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EAN : 9782872931200
216 pages
Satas (13/09/2011)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Le profond engagement de Peggy Penn pour les personnes avec lesquelles elle travaille et les modèles qu'elle a développés - la rédaction de lettres, les questions sur l'avenir - sont parfaitement rendus dans ses textes originaux rassemblés dans cet ouvrage ; comme son titre le suggère, ce livre nous fait partager la vie de ses clients et illustre comment son amour du langage suscite de nouveaux récits, de nouveaux possibles, grâce aux imaginations conjuguées (Kaethe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai plutôt apprécié ce livre. Qui est un bon mix entre théorie haut niveau, exemples cliniques et explication d'un parcours personnel de thérapeute. On a là quelque chose de complet qui tient la route. Il s'adresse, selon moi, essentiellement à des professionnels, thérapeutes et caetera.

D'emblée, j'ai été attiré par le titre « Les imaginations conjuguées », dans ma pratique personnelle je ne cesse de constater à quel point l'entrelacement des imaginaires entre patient et thérapeute est d'une grande fécondité et très amusant, et dans la foulée un énorme levier thérapeutique.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que les idées dans ce livre rejoignent très fort celles touchant à l'hypnose conversationnelle. Car il s'agit bien de cela, libérer les mots, le langage, souvent bloqué, libérer d'autres voix, d'autres voies dans un discours qui structure, définit, enferme ou qui restructure, redéfinit et libère. Des traumas, des souffrances de maladie, chronique ou pas. Sortir d'un discours sclérosant qui vient de plus loin... en le réinterrogeant, lui et ses auteurs...

Ecrire à ses agresseurs, à ses parents, et imaginer ce qu'ils nous diraient en retour, tenter de lire et écrire l'histoire d'une autre façon, par un autre biais, qui complète celle-s qu'on a déjà, pour ne plus pouvoir revivre sans arrêt les choses en souffrant.

Je ne vais pas dévoiler les diverses techniques : l'équipe réfléchissante, l'utilisation du miroir sans tain, la lettre en retour, et bien d'autres. Pas tout à fait neuves et originales mais bien utilisées... Hélas, ces choses demandent une vraie structure et beaucoup de moyens, j'ai peine à penser qu'on puisse réunir facilement cela dans plein de services ou institutions...

Penn s'inscrit dans le constructionnisme social, celui de Kenneth Gergen et autres. Avec un début psychanalytique et un détour par la sysgtémique de Selvini-Palazzoli. Un parcours qui rejoint des pontes comme Lynn Hoffmann, Tom Andersen... Les idées croisent celles de l'EMDR, des théories du trauma de van der Kolk...

L'auteure a comme dada les familles dont l'un des individus souffre d'une maladie chronique,
« Les présentes réflexions sur la façon de gérer la maladie chronique peuvent servir de protocole de travail aux professionnels lors d'interventions précoces en milieu familial.
Pour la (les) personne(s) en traitement, il est important de chercher si une maladie semblable s'est déclarée dans les générations précédentes et d'en découvrir l'histoire ou la nature. le génogramme peut résumer l'histoire de façon concise. Les modèles qui se transmettent de génération en génération y apparaissent rapidement. Les structures de coalitions caractéristiques créatrices du sauveur par excellence dans la génération actuelle, comme "je m'occupe de ma mère depuis qu'elle a eu une attaque", etc. doivent être soulignées. »

Concernant le travail sur les traumas et l'intervention en groupe, l'auteure eu nous dit :

« Nan nous a dit que ses flashbacks étaient précédés d'une sort d'aura : une sensation physique vague souvent accompagnée de nausées, de verges et de perte de la notion du temps. La peur restait l'émotion la plus forte. Nan avait fait partie d'un groupe d'aide aux personnes victimes d'agression sexuelle. Bien que ces groupes soient utiles en certains cas, ils ne parviennent selon moi que rarement à restructurer l'histoire intime de façon à pouvoir seulement la partager.

Rosemary Masters (2000), une thérapeute de notre groupe, a fait remarquer que nous existons habituellement dans des états fluctuants du soi. Nous pouvons changer rapidement de notre façon de penser selon les exigences que nous dictent notre monde extérieur ou intérieur, tout en restant cohérent avec nous-mêmes et avec les autres. Dans l'agitation extrême qu'induit la maladie ou le traumatisme, ces états se figent et donnent naissance à des modèles répétitifs. Nous pensons (avec d'autres) que le traumatisme antérieur reste fixé quelque part dans une région du cerveau, une zone inaccessible au langage, qui contient un puissant matériel émotionnel.

Penn cherche à vraiment préciser ce qu'elle entend par langage, conversation, elle circonscrit bien les concepts qu'elle utilise. Je ne sais pas si ça a réellement un intérêt pratique mais si ça l'a aidé elle à se comprendre et à appréhender plus facilement son travail... Autre distinction d'importance : empathie et compassion.

Je pense que ce livre est un de plus dans la bonne vague de thérapie ouvertes, humaines, intégratives, qui peuvent s'insérer, s'implémenter, s'ajouter à plein d'autres, se combiner, et je pense aussi qu'on peut les muter, les corrompre un peu, pour autant qu'on sente et s'entende sur ce qu'on fait. Quand je lis ceci : « ... l'usage de la lettre en retour est un modèle qui s'applique particulièrement bien aux familles confrontées à une maladie chronique. Cette voix est unique, c'est celle du client qui se répond à lui-même en prenant la voix d'un membre important de la famille, comme s'il répondait avec sa propre voix. Nous avons appris que cette expérience fait surgir les éléments manquants de sa personnalité. », je ne peux m'empêcher d'y voir des traits communs avec les Constellations familiales, par exemple. Autre exemple : la Technique du futur, du plan d'avenir : « Utiliser le plant d'avenir avec la famille la met en méta-position par rapport à ses problèmes et augmente le potentiel évolutif du système. Ce qui écarte l'idée de la prédétermination et permet d'aborder un modèle de changement spécifique à chaque famille. » Propos qui à on sens rejoint les thérapies solutionnistes. Les puristes ne seront évidemment pas d'accord avec moi. Tant pis.

