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sur 289 notes
Nous sommes en 1973. Pour son premier poste en tant qu'infirmière, alors qu'elle a tout juste 20 ans, Civil Townsend, afro-américaine issue de la classe moyenne, intègre l'équipe du planning familial de Montgomery. Elle va enfin se sentir utile, aider les gens. Mais lorsqu'il lui est demandé de donner un traitement contraceptif à Erica et India Williams, deux enfants de 11 et 13 ans, Civil va commencer à se poser des questions. Elle ne sait pas qu'elle a mis les mains dans un engrenage qui va changer sa vie mais surtout celle de milliers de femmes vivant dans la précarité et victimes d'une politique innommable qui n'est ni plus ni moins que de l'eugénisme institutionnalisé.

Le roman de Dolen Perkins-valdez est basé sur une histoire vraie, celle des soeurs Minnie Lee et Mary Alice Relf, stérilisées de force à l'âge de 12 et 14 ans. Une politique menée par les autorités en Alabama mais aussi dans d'autres états. Pourquoi ? Pour les protéger des garçons plaident les responsables du planning. En réalité parce qu'elles sont noires et vivent dans un milieu défavorisé, parce que la plus jeune est porteuse d'un handicap, parce que l'état a décidé qu'elles ne seraient jamais capables d'élever des enfants qui coûteraient trop cher à la communauté.

Cette histoire, Dolen Perkins-valdez la raconte avec ses tripes mais aussi avec une connaissance profonde du dossier. Les nombreuses références au combat pour les droits civiques, à l'affaire Relf mais aussi à une sombre affaire d'étude sur la syphilis menée à Birmingham quelques années plus tôt sur des centaines d'hommes afro-américains, tout prouve que l'auteure s'est parfaitement documentée. Elle a choisi de transformer cette histoire en roman pour mieux toucher le coeur du public.

Ce premier roman qui nous arrive en français est une belle réussite. Il est construit sur une double temporalité : au moment de prendre sa retraite, Civil décide de revenir à Birmingham, ville qu'elle a quittée depuis longtemps. le temps est venu pour elle de revenir sur cette étape de sa vie. Elle va essayer de retrouver certains des protagonistes de cette histoire. le récit alterne les réflexions de Civil au cours de ce voyage et des flash-backs en 1973.

Autour de ce sujet douloureux, l'auteure nous montre le contexte historique, politique, social et économique de cette ville d'Alabama au début des années 1970. Civil est une jeune femme dynamique, intelligente, qui croit en son rôle et va se battre pour que cessent ces pratiques et que soit reconnu le préjudice subi par les enfants. Victime d'un syndrome du sauveur, elle se sent coupable, doute, prend des risques mais fait abstraction de sa personne pour ce qu'elle croit être juste.

Comme elle on s'attache à la famille Williams, à ce père, cette grand-mère et ces deux enfants qui font tout pour vivre dignement dans un contexte difficile. Comme elle on veut croire en Lou Feldman, l'avocat blanc qui va défendre le dossier d'Erice et India. Comme elle nous sommes confrontés à la délicate position des infirmières du planning chargées de l'application de cette politique de stérilisation forcée sous les ordres de chefs blancs, posant la question de l'éthique des équipes et institutions médico-sociales.

La plume de Dolen Perkins-valdez est fluide, facile à lire. le récit est puissant. Ce roman est un vrai page-turner auquel on pardonne quelques imperfections, dont on ne sort pas indemne et qui interpelle. Cinquante ans plus tard, aux USA et ailleurs, de telles pratiques sont-elles vraiment éteintes ?
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🤝Chronique🤝

« Nous avions connu l'enfer et nous en étions revenus, donc les années 1970 ne pouvaient qu'être meilleures. »

Ou peut-être pas. Parce que dans l'ombre, parfois, il se passe des choses ignobles. Sous la façade des sourires hypocrites, vous savez, certains ont bien caché leurs jeux, et leurs intentions. Et peut-être que ce livre, va permettre de mettre en lumière une affaire bien triste de scandale politique et social. La nécessité de connaître cette histoire est urgente, puisque elle est inspirée de faits réels et qu'elle nous démontre que le racisme, le sexisme, et l'eugénisme font encore des ravages aux États-Unis pendant les années 1970, et les conséquences de ces pratiques douteuses vont, certainement être visibles, maintenant…Combien d'enfers devront encore traverser, les femmes, pour ne plus subir la violence de ces hommes? Je ne saurai dire, en attendant Prends ma main, et voyons ce que nous sommes capables de réparer avec la force de la compassion et de l'écriture…J'aimerai vraiment remercier l'autrice d'avoir tendu sa main, son coeur et sa plume vers cette tragédie, et j'ai espoir comme elle, que ça changera les moeurs et les mentalités…

« S'il te plaît, Seigneur, montre-moi ce que j'ai dans le coeur. »

