AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 19 notes
5
4 avis
4
2 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« le soir, si elle pouvait, elle sortait presque toujours : comme je l'ai dit, sa sociabilité était légendaire, son intérêt pour les êtres humains n'avait pas de limites. On aurait même pu dire que c'était excessif, mais il en était ainsi. Elle savait parler avec tout le monde, sans jamais changer sa façon d'être, qui restait la même avec toutes les classes sociales. C'était une expérience fascinante de la voir discuter avec un simple ouvrier de la même façon qu'avec un riche bourgeois, l'un des traits les plus renversants de son caractère. (p. 28)”

Un témoignage pudique , amoureux , de Angelo Pellegrino, dernier compagnon de Goliarda Sapenzia, qui rend un hommage profond et admiratif à cette femme de Lettres,hors du commun, par son parcours et sa personnalité… Y sont décrites les genèses de ses textes : « L'Art de la joie » refusé par son pays…et lancé en France, par son succès chez l'éditrice Viviane Hamy, en 2007, « L'Université de Rebbibia » (premier texte que j'ai lu , pour ma part, qui m'a captivée, littéralement), ses « Carnets », etc.

« Goliarda regretta d'avoir dû quitter si vite la prison, et pas seulement pour l'occasion manquée de faire scandale autour de – L'Art de la joie- . Elle avait le sentiment d'avoir été séparée trop vite de la vie carcérale et de ses camarades. En prison, Goliarda était redevenue elle-même. Elle était sortie de la dépression en y retrouvant, d'une certaine manière, ses ruelles de San Berillo à Catane, une agora, une société réelle. Elle y découvrit amitié et sororité, la réalité du combat pour survivre, et aussi des formes de courage et de solidarité dont elle ressentait le manque depuis longtemps. « (p. 41)

Un ouvrage précieux de son compagnon et éditeur, en Italie, désormais… ; livre accompagné de très belles photographies, couleur sépia…Des portraits de Goliarda, irradiant ! Très heureuse de cette lecture aussi émouvante que fort instructive, à tous les niveaux, personnel , social, politique comme dans le domaine créatif, et littéraire…
Commenter  J’apprécie          310
J'ai découvert Goliarda Sapienza avec Moi, Jean Gabin. L'écriture particulière pour décrire sa vie de petite fille dans une Italie entre deux guerres, dans une famille intellectuelle fantasque a aiguisé ma curiosité : j'avais envie de découvrir le parcours de Goliarda.

Un portrait de femme écrit par un amoureux admirateur, le compagnon de Goliarda. Une femme qui se bat contre ses démons mais qui pratique quotidiennement l'art de la joie, l'acceptation sereine de son existence. Quelques rituels pour tenir, une solitaire qui sait vivre en société et amie fidèle. Marginale quelquefois, libre toujours, Goliarda peine à faire publier ses écrits.

Quelques dépressions qui la conduiront à attenter à sa vie, elle mourra beaucoup plus tard d'une chute dans un escalier alors que son coeur lâche.

Son roman, L'Art de la joie, oeuvre magistrale, sera publié après sa mort.

Un texte pudique et rempli d'amour.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          310
« chez Goliarda Sapienza... l'esprit et le tempérament jaillissent vivants de chaque page »

La vie incroyable d'une combattante est esquissée dans ce livre par son amoureux, son compagnon de route. Elle avait un sourire lumineux et un esprit empli d'idéaux, un esprit façonné par une histoire familiale rebelle. Une femme hors du commun, hors des normes et pourtant tellement ancrée dans la réalité sociale. J'ai découvert Goliarda Sapienza grâce à Angelo Maria Pellegrino et je l'en remercie. Infiniment.

Ce livre est un témoignage de la difficulté de vivre la profession d'écrivain dans une Italie qui tentait d'oublier les années noires, les années de plomb suivies du reflux, une Italie qui a préféré ne pas publier Goliarda Sapienza, trop libre pour l'époque. J'ai l'intime conviction qu'elle le comprenait mais il n'empêche que le manuscrit, resté dans le coffre si longtemps, a été une douleur pour cette femme qui respirait les fêlures du temps et des êtres. Cette biographie est donc le tremplin qui me permet d'aller vers Modesta. Aurais-je voulu en apprendre d'avantage dans cette biographie ? Non. Tout simplement non. L'inverse signifierait que je suis passée à côté du message qu'il transmet : me mettre sur le chemin de L'art de la joie (pour commencer) là où réside les nuances, contradictions et illuminations de Goliarda qu'elle a laissées, comme un précieux témoignage de sa vision du monde et d'elle-même.

« Goliarda est tout entière dans ses oeuvres, elle est parvenue à se réincarner, ai-je envie de dire, dans ses textes. »
Commenter  J’apprécie          288
La Feuille Volante n° 1305

Goliarda Sapienza... – Angelo Maria Pellegrino – Éditions le Tripode.
Traduit de l'italien par Nathalie Castagné.