Des poèmes, écrits par l'auteure, qui se placent en fin de chapitre n'ajoutent pas pour moi de plus-value. Je ne les a pas apprécié particulièrement, du coup a contrario ça déforce la place de Penn dans mon coeur et son impact sur moi en ressort diminué. Dommage...


Pour conclure, je dirais que ce livre peut vous permettre, thérapeute que vous êtes, encore de vous affiner, d'oser aborder des situations ardues, qui paraissent très bloquées, en douceur, en maîtrise et en s'amusant, en s'amusant beaucoup, pour autant que votre imaginaire, et votre imagination peuvent le concevoir. Ainsi votre imagination se conjuguera avec celles de vos patients pour de beaux moments !



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Citations et extraits (161) Voir plus Ajouter une citation
Il est intéressant de noter l'impact de ce processus sur le thérapeute. Notre expérience nous a démontré que lorsqu'un texte écrit apparaît, lorsque les clients sortent un bloc-notes de leur poche, l'attention du thérapeute s'exacerbe, il lui vient un sentiment de curiosité, d'excitation, une sorte d'estime devant l'application montrée par les clients. Ceux-ci, en contrepartie, parlent de découvertes, de voix, de possibles et d'entendements nouveaux,. Ils apprécient particulièrement l'ambiance accueillante de la séance, sachant qu'ils seront entendus.
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L'étape suivant compte parmi les meilleures que j'ai vues en matière de résolution de traumatismes enfouis. Judit lui a suggéré d'aller revoir la scène du crime avec leurs "imaginations conjuguées". Ils se sont mis sur le côté, en l'observant comme s'ils regardaient une image. Ils pouvaient suivre en détail les événements à mesure des souvenirs et suivre chaque réaction de la victime. En suivant cette histoire figée, en regardant se perpétrer le crime, ils construisaient des idées que ce qu'il ferait ensuite. Une des questions était : "Comment et à quel moment voulez-vous stopper l'action, faire quelque chose de différent ?" Judit m'a dit qu'il s'était senti très mal dans cette expérience mais qu'il avait pu la suivre parce qu'ils regardaient le crime ensemble. Ils étaient parvenus au point où le sentiment de la responsabilité émerge à la conscience, une possibilité que permet le processus de réflexion. J'avais joint mon imagination à la leur et je retenais mon souffle. Le visage du jeune homme s'est tendu et, comme Judit l'a si bien dit, ses yeux pleuraient sans larmes.
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Pour moi, l'écoute consiste à être premièrement attentive à l'empathie ou la compassion que je ressens pour et à l'intérieur de la famille ; à écouter ensuite les mots importants, pour les sonder et offrir spontanément un mot de mon cru comme je le ferais dans une conversation habituelle, et m'assurer enfin que la famille se sent approuvée moralement. Nos « voix qui écoutent » sont une forme essentielle de notre façon de soigner, elles participent et sont témoins à la fois. Elles sont là pour apprécier l'histoire e la souffrance dans sa totalité « peu importe le nombre de fois qu'elle doit être racontée ». Comme je l'ai mentionné plus haut, c'est une sorte d'écoute éthique, le choix de la voie valorisante. J'utilise ma propre version de ce que Kaethe Weingarten (1995)a appelé l' « écoute radicale » - c'est-à-dire : écouter le non-dit et l'absent. Je m'inquiète de savoir comment les mots manquants influencent la famille.
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Notre équipe aide les personnes touchées par la maladie chronique à être attentives à leurs métaphores négatives et à celles qui leur sont transmises par d'autres. Nous espérons ainsi aider ces familles à rester en relation, dans une période où il est plus important de compter sur les relations que de les remettre en question. Nous nous appuyons également sur les multiples descriptions qui permettent de choisir une voie appropriée pour rompre le silence. Nous utilisons une approche basée sur le langage capable d'étendre notre vision constructionniste. Lui porter une attention particulière semble pousser les clients à écrire leurs relations aux autres et à eux-mêmes.
J'ai appelé cet acte de parole écrite corde de communication parce qu'il remet la famille en relation et réduit les effets des traumatismes relationnels. Il peut libérer les sentiments et aider les clients à découvrir des voix nouvelles.
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J'ai tenté d'expliquer en détail l'impossibilité, dans une famille confrontée à une maladie chronique, de passer à un nouveau cadre de référence, de rediscuter ses modèles avec le temps. J'ai parlé de deux causes possibles qui peuvent empêcher le changement. Premièrement, les limites perméables d'une famille confrontée à une maladie chronique peuvent la pousser à se coaliser avec des personnes soignantes extérieures, puis situées dans la famille elle-même. Les schémas de la famille d'origine ayant été réifiés par la maladie actuelle, les coalitions semblent être adaptées à la maladie actuelle, mais elles portent en elles les problèmes non résolus dans le passé. De plus, dans ce genre de familles, une forme particulière d'interaction contraignante souffle sur le système familial, le rend souvent statique et le menace d'une issue fatale.

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