Je ne sais pas s'il y a quelqu'un là-haut qui regarde, mais la bonté du coeur de cette infirmière, Civil Towsend, est indéniable. Il nous est donné de lire une histoire bouleversante d'une jeune femme qui ne s'en laisse pas compter, et qui fera tout ce qu'il est possible pour donner à ses deux petites filles, une vie meilleure. Être infirmière est une vocation, mais être humaine avec un coeur aussi grand que le sien, c'est carrément divin. Alors, qu'elle est sur le point de retourner à ses débuts et à ses fantômes surtout, Civil veut confier à sa fille, la douleur d'un secret qu'il lui est insupportable encore de porter…Et nous, voilà donc, oscillant entre 1973 et 2016, à tenter de comprendre, un drame familial mais surtout, l'évolution de la condition féminine et une affaire sanitaire bien sombre, pendant cette période…

« Il n'y a pas de droit plus fondamental pour une femme que d'avoir le choix. »

Une femme devrait toujours avoir le choix à disposer de son corps. Quelques soient les paramètres, les conditions, l'environnement, les ressources et la couleur de sa peau, mais malheureusement, d'autres l'entendent d'une autre oreille. Cette histoire m'a arraché le coeur, parce que justement elle est vraie, et ça change fondamentalement tout. Comment rester insensible à cette affaire, une fois, qu'on a vu l'investissement colossal de cette jeune femme à lutter ainsi, pour la Liberté des femmes. La pauvreté est un fléau, elle crée des injustices et des actions intolérables, elle creuse des gouffres inextinguibles dans les inégalités, elle génère des souffrances indicibles, mais certains profitent largement de cette situation de précarité et de vulnérabilité. Et le fait est, que c'est les femmes qui y perdent, le plus, dans chaque Histoire…C'est une lecture que je ne suis pas prête d'oublier, je ne vais pas dire que c'est un coup de coeur mais plutôt un coup à vous retourner les tripes…

Remerciements:
Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions du Seuil pour leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Seuil pour cette lecture, c'est un roman qui chamboule et qui met en colère. J'ai trépigné d'indignation et d'incapacité à agir. Je me suis découverte dans la peau de Civil avec cette rage, cette impuissance. Avec une narration forte et immersive, l'auteure s'insurge sur ses terribles événements qu'ont malheureusement subi de nombreuses jeunes filles noires dans les années 70. Elle oppose à cette horreur, des personnages marquants qui refusent que de tels faits perdurent et qui vont se battre pour que justice soit faite.

Difficile de rester insensible à ce terrible scandale dont je n'avais jamais entendu parler, une nouvelle pierre qui s'ajoute à ce mur d'horreur que l'être humain est capable de construire.

Deux soeurs attachantes dont au final, on sait peu en terminant cette histoire, en effet Civil reste le personnage central et j'aurai juste aimé découvrir davantage ce que porte Erica et India au fond de leur coeur. Cela restera pour moi le seul bémol de ce livre.
Lien : http://livresque78.com/2023/..
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J'ai dévoré ce roman basé sur des faits réels malheureusement. J'en ressors bouleversée : la haine et la beauté de l'humanité se mélangent en moi.
Une directrice d'un planning familial décide de faire stériliser deux fillettes de 13 et 11 ans parce qu'elles sont noires et qu'elles doivent surtout ne pas se reproduire à cause de leur milieu social très pauvre. Elles ne pourront pas s'occuper de leur bébé tout bonnement.
Cette stérilisation forcée me rappelle celle qu'ont subie les femmes sous le régime de Hitler à Ravensbrück. Comme ce sont des "sous races", il faut arrêter l'hémorragie en leur interdisant de se reproduire. Je reprend les explications nauséabondes qui ont été mises en avant. Vous comprenez aisément pour qui et pourquoi j'ai éprouvé de la haine dans Tu prendras ma main.
La beauté de l'humanité réside en la personne de Civil, qui, dès le premier jour de sa rencontre avec Erica et India, fera tout pour aider cette famille qui vit dans un taudis. Elle leur trouve un logement décent, est à leur côté après cette odieuse stérilisation, se bat pour que Erica et sa soeur soient reconnues victimes auprès de la justice américaine. J'ai été émue jusqu'aux larmes par le comportement de cette infirmière qui redonne foi en l'humanité malgré les horreurs traversées.
J'ajouterai quelques réserves concernant sa probable relation d'amour qui n'apporte rien à l'intrigue, qui n'est pas assez fouillée et aussi à un autre passage qui m'a laissée sur ma faim.
A part ces deux petites réserves, Prends ma main aurait été un coup de coeur.
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Alabama, 1973.
Civil, une infirmière noire issue d'un milieu privilégié, travaille depuis peu dans un centre de planning familial.
Très vite elle va découvrir la réalité de sa tâché réelle et de tout ce que cela implique;

En 2016, devenue médecin, civil raconte ce passé à sa fille adoptive.

Le thème du livre est très fort, on découvre la stérilisation forcée de femmes et de jeunes filles parfois prépubères stérilisées "de force" parce qu'elles ont le malheur d'être noires et pauvres. Difficile de ne pas penser à un passé européen lié aux idées d'un dictateur allemand.

