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EAN : 9782081407442
240 pages
Flammarion (17/01/2018)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Comment le djihad moderne est-il né ? Comment al-Qaida et Daesh son fils naturel se sont-ils développés ? Qui était vraiment Ben Laden et quels furent ses soutiens ? Quels sont les gouvernements impliqués dans le développement et le financement du djihadisme moderne ? La défaite annoncée de l'État islamique en Syrie et en Irak et le recul d'al-Qaida, en Asie et en Afrique notamment, annoncent-ils la fin du terrorisme islamiste dans le monde ?L'histoire, les secrets ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Sous ce titre plutôt racoleur et assez inexact, ce livre relate les contenus d'un « entretien-fleuve » du journaliste Lemine Salem, Mauritanien spécialiste des mouvements djihadistes au Maghreb et au Sahel, avec Abou Hafs, qui a été le mufti d'Al-Qaida – donc numéro trois dans la hiérarchie de l'organisation – et l'ami intime, le confident de Ben Laden. Après les trois chapitres initiaux concernant le contexte de l'entretien et les premières années du parcours d'Abou Hafs, avant sa rencontre avec Ben Laden, au Soudan, en 1992, la plus grande partie du texte présente la vie quotidienne auprès du leader djihadiste et au sein d'Al-Qaida. Abou Hafs a vécu dans l'intimité du terroriste, en qualité d'expert en religion, professant des enseignements théologiques et prodiguant ses expertises ès charia au profit de Ben Laden, de ses enfants et des membres du groupe djihadiste, d'abord au Soudan, puis en Afghanistan, jusqu'à la veille du 11 Septembre 2001 lorsqu'il s'éloigne de son employeur et démissionne de l'organisation, étant en désaccord sur sa ligne politique. le lendemain de l'attentat le plus retentissant de l'Histoire récente, le groupe s'exile et se désagrège : Abou Hafs, chargé quand même de l'expatriation de certains confrères, trouvera asile pendant dix ans en Iran, un asile plutôt semblable à une détention, et rentrera enfin dans sa Mauritanie natale en 2012.
Outre l'arrière-plan de l'organisation terroriste, l'ambiguïté de l'hospitalité-protection-refoulement au Soudan, en Afghanistan, Pakistan, Iran, parfois dans la clandestinité, parfois au vu et au su de tous, la relative facilité des déplacements internationaux d'une « cour » composée de centaines de personnes (avec les familles des dirigeants djihadistes), les enjeux de « gros sous » qui entouraient le personnage Ben Laden, je retiens les faits historiques suivants :
- le différend entre Ben Laden et le royaume saoudien, qui l'a ensuite déchu de sa nationalité et gelé son énorme patrimoine, remonte à l'invasion du Koweït par Saddam Hussein, lorsque les Saoudiens, effrayés, refusent l'aide de Ben Laden et choisissent de se faire protéger par les États-Unis.
- L'amitié entre Ben Laden et le mollah Omar, le chef des talibans, a duré un temps réduit : ce dernier en tant qu'hôte, avait ordonné à Ben Laden, son invité, de s'abstenir de commanditer des actes terroristes pouvant mettre en danger son pouvoir en Afghanistan ; Ben Laden, au contraire, voulait ardemment entraîner les États-Unis dans une guerre en Afghanistan, convaincu qu'ils s'y embourberaient à l'instar de l'Union Soviétique. Il a désobéi, s'est trompé dans son analyse et a été à l'origine de plusieurs catastrophes.
- Lors de l'attentat du 11 Septembre, Ben Laden était complètement désargenté : sans cela le scénario de la terreur aurait été autrement plus apocalyptique. En particulier, Ben Laden avait en cours plusieurs programmes pour se saisir de l'arme nucléaire et d'un arsenal chimique et bactériologique.
- Lorsque l'on parle de nébuleuse djihadiste, il faut garder à l'esprit toute la dimension internationale des affiliés, de leurs réseaux, des complicités et complaisances de nombreux États enclins au double jeu (cf. Pakistan, Arabie Saoudite, etc.) voire même d'improbables alliances de circonstance (cf. l'Iran, la Syrie...), et s'attendre à ce qu'une multiplicité d'organisations se forment et se désagrègent, se phagocytent et se fracturent les unes les autres, au gré de l'apparition de leaders charismatiques, du surgissement de circonstances spécifiques et des dynamiques historiques globales.
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Un bon résumé sur la question du djihad et de ses principaux acteurs.

