Le feu le plus couvert est le plus ardent.
Si quelqu’un dans un jardin bien arrosé brise la violette, le pavot Et le lys hérissé de langues jaunes, Les fleurs fanées laissent soudain tomber leur tête flétrie, Ne se tiennent plus et regardent, de leur cime, la terre.
Livre X
Il est un chemin dont la pente, assombrie par des ifs vénéneux, conduit, à travers un profond silence, aux demeures infernales ; là les eaux inertes du Styx envoient les vapeurs qu'elles exhalent ; c'est par là que descendent les ombres récentes et les fantômes qui ont reçu les honneurs du tombeau. La Pâleur et le Froid habitent dans toute leur étendue ces lieux incultes ; les mânes nouveaux ignorent où est le chemin qui conduit à la ville du Styx, où est le palais redoutable du noir Dis. Cette ville immense a mille avenues et portes ouvertes de tous côtés ; comme la mer reçoit les fleuves de toute la terre, ainsi ce séjour reçoit toutes les âmes , il n'est étroit pour aucun peuple, il se ne ressent jamais de l'accroissement de la foule. Partout vont et viennent des ombres exsangues, sans chair et sans os ; les unes se pressent au forum, les autres dans le palais du souverain d'en bas ; d'autres se livrent à divers travaux qui leur rappellent leur vie d'autrefois ; d'autres subissent le châtiment qu'elles ont mérité.
Personne ne garde sa forme ; créatrice des choses
la nature rend aux uns les figures des autres.
Livre XV, L’évolution des eaux
Méprisée, elle se cache dans les forêts, couvre sous les feuilles
son visage honteux, vit dans des grottes de solitude.
Son amour est bien accroché, il grandit de la douleur du refus,
les soucis la tiennent éveillée, mincissent le pauvre corps,
la maigreur fripe la peau et dans les airs le suc
du corps va tout entier. Juste une voix, juste restent les os.
Livre III, Narcisse et Écho
L'art se dissimule à force d'art. (Folio, p.329)
Les pierres lancées par des mains masculines prirent la forme d’un homme et le sexe féminin dit une nouvelle vie à celles qu’une femme avait jetées. Voilà pourquoi nous sommes une race dure, à l’épreuve de la fatigue; nous donnons nous-mêmes la preuve de notre origine première.
Il est une route en pente, qu'obscurcit l'œuvre funeste de l'if...
Les membres d’Orphée sont dispersés en divers lieux. Hèbre glacé, tu reçois sa tête et sa lyre, et, ô prodige ! tandis que le fleuve les entraîne, sa lyre fait entendre des plaintes, sa langue inanimée en murmure [...].
Une d’elles, les cheveux épars et flottant dans les airs, s’écrie : “Le voilà, le voilà, celui qui nous méprise” [...]. Ainsi les Ménades entourent Orphée, le frappent [...].