Voilà un personnage principal de roman rarement rencontré : le maire d'une petite commune rurale des Ardennes. C'est donc avec une grande curiosité que je me suis plongée dans "
Monsieur le maire".
Le roman débute avec la condamnation à vingt ans de réclusion de Paul, ce fameux maire, pour le meurtre d'un journaliste qui n'hésitait pas à le démolir lui et son action dans des articles au vitriol dans le journal local.
Par flash-back, Paul revient sur les quinze dernières années de sa vie, marquée par la blessure de ne pouvoir avoir d'enfants avec sa femme Mathilde, l'amour qui s'étiole et sur ses trois mandats de maire.
Alors que ses brillantes études le prédestinaient à une carrière politique nationale, il revient dans son village par idéalisme, foi en la politique dans son acception la plus noble, volonté d'aider ses concitoyens au plus près de leurs problèmes. On se demande ce qui a pu conduire cet homme volontaire, plein d'énergie à ce qu'il est devenu : amer, aigri, épuisé, au bord de la rupture familiale par surinvestissement dans sa fonction d'édile. On assiste aux renoncements, aux échecs, à la terrible ingratitude des administrés qui oublient bien vite le bien qu'on leur a fait pour ne se focaliser que sur le mauvais, aux petits arrangements avec la loi pour faire avancer les choses.
Ce roman est plus percutant qu'un article de journal ou un reportage sur le mal-être de ses "petits" maires, les énormes responsabilités qui pèsent sur leurs épaules, l'indifférence des services de l'état, le sentiment d'être seul face à une tâche gigantesque.
C'est un très bel hommage à ces maires de petites communes, dont un nombre croissant a décidé de jeter l'éponge pour les prochaines élections, qui ne comptent ni leur temps, ni leur énergie, ni même leur argent pour rendre la vie des habitants la plus agréable possible. Les problématiques actuelles sont abordées avec justesse : désertification des villages, racisme, chômage, manque de moyens financiers.
Un roman bienvenu sur un sacerdoce bien méconnu.