L'Eau rouge

Dans ce qui est aujourd'hui la Croatie, une fille de 17 ans a disparu un soir de fête.

Une enquête policière, plusieurs suspects sont interrogés. On apprendra peu à peu que la jeune Sylva n'était pas tout à fait l'étudiante sérieuse que l'on croyait. Mais pourquoi l'aurait-on tuée? À moins qu'elle ne se soit enfuie?…

Une disparue, c'est une famille dans l'attente. Son jumeau la cherche encore 5 ans, 10 ans plus tard. Avec une absente, difficile de faire le deuil, on ne peut pas fleurir sa tombe. Et si elle avait fugué? Si elle était partie de son plein gré, sans nous donner de nouvelles, pourrait-on lui en vouloir, la haïr de nous faire subir cela? Et tous ces gens dans le village qui imaginent un suspect en regardant leur voisin…

En toile de fond, le pays qui subit le démantèlement de la Yougoslavie. Un homme dont le grand-père était un héros communiste devient ainsi un paria, mais c'est aussi la guerre, avec des villages incendiés, des mines antipersonnelles cachées dans les sentiers. (J'aurais aimé un peu plus de détails sur cette guerre, mais j'imagine que l'auteur, qui a écrit son polar en croate, s'adressait d'abord à des gens déjà au courant.)

Un polar qui illustre davantage les difficultés des proches de disparus que la seule enquête policière. et la vie dans un petit village

Le roman débute à Misto, près de Split en Croatie, en 1989.

Sylva, 17 ans, se prépare à partir à la fête des pêcheurs. Prête à sortir, elle lance un "J'y vais" auquel personne ne répond, ni ses parents, ni son frère jumeau.
Seulement, voilà, Sylva ne rentre pas, ni le lendemain, ni les jours suivants.

À l'enquête de la police va se substituer la recherche énergique et infatigable de la famille. Durant 30 ans, Mate, le frère jumeau, cherchera sa soeur. Chaque personne ayant connu Sylvia va fait l'objet d'une étude approfondie qui renvoie à la situation de l'ex-Yougoslavie : fin du régime de Tito, guerre des Balkans, crise économique, le tourisme, libéralisme...
La longue histoire de la disparition croise la Grande Histoire et ses contradictions.

C'est vraiment très bien mené et c'est instructif.
Un polar croate original qui donne matière à réflexion.

L'eau Rouge c'est bien plus qu'une enquête classée trop tôt. Tout en pudeur, le premier roman de Jurica Pavicic traduit en France, raconte dans une intrigue qui s'étend de 1989 à 2015 la disparition d'une adolescente et ses conséquences.

Un Broadchurch polyphonique.

Entre leurs obsessions et leurs silences on va suivre pendant près de 27 ans les parents de Silva, Vesna et Jakov, son frère Mate, et ceux qui l'ont côtoyée de près ou de loin lors de la fête des pêcheurs.

Quel beau polar ! Malgré son rythme lent, il se dévore ! impossible pour moi de ne pas adhérer à L'eau Rouge tant il est composé de tous les excellents aspects précédemment cités ; atmosphère, psychologie, sensibilité. À travers ce drame familial, la tristesse et la mélancolie se confondent dans l'atmosphère froide de la modeste communauté de Misto. À lire absolument pour les lecteurs du genre.

