On prétend que sur son lit de mort Oscar Wilde a déclaré : « Soit ce papier peint s’en va, soit c’est moi. » Je ne sais pas si c’est vrai mais ça me plaît.
Mon père disait toujours que la grossièreté est un signe de paresse. Mais bon, c’était un enculé de fils de pute.
Quelqu’un a loué l’arrière-salle afin que nous puissions rendre dignement hommage à Diana : avec beaucoup d’alcool. D’après mon expérience d’adulte, les visites funéraires et les veillées mortuaires fournissent d’excellentes occasions de retrouvailles et, malgré le contexte déprimant, les gens sont généralement heureux de renouer avec de vieux amis.
Je vois Sean Patrick Riley assis près de la vitrine du café avant qu’il me voie. Pas trop dur de repérer un type en costume à motifs de harpe celtique en train de mâcher des trèfles à trois feuilles.
Bon, d’accord : un type d’âge moyen à l’épaisse tignasse blonde, au visage buriné, au nez d’ivrogne, portant une chemise à col boutonné et un jean. Pas de trèfles à trois feuilles, même si je suis sûr que c’est délicieux.
[Andreï] indique d’un mouvement de tête la statue en bois d’un aigle qui décore le jardin juste derrière nous.
- J’adore cet oiseau. Tu sais pourquoi, Benjamin ?
L’aigle a été sculpté dans le bois d’un arbre centenaire du Quad qu’on a dû abattre. Ce sont les étudiants qui l’ont réalisé pour l’offrir à l’université. Je hasarde une réponse :
- Parce que c’est l’emblème de notre pays ?
Il parvient à sourire. Andreï m’attendait sur ce banc quand je suis arrivé et, à le voir debout, luttant pour se tenir sur ses deux jambes, je suis frappé par son aspect maladif.
- Parce qu’une belle chose est née d’une chose mourante.
Diana était mon amie. Et elle aurait pu être beaucoup plus. Elle aurait été beaucoup plus.
Je peux y arriver. J’ai juste besoin de prendre mes médicaments. Juste besoin de rentrer chez moi.
Le feu passe au vert. Je redresse ma moto et avance.
Diana Marie Hotchkiss, Marie était le prénom de sa tante, Diana est celui de sa grand-mère. Née le 11 janvier 1978 à Madison, Wisconsin, joueuse de volleyball et de softball, récompensée du prix de la meilleure étudiante en espagnol à l’Edgewood High School of the Sacred Heart, dont elle est sortie diplômée en 1995…
On klaxonne, quelqu’un klaxonne encore, j’ai fait quelque chose, qu’est-ce que j’ai fait ?
Je crie :
– La ferme ! Foutez-moi la paix !
Sans m’attendre à une réponse de la voiture derrière moi, ni même supposer qu’ils m’entendent.
Les amis superficiels, voilà ma spécialité. Mais je ne m'approche jamais trop d'eux, et je ne les laisse jamais trop s'approcher de moi.
J’ai couché quatre-vingt-dix-neuf fois en tout avec huit femmes. Ma plus courte session, des préliminaires à l’orgasme, a duré trois minutes et à peu près quatorze secondes. Je dis « à peu près » car, parfois, c’est un peu gênant de se ruer sur sa montre juste après; il faut se contenter d’une estimation. Cinq secondes pour se retirer, puis entre cinq et dix secondes pour complimenter sa partenaire avant de jeter un coup d’œil discret à sa montre.
Si vous vous posez la question, ma plus longue session a duré quarante-sept minutes et à peu près trente secondes. En considérant toutes mes sessions et en arrondissant le minutage, je dirais que la moyenne est de vingt et une minutes, la médiane de dix-huit minutes et le mode de dix-sept minutes.
The sound of silence est une belle chanson qui suscite de belles pensées dans les moments de contemplation et de sérénité. Mais ce son n'a rien de beau quand on évolue à 9.000 pieds du sol dans un Cessna monomoteur.
La définition de douleur se trouve dans le dictionnaire mais il faut attendre de se prendre un coup dans les couilles pour en comprendre vraiment le sens. Et ce type sait frapper avec son genou. Les valseuses n'ont jamais mieux mérité leur surnom.