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3,97

sur 263 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une très intéressante découverte que cet auteur cubain que je lis pour la première fois avec cette fiction, où les livres anciens et les antiquaires ont une place de choix...

Si j'ai bien saisi, je "prends le train en route", puisque notre héros, Mario Gronde, était dans des textes antérieurs , un policier. Ce dernier a décidé de quitter la police, et de se lancer dans l'achat et la revente de livres anciens...

Un jour d'été 2003, notre libraire rentrera dans une fabuleuse bibliothèque familiale protégée mais aussi oubliée pendant 40 ans...Notre libraire aura un déclic...en voyant le nom d'une chanteuse de Boléro, des années 50...

Il partira en chasse pour savoir pourquoi après avoir enregistré un disque [ayant reçu un accueil des plus chaleureux ], elle abandonnera tout. Cette enquête...au milieu de cette estimation de bibliothèque va permettre à l'auteur de raconter l'histoire de Cuba...

Astucieux et très prenant !!... Poésie, nostalgie...et moult détails sur l'histoire du pays ...

"Les premières heures de la matinée et les dernières de l'après-midi étaient généralement les plus fertiles pour les vendeurs de livres anciens (...)
Cette foule confuse-fonctionnaires, petits commerçants, retraités, économes, vieux militants désormais sans militantisme mais obstinés à voir de leurs propres yeux l'ultime bastion du socialisme le plus pur, mélangés aux fantoches de tout acabit, convaincus par d'habiles voyagistes que Cuba était un paradis bon marché- avait tendance à s'adonner à d'autres passions plus élémentaires, sensuelles, climatiques et parfois même idéologiques, bien différentes de la bibliophilie."
(Métailié, collection Suites, 2009, p. 73)
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Loin du Cuba exotique pour touristes, Leonardo Padura nous livre un roman noir mélancolique sur La Havane, ses combines et ses désillusions. Son héros, Mario Conde, a quitté la police depuis une dizaine d'années pour devenir un commerçant un peu particulier, achetant des vieux livres afin de les revendre à de riches Américains ou à quelques parvenus locaux. Pour survivre, se procurer du vrai café et de la nourriture, les intellectuels cubains et les grandes familles à bout de souffle doivent se séparer de leurs biens les plus chers: meubles, bijoux et livres précieux, réunis par plusieurs générations. Conde ne fait pas partie des professionnels les plus rapaces, cet idéaliste désappointé tentant de rester honnête dans ce marché de la pénurie. le jour où il franchit la porte de Dinisio Ferrero et d'Amalia, sa soeur, il comprend cependant qu'il pénètre dans un sanctuaire et qu'il va devoir opérer des choix stratégiques : les plus magnifiques ouvrages sur l'histoire du pays, les plus belles éditions originales s'ouvrent devant ses yeux. En furetant, Conde découvre dans un des volumes la photo d'une femme mystérieuse, la chanteuse de boleros, Violeta del Rio. Cette beauté drapée dans une robe satinée fut une star des années 1950, disparue du jour au lendemain. L'ancien flic se réveille : Mario Conde veut savoir qui était cette étoile filante et pourquoi son nom et son visage lui rappellent des souvenirs de famille étouffés depuis quarante ans.

Padura construit son récit en deux parties, en écho au deux faces du disque 78 tours de la mystérieuse chanteuse (Face A : Quitte-moi / Face B : Tu te souviendras de moi), et calque son rythme sur une mélodie lente et lancinante. La jeune femme aurait abandonné la chanson pour se marier à un homme fortuné de la Havane mais la révolution et le renversement de Batista ont accéléré les exils. Violeta del Rio a dès lors disparu des mémoires et rares sont les fantômes du passé qui peuvent se remémorer cette voix et ce visage angélique. Alcides Montes de Oca, l'amoureux transi de Violeta, s'est enfui, laissant aux soins de sa dévouée secrétaire Nemesis, la demeure familiale. La vieille femme est désormais cloîtrée dans une chambre et dans son passé, gardée par ses enfants, Amalia et Dionisio.
Le meurtre de Dionisio accélère une enquête menée d'abord dans le brouillard des souvenirs et qui va faire des incursions dans les bas-fonds de la Havane, parmi les taudis décrépis, la pauvreté démesurée et le désespoir tenace qui imprègne les rues pestilentielles.

