesse envers les prévenus, dont on extorque les aveux selon ce dont on a besoin, par passage à tabac…
Pour citer un autre exemple : j'ai halluciné lors de la scène de l'attaque du camion de transports de fond ! C'est que, là-bas, on transporte les billets de banque dans une caisse sans système de sécurité particulier, que l'on dépose dans une cantine en fer, fermée par de simples cadenas !? Certes, de tels fourgons aussi peu sécurisés ont existé chez nous aussi… quand j'étais gosse (c'est-à-dire il y a longtemps !), ou même avant. Mais bon, ça fait des années que les transports de fonds, chez nous, sont tellement sécurisés qu'il faut appartenir au grand banditisme, être (très) lourdement armé et un peu cinglé (sachant que désormais les billets sont marqués, et/ou se marquent à la moindre ouverture du coffre) pour oser encore s'y attaquer… inimaginable pour un groupe de jeunes désoeuvrés sans envergure, et ayant (presque) tous une vague volonté de s'afficher dans une activité plus ou moins légale !

Ainsi, l'auteur nous raconte une histoire, tout simplement, et une histoire double : celle de cet homme atteint du SIDA qui a décidé qu'il ne mourra pas seul, ou ce groupe d'amis d'enfance vaguement interlopes qui ont fait le casse du siècle. On en viendrait presque à trouver sympathiques les quelques policiers chargés de ces enquêtes, pourtant tellement corrompus qu'ils ne valent pas mieux que nos malfaiteurs qu'ils tentent de poursuivre – malfaiteurs dont l'histoire particulière nous est donc présentée elle aussi, le lecteur sait directement qui a fait quoi et pourquoi dans cette double histoire : il ne joue décidément pas sur le suspense que peut contenir un polar, mais ça ne manque même pas !

Par ailleurs, Janis Otsiemi ne dresse pas un tableau noir de son pays. Il donne l'impression, tout en nous contant la vie à un instant T de ces quelques protagonistes dont l'un ne vaut pas mieux que l'autre, et tous ensemble sont attachants ; bref, il donne l'impression d'à peine effleurer toute une série de problématiques propres à son pays – que le lecteur européen présuppose d'emblée typiques de l'Afrique en général, or ici on voit pourtant quelques spécificités bien locales.
Ainsi en est-il de la corruption, dont j'ai déjà parlé ci-dessus (et qui existe tout autant chez nous, mais est peut-être combattue de façon plus efficace désormais ? hum...). Il évoque aussi les conflits inter-ethniques, notamment entre les Fangs et les Batéké, tensions larvées mais bien présentes, au sein même de la police (et probablement d'autres administrations) – une situation qui n'est pas sans rappeler ce qu'écrit, avec beaucoup plus de pessimisme, un certain Deon Meyer en Afrique du Sud (entre Zoulous et Xhosas alors) ! Il est aussi régulièrement question d'événements politiques, dont je n'ai pas la moindre idée car la politique gabonaise fait très rarement la une des journaux par chez nous… mais si ce n'est que brièvement expliqué, et vaguement intelligible, ça n'entrave pas la compréhension de l'histoire.
Plus surprenants sont, par exemple, l'évocation de la prostitution camerounaise au Gabon, quelques Congolaises ou Équato-guinéennes aussi, ces jeunes filles venues de leur pays encore plus pauvre, ne parlant souvent que leur langue tribale et à peine le français, car le Gabon leur offre de plus grandes « perspectives d'avenir »… Ou encore, si nombre de jeunes Gabonais espèrent obtenir une bourse d'études pour la France, le pays de rêve par excellence, obtenir une bourse pour la Tunisie semble une fameuse promotion quand même. (Honnêtement : qui, chez nous en Belgique ou en France, à moins d'avoir des connaissances spécifiques ou un projet particulier, rêverait d'avoir une bourse pour aller étudier en Tunisie, synonyme de pays de cocagne ?...)

