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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pierre, jeune homme de 28 ans, veut changer de vie et décide de tout plaquer. Il quitte Paris pour aller s'installer dans une petite ville isolée dans la Sarthe, loin de tout, de sa famille, ses amis. Par petites bribes d'informations distillées tout au long du récit, Pierre nous raconte les raisons de son départ, cette décision radicale mais qui a muri en lui. On comprend alors peu à peu pourquoi cet homme blessé, meurtri, amoureux, solitaire a voulu partir.
Rapidement, j'ai eu l'impression de connaître Pierre. C'était comme un frère dont on comprend les blessures, son besoin de solitude... Ses mots et ses émotions nous parlent, nous ressemblent un peu. C'est un mélange à la fois de douceur et de tristesse mais aussi de sourires, de rage, de souffrance. Un entrelacs d'émotions qu'on a vécu au moins une fois. Pierre laisse tout derrière lui, quitte à se faire mal, à s'amputer peut-être. Pierre est notre âme solitaire, loin du tumulte du monde, loin du bruit. Loin de son amour aussi pour R., cet homme plus âgé que lui, celui qui le porte, le fait fondre. Pierre, c'est aussi celui qu'on aimerait être sans jamais en avoir vraiment le courage, ce courage de tout faire valser, de changer de vie, d'écouter cette petite voix qui nous dit ‘'ça suffit de vivre en apnée. Il est temps de vivre selon nos convictions, nos aspirations profondes et nos rêves''.
La Fourche, lieu-dit où il s'installe pour devenir brocanteur, est un nom bien trouvé pour raconter le nouveau chemin que Pierre décide de prendre, une nouvelle vie qu'on décide de vivre et qu'on assume parce qu'on l'a choisie. La peintre Rosa Bonheur dont il veut écrire la biographie est comme l'emblème de ces désirs et de cette vie assumée, loin du dictat social. Une vie sûrement plus dépouillée, plus difficile financièrement, à manquer souvent d'argent pour s'acheter même l'usuel. Alors c'est la débrouille qui prime, le troc et l'entraide entre voisins. Socialement, c'est juste un café chez la voisine, quelques moments passés dans le bar du coin ou à la crêperie de Jean-Michel pour arrondir ses fins de mois. C'est apprendre à vivre avec le strict nécessaire, sans le superflu, sans l'inutile. C'est comprendre ce qui est vraiment important. C'est retrouver son corps, par la brocante tout d'abord (les meubles à transporter, les réveils dans la nuit, dans le froid), par l'alimentation moindre, par le travail dans le jardin, les balades dans les champs avec ses chiens.
En termes d'allégorie, ce n'est plus la grande route professionnelle qu'on pourrait fantasmer à Paris. Non, ce petit chemin que Pierre prend, loin de la vie parisienne, c'est un bout de nature, entouré d'animaux (à devoir parfois refaire les gestes des anciens qu'on n'avait plus besoin de faire : la préparation du lapin offert par la voisine, moment drôle et épique !). C'est aussi la liberté, la part sauvage qui est en nous, le plaisir des petits riens, retrouver ses sens. Laisser parler son coeur, l'écouter et peut-être même le laisser pleurer mais pour le laisser à nouveau battre, crier, hurler, vibrer. Et aimer. Trouver un nouveau souffle, de nouvelles envies. Partir pour enfin vivre. Partir pour apprivoiser ses fantômes. Les vivants et les morts. Partir pour renaître. Et goûter à l'essentiel. Un plaisir qui ressemble pas mal à celui que j'ai eu en me plongeant littéralement dans ce roman, comme dans un petit cocon, protecteur et régénérant.
Je ne connaissais pas Anne Percin avant de lire ce roman. Et je remercie cette amie Babelio qui -pour un contexte particulier- m'a conseillée un autre roman de cette auteure (‘'Les singuliers'' que je n'ai malheureusement pas trouvé à ma Médiathèque). Par ce petit billet, comme un passage de témoin, j'espère transmettre à mon tour peut-être l'envie de découvrir cette auteure à la plume tendre et délicate. Un plaisir simple, tranquille, sans fioritures. Un petit moment qui fait du bien.

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Pierre a quitté Paris, sa thèse sur Simone Weil, ses amis et le mannequinat pour s'installer à la campagne, faire les brocantes et écrire la biographie de Rosa Bonheur, une peintre féministe du XIXe siècle qui peint des vaches – entre autres. Il a surtout quitté R., cet homme qu'il craignait tant de perdre. Alors, à La Flèche, il vit du minimum : minimum d'argent, minimum d'émotions et minimum de sentiments. Sauf qu'à défaut d'argent, des émotions et des sentiments, Pierre en a à revendre, qui bouillonnent en sourdine sous son crâne et dans son ventre, qui remplissent le vide de rien et le rien d'amour. Dans ce paysage calme peuplé de personnages épars, il apprend peu à peu : à dépecer les lapins et à dompter ses fantômes.

