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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au Gymnasium, un lycée de bonne réputation sur les hauteurs de la ville, j'avais deux grandes passions : les livres et le grec. Depuis que j'avais découvert la Grèce antique en classe de sixième, je mangeais grec, je rêvais grec et je parlais grec. Je n'avais pas d'autres passions. Ni scolaire ni amoureuse et les autres m'étaient indifférents. Moi-même, je ne savais pas vraiment qui j'étais. Un ange, peut-être. J'étais dans une classe où l'on apprenait le russe. Parmi les élèves, il y avait Tadeusz, un fils d'immigrés polonais qui avait le même âge que moi et dont le père tenait une station-service aux abords de la ville. Admis au lycée grâce à son bon niveau, à l'inverse de moi qui venait d'une famille huppée. J'avais découvert, à la bibliothèque du lycée, un gros livre relié de maroquin vert intitulé "Amours des dieux et des héros". Je venais très régulièrement le consulter et m'éblouir de toutes ses images. Or, il arriva qu'un jour, le livre disparut. Et je remarquai, quelques jours plus tard, qu'il fut emprunté par quelqu'un de peu consciencieux. Qui pouvait-il donc intéresser ?

Anne Percin se met dans la peau de cet ange dont on ne connaitra le sexe qu'à la fin du roman. Un ange, qui bien des années plus tard, tremble encore en repensant à cette année au lycée. Cette année au cours de laquelle elle a fait la connaissance de Tadeusz grâce au livre vert. L'auteur dépeint avec émotion l'amitié naissante mais aussi l'adolescence tourmentée, les banlieues, la violence, l'injustice ou encore les inégalités. Une peinture peu réjouissante de la société moderne dans laquelle les adolescents évoluent. L'auteur suggère beaucoup, au lecteur de compléter le tableau. Ce roman, telle une tragédie grecque, émeut de par ses héros si fragiles au destin dramatique. Un roman jeunesse émouvant servi par une plume douce et poétique.
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Anne Percin nous livre ici un récit original qui traite à la fois de littérature, d'amour, d'amitié, de sexualité, d'école, de lutte des classes, de solitude et de mort. Tout cela en 126 pages, à peine.

Dans un style très classique, elle met en scène des héros atypiques, qui semblent perdus dans un monde qui n'est pas le leur. le narrateur, issu d'une famille aisée (père procureur et mère médecin) se réfugie dans l'étude du grec et de la mythologie pour fuir une vie fade, solitaire où personne ne fait attention à lui. Par l'intermédiaire d'un livre précieux, il fera la connaissance de Tadeusz, un jeune Polonais de la banlieue, dont le père mécanicien travaille dur pour sa famille nombreuse. Malhabile en français, Tadeusz est excellent au cours de russe. Attiré par la Grèce Antique, ses légendes et ses athlètes, il trouvera de l'aide auprès de notre narrateur pour comprendre ce qui lui échappe et en échange lui donnera un petit coup de pouce en russe.

Ce livre qui les unit et les attire présente des gravures, dessins et illustrations qui vantent le culte du corps en Grèce. Dès le départ, on sait le narrateur mal dans son corps, ne cherchant pas à le mettre en valeur et privilégiant l'intellect avant tout ; d'ailleurs, il n'est jamais nommé et il faudra attendre la moitié du livre pour savoir s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille, l'auteur ayant soigneusement veillé à laisser planer le doute. Tadeusz, lui, est grand, fort, sportif et est décrit avec un physique de bucheron imposant. L'un comme l'autre sont isolés au lycée, ne faisant partie d'aucun groupe. le rapprochement se fera donc tout naturellement.

Leur amitié se noue sur fond d'émeutes des banlieues. L'auteure expliquera la situation politique d'aujourd'hui par référence à la Grèce Antique. de jolis passages qui font écho en moi tant la culture grecque me ravit. Une occasion pour les jeunes générations de découvrir un monde qu'ils ne connaissent plus et qui est pourtant à l'origine du nôtre.

Dès le départ, on sait par le prologue qu'un drame se noue et cela crée une tension tout au long de la lecture. D'où viendra-t-il ? Pour quelle raison ? Il faudra attendre la quasi fin du récit pour le découvrir. Mais tout au long de l'histoire, l'auteure distille les indices à mots couverts. Et la lecture commune des deux amis préfigure ce drame.

Critique féroce de la société actuelle et des injustices qu'elle recèle en son sein, ce récit est une fresque où l'implicite tient une part importante. Elle suggère plus qu'elle ne dit et le lecteur est appelé à faire sa part du chemin pour comprendre le destin des deux héros.

Ce roman est aussi une tragédie grecque qui dénonce à la fois les injustices, les inégalités, l'hypocrisie et les phobies qui gangrènent une société dans laquelle les héros sont livrés au fatum (le destin).

