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Citations sur La Lune et les Feux - La plage (7)

Cette fois, il resta silencieux, avançant les lèvres, et ce ne fut que lorsque je lui parlai de cette histoire des feux allumés dans les chaumes qu'il releva la tête. "Ils font du bien, c'est sûr, dit-il brusquement. Ils réveillent la terre.
- Mais, Nuto, dis-je, même un enfant ne croît pas à ça."
Et pourtant, dit-il, lui ne savait pas ce que c'était, si c'était la chaleur ou la flamme ou si c'était que les humeurs se réveillaient, mais le fait est que tous les champs cultivés au bord desquels on allumait un feu donnaient une récolte plus juteuse, plus vivace.
- Elle est nouvelle, celle-là, dis-je. Alors, tu crois aussi à la lune ?
- La lune, dit Nuto, on est bien forcé d'y croire. Essaie de tailler un pin quand c'est la pleine lune, et les vers te le mangeront. Une cuve, il faut la laver quand la lune est jeune. Même les greffes, si on ne les fait pas les premiers jours de la lune, elles ne prennent pas.
Je lui dis alors que par le monde, j'avais entendu des tas d'histoires, mais que les plus dures à avaler c'étaient celles-ci. Il était inutile qu'il trouve tellement à redire sur le gouvernement et sur les discours des prêtres, s'il croyait aussi à ces superstitions, comme les parents de sa grand-mère. Et ce fut alors que Nuto me dit très calmement que seule est superstition celle qui fait du mal, et que si quelqu'un se servait de la lune et des feux pour voler les paysans et les maintenir dans l'ignorance, alors ce serait lui l'ignorant et il faudrait le fusiller sur place.
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Mais moi, qui ne croyais pas à la lune, je savais que, somme toute, seules comptent les saisons et que les saisons, ce sont celles qui vous ont fait vos os, que l'on a mangées quand on était gosse.
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Et pourtant, ce pays était grand, il y en avait pour tout le monde. Il y avait des femmes, il y avait de la terre, il y avait de l'argent. Mais personne n'en avait assez, personne, quoi qu'il possédât, ne s'arrêtait, et les champs, et même les vignes, avaient l'air de jardins publics, de plates-bandes factices comme celles des gares, ou bien ils étaient incultes, des terres brûlées, des montagnes de ferraille. Ce n'était pas un pays où l'on pouvait se résigner, poser sa tête et dire aux autres: ' ' Quoi qu'il arrive, vous me connaissez. Quoi qu'il arrive, laissez-moi vivre. ' ' C'était ça qui faisait peur. Même entre eux, ils ne se connaissaient pas; en traversant les montagnes, on comprenait à chaque tournant que personne ne s'était jamais arrêté là, que personne ne les avait jamais touchées avec ses mains.
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Il faut avoir un pays, ne serait-ce que pour partir. Un pays signifie ne pas être seul, sachant que dans les gens, dans les plantes, dans la terre, il y a quelque chose qui vous appartient, que même lorsque vous n'êtes pas là, elle vous attend.
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Je revenais de trop loin-je n’étais plus de cette maison, je n’étais plus comme Cinto, le monde m’avait changé.
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chap. VII - p.54
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La nuit, quand je rentrais, je me mettais à ma fenêtre pour fumer. On s'imagine favoriser de la sorte la méditation, mais la vérité c'est qu'en fumant, les pensées se dissipent comme brouillard et que l'on rêvasse tout au plus, ce qui est bien différent de penser.
Les trouvailles, les découvertes viennent, par contre, inopinément : quand on est à table, que l'on nage dans la mer ou que l'on parles de toute autre chose.
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Seule est superstition celle qui fait du mal
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