Cette enquête d'une densité très noire n'est pas imprégnée d'un suspens haletant. La fin est attendue. Pourtant, le roman est envoûtant. A la fois roman historique, politique, social et policier, Les brumes du passé sont une belle fiction cruelle et sentimentale, lugubre et hargneuse. L'auteur fait un bilan terrible de Cuba depuis Castro, ses rêves dévoyés et ses échecs à l'aube du XXIe siècle. le troc est devenu le mot-clé d'un pays qui meurt d'inanition et se résigne aux plus cruels sacrifices pour avaler autre chose que de l'eau sucrée. En ajoutant une enquête sentimentale à sa réflexion, il intègre la dimension musicale avec la voix troublante des interprètes de boléros. Mais il est évident que Leonardo Padura, à travers Mario Conde, a le coeur dévasté par la misère de son pays et l'âme en berne devant cette nouvelle génération passée du côté des dollars et des combines poisseuses. Ce polar teinté de nostalgie est aussi un hymne à l'amitié et aux livres. Il s'adresse donc à tous les amateurs de littérature…
Ne passez pas à côté !!!

A déguster au son d'un boléro, un verre de rhum à la main (avec modération…)

Mon premier Padura et une très belle découverte !! Je me réjouis de replonger aussi vite que possible dans son univers et de retrouver son héros éminemment sympathique et attachant.
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Une histoire et des personnages plutôt réussis. Ce qui m'a plu dans ce livre, c'est de plonger dans le Cuba de l'ère Castriste, avec également des descriptions de l'île sous Batista, avec ses casinos, ses cabarets et ses boites de nuits. Cuba à cette époque là, c'est à dire après-guerre, était un paradis pour touristes Américains argentés.
Un bon polar, qui permet aussi de découvrir la plus grande île des caraïbes.
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Livres rares et chanteuse de boléro dans le Cuba des années 50.

L'ex-policier Conde est devenu chercheur de livres anciens, des bibliothèques dont se départissent des familles qui n'ont plus de quoi manger. À travers les raretés qu'il trouve, l'auteur présente une liste des premiers ouvrages publiés à Cuba au dix-neuvième siècle.

Dans un ouvrage qu'il examine, Conde trouve l'image d'une chanteuse qui a quelque chose de familier. Guidé par ses pressentiments, il part à la recherche de cette star disparue. Il revisite ainsi l'histoire de l'île, ses années troubles, le régime Batista puis la révolution et les espoirs qu'elle a suscités puis le désenchantement des privations du quotidien de la fin du siècle.

Un polar avec quelques longueurs, mais qui n'est pas sans intérêt pour comprendre un peu l'île de Castro.
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Plus qu'une enquête de l'ex flic, Mario Conde, Padura signe un grand roman initiatique sur Cuba. Ce roman policier nous entraîne 40 ans en arrière, dans l'île tous les plaisirs, de la musique, des cabarets, dans un endroit où tous les phantasmes pouvaient se réaliser.

Dans une bibliothèque remplis de livres d'exception, le Conde trouve une affichette de Violetta del Rio, une chanteuse de bolero. Ce simple article va lui apprendre une partie de son propre passé et aura des conséquences dramatiques dans son présent.

