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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
°°° Rentrée littéraire 2022 # 17 °°°

« Léo Ferré, on s'en farcissait la caboche. (…) La Mutualité explosive, les galas de soutien. Ferré et Zoo, Ferré et Glenmor au vent fou d'une Bretagne rebelle. Et ses mots, définitifs, comme des coups de feu. Les armes et les mots c'est pareil … Des phrases bien sombres et belles comme une nuit émeutière. A vous laquer le coeur et vous en mettre plein la vue. On est trop sérieux quand on a dix-sept ans. On s'enflamme à la moindre étincelle. On est amadou, buisson propice. Léo avait craqué l'allumette. »

Ils étaient cinq lycéens, dix-sept ans en 1974. Un soir, grisés par des idéaux d'extrême-gauche, enivrés aux exploits mortifères des GARI ( Groupes d'action révolution révolutionnaires internationales, d'obédience anarchiste ), saoulés à se lancer des mots en l'air, ils ont tué un homme qui passait au mauvais endroit au mauvais moment, une balle perdue. Ils n'ont jamais été pris mais quarante-cinq ans après, l'un d'eux reçoit un texte anonyme qui raconte ce qui s'est passé ce jour-là, remontant du passé des événements que chacun voudrait tu à jamais.

Dans ce roman noir très réussi, le suspense à proprement parler est bien présent mais presque relégué au deuxième plan : qui a pressé la détente pour tuer ? qui a écrit le texte menaçant de tout révéler ? Une double réponse totalement satisfaisante est donnée à la fin, le récit oscillant entre passé et présent avec la quête du narrateur, un des cinq anciens lycéens, à retrouver ces anciens camarades. Mais ce n'est pas cela qui intéresse le plus Patrick Pécherot.

Le roman prend le pouls de toute l'effervescence politique au mitan des années 1970, le temps des dictatures voisines ( Franco en Espagne, les colonels en Grèce ), des tensions politiques extrêmes ( les années de plomb en Italie ). En 1974, est enlevé à Paris le directeur espagnol de la Banque de Bilbao dans un contexte de très dure répression contre la MIL ( Mouvement ibérique de libération ) et la CNT anarchiste qui a repris la lutte armée. En France, les attentats à l'explosif contre les intérêts économiques espagnols, commis par les GARI, se multiplient. Autant de feuilletons qui passionnent les cinq lycéens jusqu'à les obséder, ils veulent eux aussi changer le monde, « pétards prêts à servir » dans ce temps aux plaies à vif.

Pour tout bagage ( citation de la chanson de Léo Ferré «  Vingt ans » ) est un roman qui questionne la mémoire. le narrateur, rongé par la culpabilité, s'adresse à celui qu'ils ont tué. Dans cette adresse, il pioche dans la boîte à souvenances, animant des kodakchromes, avec la nostalgie sépia d'un sexagénaire qui se souvient de sa jeunesse passée. Avec une finesse psychologique poignante, c'est toute la bande des cinq lycéens qui revit à travers de magnifiques descriptions : Paul, le leader au bagou anticapitaliste ; Antoine qui remonte sa mèche d'un geste piqué à Jean-Pierre Léaud ; Yvon, taciturne et fragile ; Arthur, le narrateur, suiveur ; et Sylvie qui filme tout ce qu'elle voit et ne craint personne dans ses tenues hippies sur son ciao orange, sa petite-soeur Chloé n'en perd pas une miette.

Lorsque le passé ressurgit, se pose l'impérieuse question du devenir des idéaux de la jeunesse, quarante-cinq après. Patrick Péchérot y répond dans une réflexion impressionniste qui enveloppe le lecteur d'une ouate mélancolique avec ses fantômes du passé et les secrets des vivants, révélant une très belle plume, très élaborée derrière ses mots gouailleurs qui laissent deviner les grains des personnages comme leurs ambiguïtés d'individus brisés dans un mécanisme collectif qui les dépasse.

