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Citations sur Nature et spiritualité (32)

Pour défendre la propriété privée des biens, des idées, des brevets et des personnes, le marché fera surgir polices, armées, justices privées, mercenaires et arbitres. Tout le temps passé à autre chose que consommer — ou accumuler des objets à consommer de manière différée — sera considéré comme perdu... Les transports, les hôpitaux et les écoles laisseront la place pour l'essentiel à des lieux de vente et à des services après-vente d'auto-surveillants et d'auto-réparateurs. L'homme percevra le monde comme une totalité à son service dans la limite des normes imposées par les assurances à son comportement individuel ; il ne verra l'autre que comme un outil de son propre bonheur, un moyen de se procurer du plaisir ou de l'argent, voire les deux. Nul ne songera plus à se soucier d'autrui : pourquoi partager quand il faut se battre ? Pourquoi faire ensemble quand on est concurrent ? Plus personne ne pensera que le bonheur d'autrui puisse lui être utile. Encore moins cherchera-t-on son bonheur dans celui de l'autre. Toute action collective semblera impensable, tout changement politique, de ce fait, inconcevable.
p. 227
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Après l'effondrement du communisme, plus aucun frein ne devait limiter l'expansion du capitalisme. Et rien non plus ne devait le réguler. L'application de la loi du plus fort ne pouvait par conséquent qu'aboutir à un écart de plus en plus large entre les revenus dans tous les pays avancés : les riches, peu nombreux, deviennent de plus en plus riches, et très nombreux sont ceux qui restent pauvres, voire qui deviennent de plus en plus pauvres. Selon Jacques Attali, les inégalités se creusent entre les plus riches des Américains et les autres : « Le revenu des 0,01 % les plus riches (pour l'essentiel, des acteurs des marchés financiers) est passé de 50 fois le salaire moyen de l'ouvrier en 1975 à 250 fois ce même salaire trente ans plus tard ; la moitié de la richesse créée de 1990 à 2006 a bénéficié à 1 % des ménages. Le salaire ouvrier américain baisse depuis 1973 en raison de la concurrence de l'immigration et de celle des délocalisations. »
Ces délocalisations sont naturellement le fruit amer de la mondialisation, à la fois si valorisée et si contestée.
p. 225
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Ruptures et tensions au cours du deuxième millénaire
Darwin a une piètre idée de la nature, qu'il qualifie de « maladroite, gaspilleuse, faillible ». La science de cette époque considère le monde matériel comme individualiste, agressif, implacable, chaque individu étant en lutte contre tous les autres pour assurer sa survie, voire sa prééminence. Bref, pour Darwin, « toute la nature est en guerre ».
p. 223/24
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La montée du capitalisme : vers la religion...
Le libéralisme, censé apporter équitablement à tous richesse et liberté, s'est transformé en une sorte de lutte sauvage. Une seule règle : celle de la concurrence sans limite au profit des meilleurs, et tant pis pour les autres. De ce capitalisme Pie XII déclarera qu'à l'instar du communisme il est intrinsèquement pervers.
p. 223
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Dans la perspective développée par Max Weber, la conciliation de Dieu et de l'argent va plus loin encore, puisque sur le billet vert, le dollar, figure l'invocation du nom du Très-Haut. Étrange rabibochage de Dieu et de Mammon !
p. 221
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Pour ces puritains, le succès professionnel est le signe d'une élection divine dont bénéficient tout naturellement les membres du nouvel Israël. Ils actualisent une idée très présente dans l'Ancien Testament, selon laquelle la richesse est un don de Dieu ; mais une idée qui s'inscrit précisément en rupture avec les fondements du christianisme où il est beaucoup plus question d'humilité, de douceur, de sobriété et d'abandon entre les mains de la Providence.
Voici donc que s'esquisse un étonnant parallélisme entre le judaïsme et le puritanisme protestant américain. Un parallélisme dont témoigne toujours notre époque. On sait en effet les étroites convergences entre une fraction du protestantisme américain, parfaitement représenté par la sensibilité religieuse d'un George Bush, et l'élite du judaïsme de ce pays. Ne sont-ils pas étroitement associés à la lutte contre “l'axe du Mal” ? Les plus prosélytes des évangélistes rêvent, contre toute logique, de conquêtes et de conversions en terres d'Islam, affirmant, parfois sans mesure, les droits d'Israël, mais en se montrant moins regardants sur les devoirs de cet État à l'égard des Palestiniens. Autre parallélisme : entre le refoulement par les uns des Indiens d'Amérique hors de leur sol et, par les autres, des populations palestiniennes dans des enclaves qui n'ont plus rien d'un État.
p. 220/21
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La montée du capitalisme : vers la religion...