Avec tout cela, l'histoire avance peu à peu et on suit les policiers dans leurs investigations, comme je disais sans véritable surprise puisque le lecteur est au courant de tout depuis le début. Néanmoins, j'ai été un peu déçue de voir comme tout s'emballe d'un seul coup dans les dernières pages : alors que les situations semblaient inextricables, les forces de l'ordre trouvent tout à coup la solution de chacune des deux histoires d'une chiquenaude, c'est trop facile, au point qu'on se dit « tout ça pour ça » ! de plus, l'auteur nous sert tout à coup une guerre des polices, entre police judiciaire et gendarmerie, qui ont traité séparément chacune des deux affaires qui nous occupaient, sans aucune intervention croisée , alors qu'il y était peu fait allusion jusque-là (ou alors j'ai loupé cet aspect, toute accrochée que j'étais à découvrir un réel « nouveau monde » !), et que ça n'apporte pas grand-chose à la compréhension finale des choses, si ce n'est accentuer encore une fois une corruption très, très présente à tous les niveaux au Gabon, et certainement dans les forces de l'ordre, mais on en était avertis dès le début.
Mais voilà : cette conclusion un peu abrupte donne une impression de précipitation, comme si l'auteur en avait eu assez d'écrire et avait tout résolu en quelques lignes sans plus aucune vraie surprise ni valeur narrative, pour en finir : dommage, car ça gâche une impression d'ensemble autrement très réussie, entre originalité et ce reflet d'une réalité bien dure, qu'on devine être le quotidien dans ce lointain Gabon…

Ainsi, en refermant ce polar, je peux dire que l'intrigue même est peut-être un peu décevante, mais ce n'est pas pour ça qu'on lit un tel polar Je retiens surtout sa grande originalité liée à ses réalités gabonaises, qui peuvent paraître archaïques ou hallucinantes à nos yeux nord-occidentaux quand il s'agit de traiter une (double) affaire criminelle. J'ai apprécié la grande richesse d'un langage foisonnant, parfois à la limite du vulgaire, souvent très imagé, indéniablement très « couleur locale », qui participe à nous transporter dans un autre monde : dépaysement et plaisir de lecture garantis !
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Il me revient une anecdote racontée par un grand chanteur Québécois. Il racontait qu'un jour, interviewé par un journaliste de la Métropole, ce dernier lui avait déclaré à l'issue de l'entretien « Vous savez, vous parlez vraiment bien le français ! » Et le chanteur, surpris et agacé, de répondre « c'est normal c'est ma langue ! »

A l'heure où l'académie Française, muséum d'histoire naturelle de la langue française, s'apprête à se rabaisser à étudier la candidature d'un PPDA pour regarnir ses rangs, il est agréable de se rendre compte qu'il existe encore des endroits où cette langue ne sent pas le vieux strapontin ou le formol.

Qu'au contraire, elle est encore féconde, et chaque jour réinventée dans la bouche de populations aussi diverses que lointaines. Il en va ainsi en Afrique où la poésie et l'imagination des gens offrent encore à notre langue commune de bien jolis bouquets de mots.

C'est la première fois que je m'aventure sur les terres littéraires africaines francophones, et en particulier celles du polar d'Afrique de l'Ouest. Mais avec un titre aussi beau que « le chasseur de lucioles », difficile de résister à l'invitation au voyage, à celle de survoler la Méditerranée pour fouler dans l'imaginaire, la terre de ce Gabon que l'on devine riches en couleurs.

Et il ne faut pas bien longtemps au lecteur pour se laisser envoûter par le style de Janis Otsiemi, de se laisser aller au sourire quand ses yeux caressent les mots et expressions imagées pour relater une situation qui n'est pas forcément rose dans ce pays de la débrouille.

L'intrigue est des plus classique. Deux enquêtes en parallèles, distinctes, qui n'ont pas de liens entre elles.

L'histoire d'un braquage d'abord. Celui mené par des jeunes qui n'ont rien à perdre et qui s'en prennent un fourgon de transport de fonds. Et parce qu'ils ont usé d'armes lourdes qui pourraient être utilisées dans une hypothétique tentative de coup d'état , les enquêteurs Boukinda et Evame , gendarmes de leur état, s'attacheront à remonter leur piste sanglante.

Celle d'un serial killer ensuite. de cet employé d'assurance qui découvre qu'il est séropositif et qui fou de rage, décide de projeter dans cette mort qui lui est promise , des prostituées, ces lucioles qui lui ont si souvent fait tourner la tête, et dont il soupçonne l'une d'entre elles de lui avoir transmis ce « Syndrome Inventé pour Décourager les Amoureux » .