« Reprendre le chemin de l'école, c'est la grande illusion. Jamais ne reviennent le goût des Malabar, l'odeur de la cour et celle des marronniers. On renifle des parfums de synthèse en faisant semblant de rien mais ils sont bien pourris. »

Un roman à la fois tranchant et tendre, mélancolique et âpre, doux-amer au final, d'un auteur qui sait faire revivre L Histoire à hauteur d'hommes et de femmes en restituant la justesse des voix d'adultes qui ont rêvé trop grand pour eux lorsqu'ils étaient adolescents.
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Pour tout bagage... on a vingt ans chantait Léo Ferré. Poète présent tout le long de l'ouvrage. Dans le bagage de Patrick Pécherot ça fourmille de l'actualité des années 70, des références musicales et autres, comme les objets disparus. Mais comment se rappelle-t-il tout ça ? 1974 : Ils étaient cinq ados à vouloir changer le monde, à vouloir faire comme la bande d'anarchistes. Mais leur coup à foiré et un homme est mort. Quarante-cinq ans plus tard, un fait les ramène sur leurs jeunesses insouciantes. On pourrait presque dire qu'ont-ils fait de leurs illusions ? Je suis impressionnée par la verve, l'écriture flamboyante et visuelle ainsi que les connaissances multiples de l'auteur (Je m'en étais déjà régalé avec Les brouillards de la butte) même si parfois il n'est pas facile d'être toujours dans son tourbillon. Un grand merci à Masse Critique et aux éditions Gallimard.
Pour tout bagage on a vingt ans
On a une rose au bout des dents
Qui vit l'espace d'un soupir
Et qui vous pique avant d'mourir
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C'est une histoire qui commence en 1974 avec cinq copains (quatre garçons «dans le vent» et une fille), 17 ans, fans de Léo Ferré et des GARI, groupes d'action non violents (relativement, car ils commettent tout de même des enlèvements) antifranquistes. Les GARI sont arrêtés et la bande des 5 se met en tête d'intimider celui qui, forcément, a dû les balancer, en tirant tous les jours à côté de lui. Edmond croise leur chemin et se prend une balle qui ne lui était pas destinée. Après cet acte stupide la bande s'est séparée et chacun a fait sa vie de son côté, jamais inquiétée. Près d'un demi-siècle plus tard un anonyme menace l'un des garçons de tout révéler dans un livre. Un des garçons, Arthur, le narrateur, mène l'enquête, et d'abord recherche les autres membres de la bande.
Le style est d'entrée de jeu très particulier, c'est sec, plutôt brut, efficace. Entre les chapitres ostensiblement narratifs, il y a les adresses à Edmont, le mort, dont Arthur ne s'est pas pardonné la mort, et puis les Kodachromes où le passé est évoqué par les fragments de vie révélés et réveillés par ces vieilles photos. Cette structuration du récit est très vivante et très efficace. le style, travaillé à la façon des dialogues de film d'époque, contribue à plonger le lecteur dans cette période de la fin des Trente glorieuses. Mais c'est d'une lecture peu agréable et assez fatigante. Peut-être qu'en livre audio cela passerait mieux. L'auteur a remarquablement réussi à faire revivre l'époque, en particulier dans les Kodachromes, par petites touches, avec une marque de boisson, un véhicules, les chansons de l'époque, avec des petits riens bien choisis qui fleurent bon les années 70. Pour la période contemporaine, c'est pareil, quand il décrit ce qu'est devenue une banlieue (Le Val Fourré à Mantes). L'auteur a visiblement le goût pour les détails qui font l'air du temps. C'est nostalgique mais pas du tout béat devant le passé. le narrateur s'interroge aussi sur les luttes contemporaines (les ZAD, les Gilets jaunes), « On pigeait tout. Nucléaire non merci ! Let the sunshine in et vive le vent, vive le vent, vive le vent dit vert. Aujourd'hui, quatre éoliennes dans le décor déclenchent une émeute. Sus aux méchantes bêtes, inutiles et nuisibles ! Je ne pige plus trop. » Pas vraiment un roman policier, ce joli exercice de style réussi est un roman difficilement classable, une petite madeleine de Proust.
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Pour son nouveau roman, Patrick PÉCHEROT utilise le rétroviseur comme outil d'écriture. Un grand bond dans les années 70 en France. le prétexte de cette plongée dans le temps est le kidnapping moyennant rançon du banquier Angel SUAREZ à Paris en 1974. C'est alors le G.A.R.I. (Groupe d'Action Révolutionnaire Internationaliste) qui est à la manoeuvre. Derrière cet enlèvement, ce sont de nombreuses revendications qui voient le jour, nous sommes au moment charnière alors que l'on espère se dessiner un Nouveau Monde : l'antimilitarisme, l'amour libre, les communautés, le collectivisme, et ce vent libertaire qui souffle parfois en rafale.