… les modes de vie en vigueur sous l'Empire romain.
Après sa reconnaissance par Constantin dans tout l'Empire, le christianisme bascula dans le camp du pouvoir sans vraiment se faire le protagoniste de l'ordre marchand, mais sans non plus le contrarier. Rappelons qu'au cœur du XIIIe siècle, le prêt à intérêt n'avait toujours pas cours dans la chrétienté. Seule la communauté juive l'autorisait. La pensée chrétienne avait par ailleurs fortement rogné le droit de propriété tel que conçu par les Romains. La définition par saint Thomas d'une « fonction sociale de la propriété » postulait que celle-ci cessât d'être licite si elle n'incluait pas la part du pauvre, imposant par là le devoir de partager. Le morceau de pain offert au miséreux n'était pas un don, mais un droit reconnu au pauvre. S'il le volait, il n'était pas déclaré coupable. Pourtant, l'élite marchande n'entre pas en conflit avec l'Église et Jacques Attali a cette phrase étonnante : « Cette nouvelle élite s'allie aussi à l'Église dont les préventions envers les métiers d'argent diminuent en même temps qu'augmentent les restrictions qu'elle impose à la sexualité. » Bien que nous soyons toujours au XIIIe siècle, ce constat reste, à l'aube du troisième millénaire, d'une parfaite actualité.
p. 215
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Ruptures et tensions au cours du deuxième millénaire
Certes, il existe des scientifiques croyants, mais, à leur égard, la plus grande prudence est de rigueur. Ne seraient-ils pas quelque peu obscurantistes, voire illuminés : deux mots contradictoires qui paradoxalement désignent la même réalité ? Bref, les voici suspects. S'ils sont timorés, ils tairont leurs convictions intimes qui, si elles étaient portées sur la place publique ou dans les médias, pourraient leur être imputées comme un grave handicap. Pour sa part, l'auteur de ces lignes n'a pourtant jamais hésité à se dire à la fois scientifique et croyant, n'ayant jamais perçu, dans son expérience intime, la moindre contradiction.
p. 210
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La religion de la science a aussi ses livres sacrés : tout scientifique désirant faire carrière et percer porte la plus grande considération à la revue anglaise Nature où sont consignés les résultats des meilleurs d'entre eux. Mais, avant de mériter l'honneur d'une telle publication de leurs travaux, ceux-ci seront soumis à des “referees”, éminentissimes scientifiques qui jaugent, avant de les avaliser, les résultats des travaux qui leur sont présentés. Gardiens sourcilleux du dogme, ils sont au scientisme ce que furent à l'Église les vétilleux exégètes du Saint-Office.
Que mes collègues et amis scientifiques, pour qui j'ai la plus haute estime et la plus grande considération, ne s'offusquent pas de ces propos un tantinet impertinents. Mais avouons qu'il y a là de troublantes homologies ! Allons, la religion n'est pas morte. Elle perdure, mais sous une autre forme. Elle a pour nom la science.
p. 209
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Berthelot, lui, rêve « d'une direction des sociétés humaines par les sciences, car la science est seule capable de procurer à l'homme morale et bonheur. » « Par la connaissance exacte des faits et par la conformité des actes humains avec les lois constatées des choses », les hommes parviendront à maîtriser la matière. Désormais, aux religions et à celle du Christ en particulier se substitue la religion de la science, une religion toujours d'une haute actualité ressassant son credo dans le milieu scientifique et dont les desservants sont les nouveaux clercs.
Il est surprenant de constater à quel point le cléricalisme scientifique s'est décalqué sur le cléricalisme religieux. Comme un clerc, le pro-fesseur d'université était, jusqu'à il y a peu, titulaire de sa chaire. Et lorsqu'il la quitte, il devient « émérite » comme un évoque. Certes, le scientisme est rigoureusement temporel ; il ne connaît d'autre immortalité que celle des membres de l'Académie des sciences où siègent les hiérarques de la nouvelle religion. Religion sans Ciel, elle a ses saints, les Nobel, ses martyrs, les Galilée et les Curie, ses lieux de culte, les laboratoires, ses grandes célébrations collectives, les congrès scientifiques internationaux. Elle a même une Église, l'Union rationaliste, et un dogme, le Progrès.
p. 208
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