Une quête identitaire en pays sarthois, pourquoi pas. Écrite par Anne Percin, avec plaisir. Au final, un roman haut en couleurs, où pudeur et provocation entrent en harmonie. L'on découvre peu à peu l'histoire de Pierre en même temps qu'il apprivoise son existence. Humour, douleur et douceur parsèment son chemin où le deuil a laissé sa marque, à côté de l'insécurité, du bonheur et des erreurs. Bonheur fantôme porte bien son nom : sous couvert de peu d'événements, c'est le tourbillon d'une vie qui cherche à se vivre.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Pierre 28 ans s'installe à la campagne comme brocanteur dans un petit village de la Sarthe. Pourquoi choisit-il de s'éloigner de la vie parisienne ? Pourquoi faire le choix de la solitude ? Pourquoi tout quitter même son grand Amour R. ?
Pierre se dévoile à chaque page, il dévoile ses craintes, ses peurs, ses sentiments, mais surtout ses fantômes, qu'ils soient vivants ou morts qui hantent cet écorché à vif, il dévoile aussi ses passions pour Simone Weil, Rosa Bonheur, les vieilles chansons...
Ce qui est magnifique dans ce roman, c'est qu'il raconte la vie, la liberté, l'Amour. Un beau portrait d'homme blessé, un roman sensible, débordant de vie avec ses joies, ses bonheurs et ses tristesses. C'est tout simplement beau, réel et écrit avec pudeur et délicatesse.
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Coup de coeur pour ce petit roman si bien écrit!!! les mots sont de vrais perles!
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En lisant ce livre emprunté au hasard à la médiathèque, je suis peu à peu "tombée amoureuse" de Pierre, ce personnage mystérieux passionné par la peinture de Rosa Bonheur, vivotant isolé à la campagne en compagnie de ses chiens et de ses chères brocantes. J'ai aimé la description de sa relation avec son ami quittant le tumulte parisien pour lui rendre visite. Un beau roman à découvrir.
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jolie histoire qui se termine bien à lire !!!
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Je me doutais que ce serait assez contemplatif. Je me suis donc préparée à cela avant de me lancer pour ne pas avoir la sensation de passer à côté. Je vous invite d'ailleurs à lire l'extrait que j'ai laissé en fin d'article pour vous faire une idée du style et du ton de ce roman qui plaira ou agacera.

Nous faisons la connaissance de Pierre, notre narrateur, alors qu'il vit dans la Sarthe, coin plutôt perdu, lui, qui vivait précédemment à Paris. Il tente de raconter son parcours (sa fuite plutôt) tout en évoquant ces autres dont il aime tant décortiquer la vie. Notamment celle de Rosa Bonheur, dont il tente d'écrire la biographie. Brocanteur à ses heures, sa vie est rythmée par une ambiance rurale plutôt lente.

Je ne vais pas vous conter de long en large ce qui s'y passe. C'est assez détaillé et pas glamour par moment : je pense notamment au dépeçage du lapin. Mais quiconque aime les détails et s'agace de ne pas en trouver assez saura satisfaire ses attentes.

L'ensemble est parfois poétique, parfois philosophique puisque Pierre prend du recul sur sa vie : il n'est pas parfait, n'a pas d'explications sur tout mais cela donne un récit « tranches de vie » duquel transparaissent les émotions avec une certaine rudesse et justesse.

J'ai eu d'énormes difficultés à lire ce roman. Les quarante premières pages ne m'ont fait ni chaud ni froid mais vers la centième page, j'ai commencé à me sentir bien et à apprécier ce que Pierre avait à partager.

Il y parle d'amour, de famille, de solitude, de liens entre individus, de mort, d'oubli. Je ne sais pas bien ce qui ressort du lot, si ce n'est cet amour imparfait qu'il partage avec R. et qui est vibrant d'énergie positive comme négative, de quelque chose poussant aux questionnements existentiels, tout comme la mort prématurée de son jumeau qui a forgé sa manière d'aborder la vie.
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Une très belle histoire d'amour entre deux hommes. L'un, Pierre, brisé par la vie (et surtout la mort de son frère) et l'autre, qui l'héberge, le lance dans la mode et le reconstruit. Mais l'arrivée d'une intruse casse ce bel équilibre.

Tout est dévoilé en filigrane, petit à petit. Bon, parfois ça traîne un peu. L'auteur prend son temps, comme son personnage.

Comme les tableaux de Rosa Bonheur, qui donnent à voir la nature et la campagne telle qu'elle est. Sans oublier que Rosa était un personnage extravagant, à son époque.

On sent un jeune adulte encore mal dans sa peau, dans sa vie ; et qui trouve son bonheur à la campagne, au milieu de son bric-à-brac de vieilleries. En accumulant puis revendant, il se reconstruit.

Un beau récit tout en nuances et qui se termine sur une note d'espoir.

L'image que je retiendrai :

Celle des tableaux de Rosa Bonheur.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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