Arthur Sorot, sorte de double de l'auteur, est le narrateur de cette histoire dans l'Histoire, témoin de la jeunesse turbulente et dissidente des trente glorieuses, mais bien plus spécifiquement image même de cette utopie propre à la décennie 70. Arthur a, comme tant d'autres, cru à un avenir plus égalitaire entre les peuples, plus fraternel. Comme tant d'autres, il a vieilli, et il se présente à nouveau plus de 40 ans plus tard, rêves éteints et valoches sous les yeux. Il ressort de vieilles photos jaunies, les scrute et les commente.

Patrick PÉCHEROT réussit la prouesse d'un grand balayage quasi exhaustif (ça ne peut jamais l'être, bien entendu) de l'activité (contre) culturelle en France dans les 70, l'influence venant des Etats-Unis, mais l'identité plus ou moins revendiquée et estampillée France est bien réelle. En fond, les images d'actualités, politiques surtout, défilent à la vitesse grand V, comme projetées au fond d'une salle obscure, par un Super 8 ronronnant sur un drap blanc dépareillé.

Inventaire à la Prévert du militantisme des 70's, ce roman semble revendiquer à chaque page un « C'était mieux avant » encombrant et fataliste. Mais alors il faut le lire jusqu'au bout pour comprendre.

Les années 70, c'est l'agonie de FRANCO, le dictateur espagnol, c'est la vie avant Internet, c'est-à-dire en direct, non virtuelle. C'est aussi l'époque des grandes utopies politiques passant par le Larzac, la Résistance à l'oppression, la Révolution à tout crin. Et les taupes, les infiltrés au sein des organisations. En est-il ainsi pour le G.A.R.I. ? Cette période pattes d'eph' patchouli liberté est dépeinte avec nostalgie et sens du détail : « Je parle encore d'années moyenâgeuses. Ailleurs, on les a dites de plomb. Des années à guerre froide. À gauche ultra et droite extrême. À kébours dans l'ombre. À marionnettes, corps tordus et embrouillaminis. Des années groupuscules infiltrés, des fois que Mai 68 revienne, plus garnement du tout, vrai méchant. Ou que, lassés de l'attendre, certains se sentent avant-garde armée du prolétariat ».

Ce roman foisonnant est avant tout, ou en conclusion, le bilan d'une vie de militantisme, d'une part sur l'héritage parfois tendancieux (gilets jaunes notamment), d'autres part sur l'utilité ou non qu'il y eut à cramer autant d'énergie pour que le monde soit moins moche, quand on voit le résultat près de cinq décennies plus tard, même si l'on peut s'interroger sur les réflexions du narrateur à propos des ZAD. Mais c'est aussi l'occasion pour lui de se questionner sur la suite. « On pigeait tout. Nucléaire non merci ! Let the sunshine in et vive le vent, vive le vent, vive le vent dit vert. Aujourd'hui, quatre éoliennes dans le décor déclenchent une émeute. Sus aux méchantes bêtes, inutiles et nuisibles ! Je ne pige plus trop. Une fois pour toutes, j'ai décidé de m'en foutre. Tant de gens brassent plus d'air qu'un parc éolien sans provoquer un watt de jus… ». Un Arthur résigné, groggy devant le constat.