Un roman que je qualifierais de polar historique, un drame familial et une famille dévastée par la disparition tragique de l'un de ses membres, plutôt passionnant mais je lui trouve trop de longueurs. L'histoire commence en 1989 à Misto, petite bourgade de pêcheur en Yougoslavie, près de Split et pas encore la Croatie. Silva et son frère jumeau Mate ont 17 ans y sont nés mais ont des rêves de conquête mais certainement pas dans ce village. En ce soir de septembre c'est le jour de la fête des pêcheurs et ils s'y rendent chacun de leur côté. le lendemain matin seul Mate est rentré, Silva est introuvable. La police locale avec à sa tête Gorki Sain, pense à une fugue ou un accident mortel, Sa famille elle, est persuadée d'un enlèvement, voire d'un meurtre. Ses parents, Jakov et Vesna, Mate, les habitants de Misto, en collaboration avec la police, vont se mettre à sa recherche, mais aucune piste, aucune trace et malgré quelque gardes à vue, une personne mise en examen puis relaxée, l'affaire sera classée, considérée comme fugue. Pendant presque trois décennies, ses parents, et surtout Mate, vont tout faire pour essayer de la retrouver, au détriment de leur propre destin. Pendant tout ce temps de recherche on va suivre l'évolution géopolitique de l'ex République de Yougoslavie. La guerre éclate entre la Croatie qui rêve d'indépendance et l'ex Yougoslavie avec à sa tête la Serbie. S'ensuivent plusieurs années de conflit militaire, d'exactions et de crimes de guerre. Plus personne ne pense à Silva, sauf sa famille et leurs recherches continueront bien au delà des frontières. Puis, un jour de 2015…
Un des gros points forts de ce roman a été, pour moi, la construction du récit. Chapitre après chapitre, l'auteur fait parler les principaux personnages. On suit au fil des pages leurs parcours de vie bouleversée à la fois par la disparition de Silva et par les événements de leur pays. La narration, écrite au présent, est sobre et l'intrigue passionnante, émouvante. le point négatif est que je lui ai trouvé trop de longueur dans certains chapitres.
Voilà ce roman choral est une belle découverte, l'écriture est dépaysante, le récit dense, sombre, l'histoire d'une disparition, de blessures immenses et de deuil impossible. Et même si ce n'est pas vraiment un pur polar il reste attractif avec un final crédible où tout s'éclaire pour le lecteur.

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Un roman passionnant, qui garde son intérêt intact tout au long des chapitres qui mélangent les points de vue sans nous lasser et qui traverse les années troubles de l'effondrement de la Yougoslavie. À commencer sans lire le quatrième de couverture ni certaines critiques ci-dessous qui, comme trop souvent, résument les romans !
J'ai trouvé cette histoire très bien ficelée, parfaitement crédible et instructive. Les protagonistes sont judicieusement analysés et on se prend d'empathie pour eux.
Un bon bouquin, un polar comme on les aime !

Coup de coeur !
Je ne sais plus qui, quelle revue, quel journal, quel émission m'avait conseillé ce roman policier.
Roman policier, voire... En tout cas, pas que !
En tout cas, merci.
Bien sûr, il y a la disparition un soir de bal de Silva, jeune fille de 17 ans volontaire, un rien rebelle, ne détestant pas choquer son monde.
L'enquête révèlera que Silva est beaucoup moins lisse qu'il n'y paraît
D'où enquête, recherches, fausses pistes, échecs, temps qui passe (26 ans, quand même)...
C'est surtout, à mon avis, le roman de l'attente, une attente qui corrompt tout, les relations au sein du village, des couples.
Le roman de la dévastation de vies, celle des parents, Vesna et Jakov, de son frère jumeau, Mate, de la famille de son petit ami Brame et de Brame lui-même, des mis en cause, de Gorki Sain, le policier chargé de l'enquête et enfin d'Elda convaincue d'avoir rencontré Sylva vivante.
Et aussi, c'est le roman du hasard, mais tellement bien amené qu'il nous semble évident.