Ne pas partir seul dans le grand néant rend sans doute la mort moins effrayante. Alors il les éventre à coup de tessons de bouteilles, et les cadavres s'accumulent. Sur sa piste, les policiers Kumba et Owoula, qui n'hésitent pas, quand ils se rendent sur les scènes de crime à extorquer quelques billets aux patrons des lieux pour leur éviter des poursuites pour avoir ouvert une maison de passe illégale.

Le lecteur ira au bout de ces intrigues ordinaires. Mais il en trouvera cependant une saveur toute particulière à travers les portraits de cette multitudes de personnages qui peuplent ce roman, et les pratiques hors du commun de cette société urbaine de Libreville.

Là bas, point de technologie de pointe. L'interrogatoire musclé tient lieu de test ADN, et le flair du flic vaut n'importe quelle expertise scientifique d'une scène de crime. Et la débrouille pour le bien ou pour le mal, tient lieu d'art de vivre contraint.

Mais l'intérêt du roman est ailleurs. Si ordinaires soient elles, ces intrigues permettent surtout de mettre en perspective une société gangrenée par des maux communs à beaucoup de pays africains, comme la corruption et la combine, et d'autres qui lui sont propres. Les fondations de la démocratie gabonaise reposent n'ont pas sur le mérite ou les compétences de ses citoyens, mais sur leur appartenance ethnique, qui commande dès lors la distribution des responsabilités de pouvoir. « le tribalisme, doublé du népotisme, du clientélisme et de l'allégeance politique est ici un sport national, comme le football l'est au brésil. ».

Même si l'histoire méritait une plus grande profondeur , l'escapade en Afrique francophone valait amplement le détours. de la couleur dans les mots, de la poésie dans les images, apportent un vrai bol d'air au lecteur qui sort ainsi des sentiers battus du genre littéraire qu'il apprécie.

Janis Otsiemi donne des ailes à cette langue que nous avons en partage , qu'il réinvente et dont il nous régale à travers les dialogues de ses personnages ou les proverbes qui fleurissent au début de chaque chapitre, nous faisant redécouvrir le charme de ses sonorités, la force de ses mots et la magie de ses métaphores.

Un auteur qu'il convient donc de découvrir pour mettre un peu de soleil et d'exotisme dans nos lectures !

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Un mort par balles, un braquage, des prostituées (les “lucioles”) atrocement mutilées et tuées,... les policiers de Libreville ont du pain sur la planche...

Intrigues policières et portraits de flics et truands assez classiques, rien de très surprenant à ce niveau-là. Mais, particulièrement intéressée par le Gabon, j'ai surtout apprécié cette plongée dans Libreville. L'ambiance des quartiers, les descriptions de la ville et de ses habitants, le fonctionnement et les rouages administratifs, la corruption omniprésente...
Et puis, une langue, parsemée de proverbes africains et d'expressions gabonaises, une manière d'aborder les sujets, qui dépaysent et nous donnent envie de mieux connaître encore cette culture.
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Janis Otsiemi signe un polar des plus intéressants. En effet, on ne tourne pas les pages pour savoir qui est l'assassin des prostitués ou les braqueurs du fourgon qui ont récupéré 20 millions de francs CFA car leurs identités nous sont révélées dès le début, mais pour l'ambiance du livre. On plonge dans la misère et la prostitution du Gabon ainsi que dans la police du pays qui est gangrenée de l'intérieur. de plus, la problématique du sida au Gabon (mais aussi dans la plupart des pays africains) est très bien traitée et décrite.
L'atmosphére réaliste du livre est accentuée par l'écriture de Janis Otsiemi qui utilise le jargon local de manière récurrente. Cette présence n'est pas dérangeante car le sens est compréhensible et des annotations sont faites en bas de page. Janis Otsiemi a eu une bonne idée en faisant commencer chaque chapitre par un diction local le résumant.
Le chasseur de lucioles se lit vite grâce à l'action qui est menée à bon rythme et à des chapitres assez courts.

Le chasseur de lucioles a donc été une bonne découverte et je pense lire d'autres polars de Janis Otsiemi.