Une merveilleuse à lire en écoutant Buena Vista Social Club
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Mario Conde, personnage récurent de Padura est un ancien flic un peu "alcoolo", et assez désabusé. Il gagne sa vie en revendant des livres anciens, dont les cubains, se débarrassent pour pouvoir manger et vivre, et faire face aux restrictions et aux pénuries dues au régime castriste. Il a trouvé une famille, d'anciens serviteurs d'un homme riche, vivant dans l'appartement luxueux qu'il a abandonné et qu'ils gardent en attendant son hypothétique retour. Après avoir vendu les vases en porcelaine de Sèvres, ils se décident à vendre les livres de la bibliothèque. Parmi eux des trésors inestimables pour lesquels des riches américains dépenseraient des fortunes capables de faire vivre un cubain pendant toute sa vie.
Conde, honnête et aimant plus les livres que l'argent, trie les ouvrages et propose de ne céder dans un premier temps que ceux ayant la plus faible valeur. En les feuilletant, il trouve un vieil article de journal des années 50 parlant d'une chanteuse Violetta dont il a entendu parler : son père en était amoureux et il s'interroge : "qu'est-elle devenue?". Elle s'est suicidée...pas sur.
Son tempérament d'ancien flic le mène dans une nouvelle enquète pour retrouver la trace de cette chanteuse, pour connaître les conditions de sa mort en recherchant ceux qui l'ont connue. Une enquête qui nous fera voyager dans le monde des livres, du Cuba des années 50 à celui des années 2000, du Cuba des fêtes, des Music-Hall et des bordels, de la Mafia au cuba triste et délabré, ses prostituées repoussantes ... Il retrouvera d'autres chanteuses qui l'ont connue. Mais par ce polar Padura nous fait passer de la lumière à la grisaille, de l'opulence à la pauvreté, du régime de Batista au castrisme, et nous fait partager son amour des livres.
Un voyage dans le temps .... Une découverte de Cuba.
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Nous avions laissé Mario Condé avec les fantômes d' Hémingway, nous le retrouvons alors qu'il a quitté la police depuis treize ans. Il approche dangereusement de la cinquantaine, ses amis vieillissent eux aussi, seule la belle Tamara son amour de jeunesse semble ne pas prendre une ride.
Pour vivre Condé s'est fait acheteur de livres anciens, les cubains sont obligés pour survivre de vendre leurs biens; les pauvres vendent leurs corps, les nantis leurs bijoux et leurs bibliothèques. Parfois un livre rare lui permet de vivoter pendant quelques semaines, cela lui arrache le coeur, lui l'amoureux des livres, il écume les beaux quartiers à la recherche de trésors cachés
Quand il pénètre dans la belle villa coloniale de Dionisio Ferrero, le coeur lui manque, il a trouvé une bibliothèque de plusieurs milliers de livres, le pactole assuré.
Il ne sait pas qu'il vient de commencer une enquête qui le fera partir à la recherche d'une chanteuse de boléro mystérieusement disparue quarante ans avant, symbole du Cuba des années cinquante. Son enquête le conduira dans les quartiers les plus miséreux de la Havane, il sera en danger dans cette ville gangrenée par le crime et les trafics en tous genres.
Dans les nuits étouffantes de Cuba, Mario Condé va poursuivre une ombre, les témoins de l'époque évoqueront pour lui un monde disparu dans les Brumes du passé, balayé par le régime castriste. Un monde de violence, de prostitution, bref très ressemblant à celui d'aujourd'hui.
J'ai beaucoup aimé ce roman, le terme de polar ne convient pas vraiment, c'est un récit nostalgique, plein de tout l'amour de Leonardo Padura pour son pays qu'il sait évoquer magnifiquement.
Le personnage de Mario Condé est très attachant, son amour des livres, sa fidélité aux amis, jusqu'à ses défauts qui le rendent sympathiques, et puis comment en vouloir à un homme qui dès qu'il a trois sous offre à ses amis un banquet digne de Lucculus.
Récit désenchanté au rythme du Boléro dont retentit La Havane.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Les Brumes du passé, c'est un de ces livres qu'on savoure et qu'on ne lâche pas.
Parce que le lecteur y trouve tout : l'enquête policière et son suspens, l'histoire d'amour qui au final n'est pas celle qu'on imagine, les secrets de famille, sordides ou pitoyables, le tableau magistral de Cuba en pleine crise et l'histoire de la Havane dans ses périodes de gloire, misère, corruption, débrouille, quartiers sordides et maisons vouées à l'écroulement. On y trouve l'amour des livres et leur amoureux en la personne d'un ancien flic reconverti dans la quête des bibliothèques. Des personnages inoubliables sur fond de boléro.
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Lorsque son chef a été mis en retraite anticipée, Mario Condé démissionne de la Police. Il se lance alors dans le commerce de livres anciens. Les temps sont encore difficiles dans les années 90 à La Havane. Lorsqu'au hasard de ses déambulations, il découvre une riche demeure, il y trouve Amalia et Dioniso Ferrero et surtout une immense bibliothèque privée riche de dizaines de livres très recherchés. Ruinés, les Ferrero acceptent de vendre quelques exemplaires à Condé et son ami Yoyi.
Toutefois, dans cette bibliothèque, Condé a une fois de plus, un étrange pressentiment et quand il découvre la photo de Violeta del Rio, une envoûtante et jeune chanteuse de boléro aujourd'hui oubliée, son instinct policier se réveille.
" Mais je veux la retrouver. Comme ça, je découvrirai peut-être pourquoi je voulais la chercher."
Il n'a plus qu'une idée en tête, savoir ce qu'est devenue cette beauté et quel lien elle pouvait avoir avoir le propriétaire des livres, Alcides Montes de Oca, un riche cubain en lien dans les années 50 avec des étrangers liés à de sombres affaires de prostitution, de casinos et de complots politiques.
L'enquête démarre très doucement mais devient vite passionnante au coeur de ces quartiers misérables de la Havane. Car le pays est de plus en plus en proie à la misère, la prostitution et au trafic de drogues.
Condé est un personnage intéressant, amoureux des livres, généreux et très attaché à ses amis. C'est un homme très particulier qui aime partager de bons repas et des bouteilles de rhum avec ses amis et qui a un très grand sens moral.
" je crois tout au plus à l'amitié, à la mémoire et à quelques livres."
Il a un sens prémonitoire et discute parfois avec le fantôme de J.D. Salinger.
" ne fais jamais la connaissance d'un écrivain dont tu as aimé le livre, dixit Chandler. Et il avait raison : les écrivains appartiennent à une race bizarre. Il vaut mieux les lire que les connaître."
L'ambiance est assez sinistre avec cette vision de la misère, des descriptions assez crues de relations sexuelles ou de personnages décatis et cette ambiance d'oppression politique des années de lutte contre Batista mais aussi des années 90 assez misérables.
Le récit de l'enquête de Condé est entrecoupé de lettres énigmatiques d'une femme à son amant qui malheureusement nous conduisent un peu en parallèle vers le dénouement. Elles sont essentielles à la compréhension mais réduisent la portée de l'enquête de Condé.
Le roman démarre assez lentement, ce qui permet de bien saisir l'ambiance du pays mais devient vite une enquête passionnante, " une histoire sans méchant" au coeur des livres et d'un pays brisé.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Les années 90 ne sont pas des années de folle croissance à Cuba. L'effondrement du bloc soviétique a entraîner une crise sans nom pour Cuba, dépourvu de toute ressources d'approvisionnement dorénavant...