En 1989, à Misto, une petite ville de la côte dalmate en Croatie, une jeune fille de dix-sept ans, Silva, disparaît pendant une nuit de fête. La police est alertée et l'inspecteur Gorki Sain, saisi de l'affaire, n'est pas inquiet, pensant qu'il s'agit d'une simple fugue. Mais Silva ne réapparaît pas. Son père Jakov, sa mère Vesna et son frère jumeau Mate se dépensent sans compter pour la retrouver, pensant que la police, ayant d'autres préoccupations, plus politiques, est loin de faire son maximum. La dislocation de la Yougoslavie, la guerre en Croatie au début des années quatre-vingt-dix, vont contribuer à laisser tomber l'affaire. Seule la famille va poursuivre ses recherches, inlassablement, pendant plusieurs décennies, avec en toile de fond la métamorphose du pays, anciemmenent communiste, ou du moins titiste, et maintenant offert aux appétits dévorants des groupes capitalistes, notamment, mais pas seulement, en matière de tourisme. ● Je vais aller à l'encontre de l'avis dominant sur Babelio, surtout parce que ce livre n'est pas ce qu'il prétend être, ou du moins ce pour quoi on l'a récompensé et pour quoi j'ai eu envie de le lire : un roman policier. ● Aucun suspense, pratiquement pas d'enquête, des policiers aux abonnés absents… le récit ne progresse qu'à coups de hasard, souvent déceptif. ● le rythme est d'une exaspérante lenteur, le récit se trouvant entrelardé par de multiples descriptions et détails ne le faisant pas avancer d'un iota, sans compter une linéarité que le changement de point de vue ne compense pas vraiment. ● Alors, bien sûr, on pourra s'extasier sur le fait que le macrocosme de la déflagration yougoslave se retrouve en miroir dans le microcosme de l'éclatement d'une famille, on pourra louer l'auteur de mettre en parallèle le totalitarisme communiste et l'aliénation capitaliste qui, soi-disant, ne vaut pas mieux, on pourra aussi apprécier la façon qu'ont les guerres de rebattre les cartes, faisant par exemple d'un ancien dealer un préfet, on pourra aimer la psychologie des personnages, notamment la famille de Silva, etc., mais tout cela, à mes yeux, ne fait pas une dynamique narrative et donc un bon roman.

Très belle découverte que ce roman croate. À la fin des années 80, sur la côte dalmate, Silva, jeune fille pleine de vie, disparaît et Pavicic nous relate comment cette tragique disparition a bouleversé le destin de nombreux individus. Ce roman est par certains aspects un polar mais c'est avant tout un roman qui traite du temps qui passe et du poids de l'absence. L'écriture est très belle et les analyses psychologiques tout comme les dialogues sont d'une incroyable justesse. J'aime aussi beaucoup la façon dont la disparition de Silva sert de métaphore à la dislocation d'un État, d'une idéologie et, en fin de compte d'une époque.

Misto, le 23 septembre 1989 la famille Vela termine de dîner. Silva quitte la maison pour se rendre à la fête dans la baie "ne m'attendez pas , je rentrerai tard". Elle ne reviendra pas. La police enquête, fouille les maisons, les environs,interroge la famille, les voisins, les amis. L'affaire finira classée. La région est traversée par des évènements politiques graves : éclatement de la Yougoslavie, effondrement du bloc communiste, guerre. La Croatie obtient son indépendance.

Côté famille ce n'est pas très brillant : Vesna, la mère, s'enferme dans sa douleur, Jakov le père, recherche sa fille, puis découragé abandonne. Vesna et Jakov se séparent. Mate, le jumeau de Silva, n'abandonne pas. Il la cherchera pendant près de trente ans.

J'ai apprécié la façon dont l'auteur construit son roman. Chaque chapitre porte le nom d'un des personnage, qu'il soit membre de la famille, amis, voisins, policiers. Ce procédé permet à l'auteur non seulement d'aborder les suites de la disparition mais aussi d'évoquer les questions plus générales comme la politiques, la fin du régime communiste,la guerre, la police, l' économie, la corruption, l'arrivée du tourisme.

Livre excellent, découvert grâce aux critiques lues sur Babélios.

Très bon livre qui est plus qu'un simple roman policier. Il nous fait vivre des moments d'histoire de la Croatie. Mérite tous ses prix.
En plus l'auteur rencontré lors du salon du livre de poche à Gradignan est très sympathique.
Un plaisir de lecture à ne pas manquer.