Lien : http://mapetitebibliotheque...
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Ce sont des semaines mouvementées qui s'ouvrent à Libreville avec le meurtre d'un homme, abattu sur une plage, le braquage d'un fourgon de transport de fonds et, surtout, les meurtres de prostituées affreusement mutilées qui semblent être l'oeuvre d'un tueur en série. Dans une ville où la rumeur court très vite et où les policiers sont partagés entre leur devoir et la possibilité de toucher des pots de vin conséquents, les enquêtes peuvent s'avérer difficiles à mener.

Le chasseur de lucioles n'est ni un thriller (il nous épargne les scènes gratuitement violentes et ne fait pas monter la tension), ni un whodunit (on sait dès le départ qui sont tous les coupables), et à peine un roman de procédure (parce que, comme le rappelle l'un des protagoniste « On n'est pas à New York », et que plus que de procédure, on parle ici de tâtonnements, de s'en remettre en partie au hasard et, surtout, aux indicateurs). C'est plus un roman d'ambiance et un roman en quelque sorte social, que Janis Otsiemi écrit.
Il a pour le lecteur français ignorant de la réalité quotidienne africaine un certain exotisme accentué par l'usage d'une langue imagée et agréable dont la curiosité est renforcée par la présence en ouverture de chaque chapitre d'un proverbe africain. Sous le couvert du polar, on découvre la chair de ces maux qui touchent l'Afrique et que l'on connait souvent de manière théorique par le biais des journaux ou de la télévision : chômage, corruption, immigration transfrontalière poussée par la misère, pandémie de SIDA…

Le voyage est certes instructif mais, à développer deux grandes intrigues sans lien l'une avec l'autre (le braquage et le tueur en série), tend parfois à s'éparpiller et à rester en surface là où, peut-être (c'est mon cas), le lecteur curieux aurait aimé voir approfondis certains aspects sociétaux mais aussi certains personnages dont il a parfois du mal à saisir complètement les motivations.

Ces limites posées, il faut bien dire qu'Otsiemi installe en tout cas une ambiance moite et grise saupoudrée d'une ironie piquante quand elle n'est pas carrément mordante (ce qui empêche le développement de tout discours lénifiant) et propose au lecteur un voyage dépaysant et instructif. Un voyage dans un pays et dans une langue. Un plutôt beau voyage au final.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Otsiemi Janis, - "Le chasseur de lucioles" - Pockett (éditions Jigal), 2012 (ISBN 978-2-266-23651-5)

Autant préciser immédiatement que l’intrigue est plate et sans originalité : les "lucioles" évoquées ici sont les prostituées qu’un vilain méchant entreprend de tuer en série, pendant que d’autres gangsters aux petits pieds montent un casse minable qui tourne mal.

Seul intérêt de ce texte : il est écrit par un auteur gabonais, né en 1976 à Franceville au Gabon, qui a reçu tout plein de prix littéraires dans son pays. C’est évidemment amusant et bien goutu de relever les "gabonismes" du genre "s’arriérer" pour "se reculer", "se cadeauter le coude" pour "s’envoyer un coup de coude", ou encore "avoir des projets à la rompée" pour – je suppose – "avoir beaucoup de projets".
Autre trait (vraiment propre au Gabon ?) : à la fin du roman, le flic va voir le gangster pour exiger sa propre part, et clore ainsi l’affaire.
En tête de chaque chapitre, l’auteur glisse une sentence probablement africaine ( ?) à moins qu’elle ne soit de son cru dans un ton africain, du genre "cabri mort n’a pas peur du couteau" ou "si une femme s’accroupit, c’est que son pagne est trop court". Faux exotisme de pacotille, ou variante du français réellement parlé au Gabon ?

Pas fameux, mais peut-être utile aux linguistes dans un siècle… lorsque – nous annonce-t-on – environ 80% des locuteurs en français seront africains.
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Plaisant à lire grâce à une écriture fluide, mais mêler autant de thèmes, d'affaires en si peu de pages laisse un goût d'à peu près.
Cependant, ce livre offre un certain dépaysement, transportant le lecteur dans un univers complexe où l'action ne manque pas.
Malgré la surcharge de thèmes, Janis Otsiemi parvient à maintenir l'intérêt, offrant une bonne expérience de lecture.

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