Dans le prolongement de l'exposition Rosa Bonheur (1822-1899), l'hommage du musée aux artistes femmes se poursuit à partir du 16 septembre 2022 dans la salle des Actualités. Près de quatre-vingts artistes de la collection «sortent de leur(s) réserve(s)» et vous invitent à un voyage dans l'histoire de l'art au féminin, du XVIe au XXIe siècle, venant ainsi compléter les oeuvres de femmes artistes déjà présentées au sein du parcours permanent. Pour la majorité d'entre elles, ces oeuvres quittent pour la première fois l'obscurité des réserves du musée où elles sont conservées pour un accrochage à la lumière des cimaises d'une salle d'exposition.
Musiques :
Loik Brédolèse - All The Regrets (CC BY 4.0)
Keys Of Moon - The Epic Hero (CC BY 3.0)
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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Celui qui se sent ému lorsqu'il contemple la nature éprouve un sentiment de vraie religion.
Preface de Natacha Henry
La mission d'Anna Klumpke
Les archives de la peintre animalière Rosa Bonheur (1822-1899) furent longtemps inaccessibles, enfouies dans l'ancienne demeure de l'artiste, le château de By,à Thomery,près de Fontainebleau.
Heureusement, on a ce texte.Rédigé par son amie,la portraitiste américaine Anna Klumpke (1856-1942),il constitue sa référence biographique absolue.Car il a été écrit à quatre mains,ou plutôt deux voix.Rosa Bonheur ayant décidé de conter sa vie à Anna Klumpke, dans ce qui en sera la dernière année. "Je serai non seulement l'amie et l'élève de la grande artiste,mais aussi l'interprète de ses idées ",expliquait Anna Klumpke .(p.7)
Je soussignée Rosalie-Marie, dite Rosa Bonheur, artiste peintre, saine de corps et d’esprit, exprime ici librement mes dernières volontés, ne devant rien à personne, et n’ayant pas la moindre dette, libre de ma volonté et de ce que seule j’ai gagné par mon travail, n’ayant jamais eu ni amants ni enfants.
Son appétit de vive, son insolence et ses allures garçonnières la font renvoyer de différentes écoles et d'un apprentissage de couture. Ne sachant que faire de cette enfant indocile, le père lui fait couper les cheveux, car personne n'est là pour s'occuper de ses boucles, et il la laisse s'installer et travailler avec lui- à la condition qu'elle "ait l'ambition de dépasser Mme Vigée -Lebrun "
La jeune Rosalie passe des jours entiers au Louvre où les élèves des Beaux-Arts la surnomment "Le petit hussard". elle a dix-neuf ans, en 1841, quand elle expose pour la première fois au Salon. (p. 11/ Suzette Robichon)
L'engagement de son père dans le saint-simonisme et sa vie d'artiste marginal et très pauvre lui ont sans doute permis d'imaginer pour elle-même une autre manière de s'inscrire dans la société de son temps. Il lui a servi de mentor, au début de sa carrière, mais c'est par sa passion du travail, son énergie, sa volonté, que cette toute jeune femme sans fortune personnelle et résolument célibataire a conquis la renommée. (p. 12)
Mes trois billets de banque firent à la maison une entrée triomphale. Jamais l'on n'en avait vu autant à la fois. Je résolus de peindre un attelage de trois paires de boeufs et, en me mettant à l'oeuvre, j'avais bien aussi l'arrière-pensée de célébrer au moyen de mon pinceau l'art de tracer les sillons d'où sort le pain qui nourrit l'humanité entière. [ cf. Rosa Bonheur, sa vie , son oeuvre par Anna Klumpke, 1908, p.193]
Bien souvent il m'est arrivé, au cours de mes longues promenades, de rencontrer, sur les routes poudreuses de l'Ile-de-France, des troupeaux de ces bestiaux que l'on conduit aux abattoirs de Paris. (...)
Je songeais avec tristesse que toute cette chair vivante, tout ce sang des pauvres bêtes qui s'en allaient devant moi, beuglant ou bêlant, dans un nuage de poussière allait bientôt tomber sous le couteau du boucher.
Pauvres créatures innocentes, qui ne reçoivent la vie qu'à raison de cette fin lamentable ! Je me demandais : pourquoi tant de victimes ? Ces êtres muets ont-ils été dans une vie antérieure des gens comme nous, dont les crimes ou les fautes auraient mérité cette effroyable punition ? Quel déplorable destin ! Quelle terrible nécessité aussi que celle de donner la mort ! Cette scène m'a inspiré deux tableaux, Le Meunier cheminant et Le Départ pour le marché.
N° 896
LE VIEUX MONARQUE
A l’ombre des palmiers et des cactus géants, le vieux lion est couché et se repose; il a placé de côté ses pattes de devant, aux griffes inoccupées; la tête est droite, l’oeil grave. A travers les feuilles, on aperçoit le ciel bleu.
Haut.. 25 cm.; larg., 33 cm.
Anna [Klumpke ] devient donc la compagne, la portraitiste et la plume de Rosa.
Elle prend quotidiennement des notes sur la vie au fil des jours, le quotidien partagé, les conversations échangées. Rosa se raconte, Anna transcrit. Et c’est ainsi que, peu à peu, elle rassemble tous les éléments qui lui permettront, plus tard, d’écrire la presque « autobiographie » souhaitée. (…)
Fin septembre 1898, Rosa écrit à Anna : « Mon enfant, combien je vous aime, jamais je ne pourrai assez le répéter, nos âmes sont sœurs ; vous approchez le plus de celle qui a été le type de la parfaite amitié. » (p. 34)
On était au 23 mai 1899 : le Salon était ouvert depuis près d'un mois; Rosa Bonheur y était représentée par une belle œuvre puissante : Vache et taureau d'Auvergne, race du Chantai, et son retour aux expositions publiques, où elle apparaissait avec la solidité d'un talent demeuré plein de sève, parce qu'il avait été entretenu par une continuelle étude, son retour avait été salué avec infiniment de respect et de joie par tous les admirateurs de la grande artiste. On avait même parlé de porter son nom pour la médaille d'honneur. et l'on sait par quelle lettre, si digne en sa simplicité et si expressive de modestie, elle invita ses confrères à ne pas voter pour elle.
Et voici que, le soir du 23 mai. on apprenait que l'artiste qui se trouvait ainsi mêlée à la lutte, la lutte de l'art le plus élevé et le plus détaché de ce qui n'était pas l'étude pour le progrès, on apprenait que l'artiste était morte,