Je m'arrête aujourd'hui en Russie, dans l'URSS de 1939, alors que Staline était au pouvoir, secondé par un NKVD « féroce et impitoyable », comme le décrit
Ludmila Oulitskaïa dans sa postface. Dans ce roman d'environ cent-trente pages, elle nous emmène à la rencontre d'une histoire vraie : celle d'un chercheur en laboratoire, appelé Mayer dans le livre, qui, alors qu'il travaillait sur un échantillon de peste pulmonaire extrêmement virulant, est contaminé accidentellement. le récit nous emporte dans les jours qui suivent cette contamination, et décrit de manière très factuelle comment la situation a été gérée.
J'ai été troublée dès la première page par le style d'écriture : je me pensais dans une pièce de théâtre, tout en me disant que ce ne serait pas simple à monter en pièce vu la diversité des lieux. J'ai trouvé ma réponse dans la postface (à nouveau) :
Ludmila Oulitskaïa a écrit ce texte, un scénario, en 1988, en espérant pouvoir intégrer des cours (qu'elle n'a finalement pas débutés, le professeur estimant qu'il n'avait rien à lui apprendre). La lecture n'est donc pas des plus agréables en termes de forme.
Le fond, par contre, est bien plus intéressant. le titre, «
Ce n'était que la peste », renvoie à la conclusion du médecin de quartier emmené de chez lui assez énergiquement pour être mis en quarantaine le temps nécessaire. A cette époque où une visite du NKVD à domicile était crainte, à juste titre, rentrer à la maison en disant « C'était juste la peste » signifie beaucoup… Les réactions valent également la peine : une des protagonistes, en voyant arriver le NKVD, dénonce son mari pour des faits n'ayant rien à voir avec leur venue, qui consistait également à le mettre en isolement vu ses contacts récents avec le chercheur. La façon dont l'émergence de la peste est gérée, finalement, qui m'a fait réaliser qu'avec le/la covid (tout dépend de si on parle du virus ou de la maladie, finalement…), le côté drastique des mesures n'avait rien d'inventé…
En résumé, une lecture instructive.