Mario Condé, un physique à la "Paolo Conte" n'est plus flic. Mais il est toujours à La Havane. Il essaie de vivoter tout en se donnant entièrement à sa passion pour les beaux livres, et les livres rares.

Cuba et La Havane ont un passé culturel très riche qui a de quoi satisfaire l'appétit du Condé....

Il faut bien se nourrir d'une façon ou d'une autre.... Et s'instruire peut faire oublier la faim et le manque de...tout.

La Havane fume encore de ses soirées sans fin, de ses cabarets luxueux où se côtoyaient crapules et gens importants, ses limousines aussi longues que ces fameux havanes, ces chanteuses de cabarets belles comme des icônes intouchables...

De ses brumes du passé, il ne reste que du Rhum et quelques filles dont le châssis à eux seuls vaut les Cadillac des années 50....Et la salsa.

C'est en vidant une bibliothèque d'une famille désargentée que le Condé va tomber sur une photo d'une chanteuse de cabaret de ces années folles dont La Havane n'ose se rappeler...

Il est subjugué par la beauté qui émane de cette femme dans sa robe moulante noire...Abasourdi devant sa grâce... Il fera tout son possible pour remontrer sa trace, retrouvé ce que fut sa vie....l'entrainant même sans le vouloir à croiser le destin de son propre père, décédé depuis trop longtemps....

C'est un livre aussi délicieux qu'un soir d'été.... Sous un manguier....avec un Rhum cubain.....
Laissez vous embarquer dans ce Cuba qui n' a rien d'une carte postale ni d'une photo pour un catalogue d'agence de voyages...
Ce Cuba-là est réel....
Ce Cuba-là a faim...
Ce Cuba-là est à genoux, mais ce Cuba-là a un coeur : Padura vous invite a l'écouter battre.
Laissez-vous tenter.
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