La lecture est aisée et la source de l'auteur est un compagnon de lutte d'Oussama Ben Laden, Abou Hafs dont on peut supposer qu'il a vécu les événements au plus près même si on peut douter de la véracité de la totalité de ses propos, il peut les avoir enjolivés ou cachés certains points.
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critiques presse (1)
Liberation
01 mars 2018
Le journaliste Lemine Ould M. Salem a pu s’entretenir avec Abou Hafs al-Mauritani, l’ancien numéro trois d’Al Qaeda. Il en tire une prenante «Histoire secrète» du jihadisme contemporain.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Sa priorité était une bombe nucléaire, à cause de sa capacité destructrice, mais aussi parce qu'elle peut être transportée de manière discrète. (…) Al-Qaida a travaillé sur cette arme dès la chute de l'Union soviétique. Des stocks étaient entreposés par Moscou dans des pays d'Asie centrale.

Pour les trouver, Ben Laden avait envoyé une équipe, munie de beaucoup d'argent, là encore cadeau de donateurs et sympathisants d'Al-Qaida, faire le tour de ces anciennes républiques soviétiques. C'était une obsession chez Ben Laden. Mais ses hommes revenaient à chaque fois bredouilles et certains ont même été arrêtés. Al-Qaida parvenait à les libérer en usant de corruption.
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Le chef des services secrets expose tranquillement la requête américaine: le mollah Omar est instamment prié de «lâcher» Ben Laden, afin qu'il puisse être capturé et extradé vers Washington. Sans doute le Pakistanais évoque-t-il aussi la contrepartie offerte aux talibans par les Américains, mais de cela Abou Hafs ne dit mot. (…)

C'est alors qu'a lieu un incroyable retournement de situation: immédiatement après avoir délivré son message, le Pakistanais termine son discours avec cette conclusion: «Mollah Omar, voilà ce que les Américains te demandent. Maintenant, si tu le permets, je vais te donner mon avis personnel sur cette requête: je te conseille de ne pas l'accepter!» Ainsi donc, l'émissaire pakistanais des Américains a rempli sa mission avant d'aussitôt après la saboter!»
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« [… Propos d'Abou Hafs :] les Américains m'ont confirmé qu'ils n'avaient rien contre moi, qu'ils avaient les preuves que j'étais contre les attaques du 11 Septembre. Mais ils voulaient que je les aide à comprendre pourquoi les musulmans les haïssaient...
"Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas musulmans, leur ai-je expliqué, ni même parce que vous êtes américains ou occidentaux. Al-Qaida ou pas, tant que votre politique sera orientée contre les musulmans et l'islam, comme on le voit en Palestine, en Irak, ou ailleurs, vous serez visés par des attaques djihadistes". » (p. 219)
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« Soyons réalistes : si Ben Laden avait été un simple prédicateur du djihad désargenté, Abou Hafs et bien d'autres auraient-ils fait route à ses côtés ?
Certes le djihad moderne a été en grande partie favorisé par un ensemble de facteurs politiques (contextes locaux dans certains pays musulmans, situation internationale complexe avec les conflits afghan, irakien, ou israélo-palestinien) sur lesquels s'est greffé un discours idéologique plus ou moins construit. Mais il a également eu une dimension éminemment économique et matérielle. » (p. 223)
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« Dans son entourage [de Ben Laden], ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui sur cette manière de vivre [très spartiate, notamment sans eau courante ni électricité] le faisaient savoir d'une façon très originale […] Ainsi les opposants à la politique d'austérité de Ben Laden portaient des vêtements bien repassés au fer. Ses partisans, […] arboraient des habits froissés. » (pp. 70-71)
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