Un très beau récit à lire et à faire lire aux adolescents.
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Une jolie surprise.
Le titre et la couverture ne m'attiraient vraiment pas et ce livre était passé totalement inaperçu dans les rayonnages !
J'ai découvert une histoire pleine d'humanité, de sensibilité, de vérité.
Les personnages sont touchants, fragiles et forts à la fois. C'est plein de subtilités, de pudeur, on avance vers l'inconnu sans même savoir si notre personnage principal est une fille, ou un garçon ! mais qu'importe, cela amène encore plus à l'histoire qui se déroule.
Une histoire dramatique qui parle des différences, des gens, de l'engagement.
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Anne Percin a vraiment beaucoup de talent pour dépeindre l'adolescence et ses tourments. Ici encore, comme dans le premier été, la narratrice est une jeune fille solitaire, qui fait tout pour se rendre invisible – elle y parvient, même pour ses parents, semble-t-il. Elle se réfugie dans l'étude du grec et se passionne pour la civilisation hellénique. Fréquentant assidûment la bibliothèque du lycée, elle emprunte inlassablement le même ouvrage, Amours des dieux et des héros, dévorant les légendes et leurs illustrations.
Elle croise Tadeusz au cours de russe, jeune polonais fraichement immigré qui dénote dans le lycée du fait de son statut social. Il n'habite pas du bon côté de la ville, n'a pas le bon code vestimentaire et ne cherche pas vraiment à s'intégrer.
Les deux adolescents vont finir par se lier autour d'une passion commune et sortir de leur isolement. L'histoire semble banale ainsi résumée. Pourtant, sur fond de crise sociale et d'émeutes, l'auteur réussit à distiller une réelle émotion, la jeune narratrice sort progressivement de sa coquille pour s'ouvrir à Tadeusz mais aussi à son environnement. Cette rencontre va bouleverser sa vie : elle sort de l'âge d'ange (joli titre) pour entrer dans l'âge adulte, non sans douleur, non sans culpabilité. le récit est court, dense, on sait dès les premières lignes qu'il va y avoir un drame qui façonnera le futur de l'adolescente. Les premières amours, chez Anne Percin, ne ressemblent pas vraiment à des contes de fées… C'est délicat, émouvant, le style sans fioritures, les thèmes - complexes - abordés intelligemment. A conseiller aux adolescents mais pas que. Décidément j'aime beaucoup cet auteur.
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J'ai terminé ce livre il y a déjà un moment. J'avais beau y réfléchir à comment vous en parler, je me sentais dans une impasse. Comment vous faire part de mes ressentis, de mon trouble et de ma surprise ? L'adolescence est une période charnière où les corps muent, la pensée s'ouvre et les idéaux sont bien souvent bousculés. le narrateur devenu adulte revient sur cette période. Qui est-il vraiment? Garçon, fille ? Impossible de le savoir . Lycéen dans une école d'où sortent des élèves programmées à réussir, il s'agit d'un élève effacé, timide, se plongeant corps et âme dans le grec. Amour démesuré, entier pour la mythologie grecque, sorte de refuge intemporel dans lequel il vit. Il se prend de passion pour un livre ancien de la bibliothèque. Un jour, il constate avec stupeur que son livre a été emprunté. Non pas par un de ses élèves modèles mais par Tadeusz, fils d'émigrés polonais. Deux élèves opposés par leur condition sociale mais unis par le même amour.


La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2011/05/anne-percin-lage-dange.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Tadeusz fait partie des rares élèves du Gymnasium à venir d'un milieu modeste. Parce qu'il a un accent, des allures de bûcheron, il est solitaire. Comme l'ange qu'il va rencontrer à la bibliothèque. Un ange qui ne vit que pour sa passion, l'Antiquité grecque, un ange délaissé par ses parents. Grâce à Tadeusz, l'ange va déployer ses ailes et s'ouvrir à la vie.

Un très beau roman, tout en finesse, qui tranche nettement avec les autres succès d'Anne Percin, la série des Maxime Mainard. Une histoire d'amitié entre deux personnages radicalement différents, mais qui vont s'épauler dans une société qui les rejette. Une histoire d'amour impossible, où un garçon aux apparences frustes mais tout en délicatesse va révéler un être à lui-même et au monde, dans sa violence et aussi sa générosité.
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Très triste, et beau.
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C'est vraiment un joli livre.

D'abord sur les corps, qui sont fortement absents, ce qui est rarement le cas dans les fictions qui traitent des questions de genre. le corps du narrateur est comme sans vie, sans signification, asexué et asexualisé. C'est un parti-pris plutôt risqué mais bien tenu.

J'aime beaucoup l'idée que l'enjeu principal (qui est ce fameux emprunteur ?) soit invisible à tous, et passe pour une étrangeté d'ado. Jouer sur l'indicibilité des corps et des esprits pour évoquer l'adolescence, c'est certes pour partie un préjugé (même si en fait, je me répète, j'ai l'impression que la fiction s'arrête souvent à l'aspect corporel des adolescents dont la mutation serait l'explication absolue de tout), mais la maîtrise d'écriture rend la lecture agréable et étrange. Réelle et suréelle.
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