Radioscopie d'une époque, témoignage d'un scandale ou roman sociétal,
Prends ma main est tout cela à la fois. Une quête de justice pour ces deux jeunes filles mutilées, une quête de pardon pour Civil Townsend mais d'abord une enquête sur un drame qui a touché de nombreuses filles et femmes pauvres et majoritairement noires aux Etats-Unis.
Dans une plume assez factuelle, le récit alterne deux temps : celui de Civil fraîchement diplômée et en proie à ce terrible drame et à l'enquête qui s 'en suivit ; et celui de Civil, la soixantaine qui repart à la rencontre de son passé non sans avoir au préalable « confesser » à sa fille adoptive sa colère et sa culpabilité devant cette injustice.
Si le ton se veut quelques fois sensible, c'est la distante qui prime, une manière de rester objectif, de « disséquer » ce qui a amené à ce drame, à ces vies estropiées et au fardeau de la culpabilité.
Un grand roman qui aborde aussi les thèmes de la maternité, des liens filiaux, de l'amour, des discriminations, de la pauvreté, de l'éducation, des troubles mentaux et de l'handicap. J'aurais apprécié que le ton reste dans la distance sans s'essayer à l'émotion, d'une part parce qu'elle arrive comme un cheveu sur la place et qu'on y croit pas ; d'autre part, parce que ce côté factuel retranscrit à merveille la colère, l'injustice, l'incompréhension et le désastre qu'a soulevé cet abus, une distanciation qui interpelle notre humanité : « comment en sommes-nous arrivé là ? ».
Une lecture saisissante, révoltante qui reste à l'esprit longtemps après avoir lu les derniers mots.
Lien :
https://www.instagram.com/Ne..