"X.... MASCULIN"
"L'inscription à l'encre noire avait été tracée en lettres majuscules sur l'en-tête blanc du certificat de décès. le 6 avril 2005, à 07h40, un homme était officiellement mort".
C'est ainsi que débute la première page de ce polar réaliste et dans l'air du temps.
On va suivre Delestran, commandant de Police à Paris, et son groupe de la 1ère DPJ dans deux enquêtes s'entremêlant avec pour toile de fond la descendance et la naissance sous X.
Un corps est retrouvé sans vie dans une fontaine du Jardin des Tuileries. Aucune identité. Très peu d'indices sur lui permettent de lui en attribuer une. Tout semble indiquer qu'il s'agit d'un SDF qui aurait basculé et se serait cogné la tête après une journée trop arrosée. A moins que…
En parallèle, 3 femmes de « bonne famille et de bonne situation » ont disparu sans laisser aucune trace et sans raison apparente.
Les deux enquêtes débutent très lentement et s'enlisent. Delestran doute de leur réussite. Mais c'est sans compter sur sa pugnacité et celle de son équipe ainsi que sur l'aide précieuse de Claire Ribot, psychologue, fraîchement affectée à la PJ et devant faire ses preuves au milieu des flics, plutôt réfractaires à cette arrivée en leur sein.
En bonne flicarde que je suis, je ne peux que souligner l'exactitude et la précision avec laquelle
Jean-François Pasques s'est employé à décrire le déroulement de l'enquête et le milieu policier. Il n'y a aucune erreur de procédure pénale (je ne compte pas « l'article 803 du CPP STIPULE » de la page 377) ni de vocabulaire procédural. Et c'est bien trop souvent des points qui gâchent ma lecture avec des auteurs qui ne sont pas du métier. Ici, le sens du détail est tel que vous aurez clairement la sensation de faire partie de l'équipe et de comprendre les rouages de la police judiciaire. Vous serez plongé dans cette ambiance policière si singulière…
Les personnages de Delestran et de son adjointe Beaumont sont attachants, ordinaires et reflètent parfaitement le lien qui peut nous unir entre collègues, notamment de sexe opposé et de générations différentes. J'ai apprécié qu'ils ne soient ni des super-héros ni des flics dépressifs et alcooliques. Pour une fois. Ils sont comme vous et moi avec leurs états-d'âmes, leurs qualités et leurs défauts. Et ça fait du bien de voir un flic représenté de la sorte. Suffisamment rare pour être souligné.
Mon petit regret néanmoins est que les autres membres du groupe sont assez effacés et ne bénéficient pas d'une mise en lumière suffisante. Dans des investigations comme celles-ci, chaque enquêteur a un rôle à jouer. C'est vulgairement « l'effet de groupe » qui résout l'énigme. J'aurais apprécié les découvrir davantage.
L'écriture est carrée, académique, directe, sans effet de style ni de ronds-de-jambe. Ne vous attendez pas à de l'action à tout va et à des giclées de sang sur les murs ! Ici, l'intrigue est lente voire psychologique, même si le dénouement laisse rapidement poindre le bout de son nez. Vous apprécierez, j'en suis certaine, les nombreuses références littéraires présentes, notamment sur les derniers chapitres. Chapitres qui sont d'ailleurs légèrement longs à mon goût dans un polar. Mais ça, c'est propre à chacun !
En conclusion, c'est un roman concret, vrai, qui parvient à dépeindre toutes les aspérités que peuvent présenter les meurtriers du quotidien. Ceux que l'on peut croiser dans l'exercice de nos fonctions, qui sont bien loin des monstres que l'on aimerait qu'ils soient.
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