Roman qui sent la lacrymo autant que la lavande et la saveur de madeleine. Roman d'un monde révolu, terminé, fini, exterminé, exécuté, il en est le souvenir, le reflet, avec les erreurs du passé – reproduites pourtant -, la rage diluée depuis, voire passée en partie de l'autre côté des barricades héritières de 1968. Exercice de style stupéfiant où s'entremêlent moult images des seventies, parasitées soudain par le retour au présent, décennie deux du siècle vingt et un, et son goût de gâchis, tout ceci porté par une écriture argotique, populaire, à l'ancienne, une écriture elle aussi en partie disparue, qui a pourtant embelli les années 70, avec le talent de AUDIARD, entre autres. Mais la figure tutélaire du roman pourrait bien être celle de Léo FERRÉ, même s'il va lui en cuire en fin de volume. Ces 70's pourtant pionnières des luttes en cours, qui ont posé les jalons de la révolte du siècle suivant.

« Reprendre le chemin de l'école, c'est la grande illusion, jamais ne reviennent le goût des Malabar, l'odeur de la cour et celle des marronniers. On renifle des parfums de synthèse en faisant semblant de rien mais ils sont bien pourris ». Ce roman vient de sortir, il est à déguster sur un vieux pouf orange.

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1974. Cinq lycéens parisiens nourris des exploits de révolutionnaires espagnols d'extrême gauche et de tendance anarchiste tuent par erreur un brave père de famille sans être jamais inquiétés.
Quarante-cinq ans plus tard, les premiers chapitres d'un manuscrit anonyme révélant leur sinistre entreprise criminelle obligent Arthur, le narrateur, à reprendre la main en recherchant ses quatre complices de l'époque.
C'est une quête qu'il offre à la victime comme une tardive tentative de demande de pardon. Un flashback sur un passé honteux qu'Arthur veut partager avec ses camarades et témoins.
Chronique nostalgique des années soixante-dix, ce touchant roman de Patrick Pécherot égrène les souvenirs de toute une génération éprise de politique, de liberté, de fraternité, de poésie, de musique et de rêves. Il s'inscrit dans la lignée d'un Jean-Bernard Pouy !
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Une chronique de Margot, sur Aire(s) Libre(s).
Voici un roman enfin sorti en poche et qui sort des chemins battus, pour prendre une contre-allée, comme un voyage sur le temps, les années, la mémoire, la morale politique. Pour se remplir la tête de rêves engagés et d'erreurs savamment observées, sur des kodachromes, comme si on lisait avec un filtre sépia devant les yeux. Pour tout bagage de Patrick Pécherot, un roman noir, mais émouvant, touchant, juste, très. À lire comme une flânerie peuplée de regrets, de remords ou de peurs, mais une tentative de compréhension du passé, un troublant et émouvant zoom arrière sur l'histoire d'amis à l'insouciance libertaire, heurtés de plein fouet par une balle perdue. Et pour comprendre les sentiments des années décrites par l'histoire, il est conseillé de le lire en écoutant du Leo Ferré pour chanter le refrain qui a inspiré le titre de ce délicieux et justement anarchiste roman, noir, court et fluide, une certaine forme de nostalgie.
Le roman commence sur les chapeaux de roue avec l'erreur comme ligne de départ. En 1974, ils étaient une bande de lycéens en pleine révolte, fascinés par un groupe anarchiste qui venait d'enlever un banquier espagnol. Et la révolte sociale née du franquisme était inspirante, à sa façon, la violence maîtrisée, liberté alternative revendiquée, un modèle, pour cette bande de jeunes qui en avait assez d'être manipulée par la morale de l'argent, les bourgeois, les riches, et réclamait justice ! Alors, ils vont s'en inspirer et tenter des les imiter. « le monde, on allait le changer, nous, et la vie aussi. On pouvait nous faire confiance. On était pétards prêts à servir. L'enlèvement d'un banquer allait allumer nos mèches. » Mais… « Plan merdique et blablas foireux, notre armée des ombres faisait branquignole. On posait en guérilleros, on était bidasses en folie. Nanars ambulants… nanarchistes, voilà, nous étions des nanarchistes. » Rien ne se passe jamais comme prévu, quand on se trompe de chemin, et un passant qui passe par là peut en pâtir. le ridicule peut faire rire. Ou pire, bien pire.
« Tu veux savoir, Edmond. Tu veux comprendre pourquoi le choc dans ta poitrine, le bond en arrière, la douleur fulgurante et le néant… C'est bête comme chou? La balle t'a fauché sans raison. Nous, tes assassins, n'avons de circonstance atténuante que notre bêtise crasse. Pas glorieux. La mort n'est pas glorieuse. Pour t'expliquer, il faut ouvrir la boîte à souvenirs, y piocher des fragments de mémoire, des morceaux d'histoire. »
Il s'appelait Edmond Vuillat, il venait d'acheter une montre pour la première communion de sa fille. En sortant de chez l'horloger, il a été abattu d'une balle venue de nulle part. le mystère n'a jamais été résolu. Ceux qui ont commis cette erreur, cette maladresse, ce hasard, cet accident, mais n'étaient absolument pas connus des services de police, et ne sont pas inquiétés. le mystère est donc resté tel quel, inconnu, sauf pour ceux qui l'ont abattu, et pour oublier, effacer tout ça, chacun a préféré faire ensuite sa vie, loin des autres. Lequel avait le doigt sur la gâchette du revolver qui a tiré ? Il préfèrent ne plus en parler. Quarante-cinq plus tard ans plus tard, l'un d'eux reçoit, chapitre après chapitre, le récit de leur histoire, annonçant un livre levant le voile sur les faits, intitulé Les nuits de plomb, et la mise sur le réseau de révélations sur ce qui s'est passé.
La suite sur Aire(s) Libre(s) :