Étrange destin littéraire que celui de cette femme de Lettres italienne (1924-1996) qui dut attendre longtemps pour accéder à la notoriété et que son roman emblématique, « L'art de la joie » achevé en 1979, paraisse en France avec succès en 2005, pour que son propre pays la reconnaisse. Son manuscrit avait d'ailleurs été refusé par la plupart des maisons d'éditions italiennes et ne parut intégralement qu'après sa mort. L'auteur, Angelo Maria Pellegrino fut son dernier compagnon et consacra en, 2015, ce court ouvrage pour honorer la mémoire de celle qui désormais est reconnue comme un grand écrivain et se chargea de l'édition complète de l'oeuvre de Goliarda, publiée par les éditions Einaudi, l'équivalent italien de « La Pléiade ».
J'imagine les moments de découragements de cette femme qui voyait ainsi contester son talent mais surtout l'existence de son message. J'évalue aussi le rôle de Pellegrino qui la rencontra alors qu'il n'avait que 29 ans alors qu'elle en avait 50 et qui l'épousa quelques années plus tard . On pense ce que l'on veut de ce choix de vie, de cette différence d'âge qu'on rencontre souvent dans le domaine artistique et qui ne concerne que les intéressés. Est-ce pour le plus âgé la volonté de ne pas vieillir ou de s'en donner l'illusion dans le partage avec quelqu'un de plus jeune, une source de création ou de vitalité ou un tremplin pour quelqu'un qui peine à démarrer dans la vie ? Angelo est devenu lui même comédien, écrivain, traducteur et éditeur. Qu'importe d'ailleurs ! Entre exaltations créatives et périodes de dépressions, au moins a-t-elle eu avec lui un soutien qui lui avait manqué pendant toute ces années d'une vie antérieure agitée qui la conduisit d'hôpitaux psychiatriques, après des tentatives de suicide suite à des déboires sentimentaux, et en prison après un vol de bijoux ! Ses différents romans, bien que boudés par les maison d'édition, attestent de son parcours cahoteux. Ils sont autant de jalons autobiographiques comme c'est le cas de beaucoup d'écrivains qui puisent dans leur existence et dans leur expérience, la substance de leur oeuvre. Ainsi le vol de bijoux dont elle se rendit coupable, et surtout les circonstances de son arrestation et de sa détention, inspirèrent largement son oeuvre. Bizarrement son compagnon note que cela fit renaître sa créativité, la libéra de la dépression, lui faisant découvrir une certaine socialisation qui n'existait pas dans le milieu intellectuel qu'elle fréquentait ! La passion amoureuse qu'elle connut alors pour Roberta, une jeune détenue toxicomane et terroriste, n'est peut-être pas étrangère à cette renaissance. Par un retournement du destin, c'est l'administration pénitentiaire qui s'intéressa à « L'université de Rebibbia » comme à un document littéraire exceptionnel et qu'on créa ensuite « Le Prix Goliarda Sapienza » récompensant chaque année vingt récits de détenus, parrainés par des écrivains italiens reconnus. C'est une tentative réussie de réunion de la littérature à la vie. Angelo nous confie que le parcours de Goliarda fut hors du commun et nous en détaille les phases, note qu'elle ne pouvait passer une journée sans écrire, retient son sourire lumineux que de nombreuses photos attestent. Elle fut pourtant marquée par cette solitude qui enfante les grandes oeuvres parce qu'il n'y a rien de tel pour transmettre à la feuille blanche ses états d'âme et pour se libérer de ses maux, pour les exorciser, que de les coucher sur le papier. Pourtant quand on choisit cette posture, on n'est jamais assuré du résultat, Les périodes de sécheresse et de déprime existent et Pellegrino nous révèle que malgré tout, et peut-être malgré lui, cette solitude perdurera jusqu'à la mort de sa compagne. C'est le côté obscur de l'écrivain et c'est d'autant plus étonnant qu'elle venait du théâtre et du cinéma où la vie sous les projecteurs est la règle. Il faut en effet se méfier de l'écriture qui peut être une thérapie mais aussi être destructrice parce qu'elle est sous-tendue par des souffrances intimes qui peuvent résister et se retourner contre l'auteur qui souhaite les apprivoiser. S'incarner soi-même dans un personnage qu'on a crée peut être révélateur mais parfois aussi dévastateur. Cela complique le travail d'écriture et isole parfois l'auteur au point de se transformer pour lui en une impossibilité d'écrire, de s'exprimer complètement, et ainsi s'insinue en lui la certitude d'être en retrait de ce qu'il veut vraiment formuler, tissant petit à petit une frustration prégnante.
Angelo s'est consacré à la révélation de l'oeuvre de cette auteure négligée. le portait qu'il en fait est forcément subjectif mais qu'importe. On naît tous à une époque et dans un pays qui impriment leur marque dans notre vie. Pour elle, à cause de ses parents, ce fut très tôt l'engagement politique marqué à gauche, face au fascisme, la guerre, une enfance en Sicile dans un quartier populaire, le choix du théâtre et du cinéma et les rencontres qu'elle a pu y faire. Son roman emblématique, « L'art de la joie » est achevé quand l'Italie traverse « les années de plomb », mais il reste longtemps dans un tiroir. Pour autant Modesta, l'héroïne, a ce côté libre, rebelle et sensuelle de Goliarda
Personnage complexe, passionné, contradictoire, idéaliste mais incompris de ses contemporains, Goliarda renaît actuellement à travers la publications de ses oeuvres que, paradoxalement, elle eut un peu de mal à faire éditer de son vivant. C'est une revanche posthume mais aussi une invitation à découvrir cette oeuvre protéiforme,

©Hervé GAUTIER – Décembre 2018.http://hervegautier.e-monsite.com
Commenter  J’apprécie          40

Autres livres de Angelo Pellegrino (1) Voir plus

Lecteurs (47) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}