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Culpabilité, nostalgie d'une époque à jamais perdue. Patrick est un ami, nous avons partagé des luttes, des espoirs aussi et des désespoirs. Car où en sommes nous aujourd'hui ? "Il n'y a plus rien" chantait Ferré. Réchauffement climatique, extrême droite au seuil du pouvoir, guerre en Ukraine et ailleurs, risque de catastrophe nucléaire .... alors ce petit air de nostalgie sonne un peu mal pour moi. Nous y croyions, nous étions minoritaires .... et que reste t-il de nos luttes ? Pourtant d'autres jeunes ont repris le flambeau, différemment, comme nous avons fait différemment que ceux avant nous.
J'ai aimé cette écriture, touchée par toutes ces références communes. Continuons à y croire, continuons l'autogestion, transmettons nos valeurs.
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En compagnie du narrateur, l'auteur nous invite à remonter le fil du temps, convoquant au passage quelques fantômes, pour découvrir enfin les circonstances du drame.

« Il laisse des traces, le Champo. Des demi-siècle plus tard, on en est encore barbouillé, on se compose des vies pellicule. Des séquences du spectateur…[…] On naviguait dans le non-dit, le frôlement des mains, des rêvasseries muettes. Aux retours de mémoire, elles nous feraient des histoires à colorier. Des contes sans queue ni tête, qui n'iront pas plus loin que la mélancolie. ”

Si Léo Ferré avait eu besoin d'un parolier à l'époque, on aurait pu lui recommander Patrick Pècherot qui lui rend dans ce roman un bel hommage.

Qu'on le considère comme un polar ou un roman noir, le plaisir de lecture restera le même pour cette intrigue en noire et blanc portée par une plume pleine de panache.

Sa verve insolente, vive, spirituelle, audacieuse diablement efficace et même poétique vous transportera avec délice dans les années soixante-dix vers la jeunesse pleine d'illusions avant que la culpabilité assombrisse leurs vies futures.

Décidément, les auteurs de la Noire de Gallimard ne cessent de me surprendre de la manière la plus agréable qu'il soit.
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