Ceux et celles qui décident et agissent pensent bien faire. Et dans un sens leur raisonnement se tient.
Ce côté historique et explicatif est fort intéressant car il est sans parti pris.

Toutefois, ce récit sous sa forme romancée, ne m'a pas touchée. L'écriture est trop dans la retenue, presque sans émotion, trop factuelle.

Je ne me suis attachée à aucun des personnages, pas assez aboutis à mon goût. Il y a comme une réserve dans l'écriture, pas assez de révolte, pas assez beaucoup de choses.

Je n'ai pas compris le fonctionnement de Civil, sa famille, ses amis, son travail, tout semble superficiel. Elle me semble vraiment trop détachée de tout même si elle dit l'inverse.

Ce roman m'a fait l'effet d'une fiction, alors qu'elle est inspirée d'une ignominie réelle.

Je suis contente d'avoir appris des choses mais déçue de ma lecture en tant que telle.

Le personnage invisible de la fille aurait pu être utilisé de meilleure façon, ici il ne sert à rien.
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Un roman reçu dans le cadre d'une Masse Critique : un grand merci aux Éditions du Seuil et à Babelio !
Civil Townsed, jeune infirmière issue de la bourgeoisie afro-américaine, exerce dans une clinique du planning familial, en Alabama. Nous sommes au début des années 70 et la politique du gouvernement est à la limitation des naissances des populations les plus pauvres. Civil a pour mission de prescrire des contraceptifs, sous forme de pilule ou d'injection. Parmi ses patientes, Erica et India sont deux pré-adolescentes issues d'une famille en situation d'extrême pauvreté. Touchée par les conditions de vie des Williams, émue par les fillettes, Civil se mobilise pour leur procurer un logement décent, un travail pour Mace, le père dont le charme ne la laisse pas insensible, et trouve une école pour les filles.
Lorsque son ami d'enfance Ty lui fait part de ses doutes sur la toxicité du contraceptif prescrit, Civil décide en secret de cesser les injections. Cela n'arrêtera pas le processus engagé et bientôt Erica et India vont subir le pire.
Le roman est en grande partie le récit du procès, l'écho du combat mené pour faire cesser les stérilisations forcées qui ont été pratiquées pendant des années aux États Unis par les services de la santé et de lutte contre la pauvreté. Dans une Amérique minée par la ségrégation et les préjugés raciaux et de classe, Civil va se démener pour que le statut de victime des fillettes soit reconnu, au risque de s'oublier elle-même.
Civil est un personnage très attachant par sa pugnacité, son engagement, ses doutes et ses errements - elle est à la fois prévenante et très intrusive, souvent persuadée de savoir ce qui est bon pour l'autre. Un peu comme ses adversaires d'ailleurs… Ses choix de vie seront guidés par la culpabilité de n'avoir pu protéger les fillettes.
A partir de faits réels, révoltants – mais est-on encore étonnés par ces politiques publiques qui, sous couvert de traitement de la pauvreté, abusent de leurs droits - l'auteur construit une histoire bien ficelée et s'attache à rendre compte d'une époque, d'un contexte social et idéologique. La couleur de peau, la vulnérabilité économique, autant de critères qui concourent à être la cible de tels programmes, appliqués en masse jusque dans les années 70.
Cinquante après, le combat des femmes pour le droit à disposer de leur corps n'est pas fini. C'est donc un roman qui s'inscrit complètement dans son époque.
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Peut-on dire sans penser à la forme ? Ici le sujet est essentiel il mérite de déclarer de déclamer pour faire entendre donner à voir mais de relief il manque grandement dans l'écriture ou la traduction ? Les deux ?
Dès les premières lignes j'ai su que la curiosité ne suffirait pas à me happer. Apprendre mais pas à n'importe quel prix. Laborieusement au bout, je salue l'enquête sérieuse de l'autrice, je pense qu'il trouvera ces lecteurices. Il se déroule facilement, pique par son sujet mais pour moi c'est un flop malgré le grand intérêt que j'éprouve face à ces sujets mis a découverts. Enfin. La question en littérature qui revient toujours et dont la réponse ne sera jamais la même en fonction de celui qui lit est que cherche-t-on derrière les mots ?
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Comme d'autres avant moi l'ont écrit, et bien écrit, dans leur billet, ce roman a pour postulat de départ une histoire vraie, celle des soeurs Relf aux Etats-Unis qui ont été stérilisées à leur insu (j'aurais bien dit « de force ») alors qu'elles n'étaient âgées que de 12 et 14 ans. On ne parle pas d'une époque si lointaine, mais des années 1970, période du disco, du film Grease et de l'arrivée massive, et légale surtout, de la contraception.
Leur crime ? Être noires et pauvres. Donc stupides et ayant le feu aux fesses.
Ce ne sont pas les seules à avoir bénéficié de ce (mauvais) traitement mais ce qui est le plus révoltant reste leur âge. On les a empêchées de devenir mères avant même d'avoir connu leur premier petit copain, leur premier baiser, voire leurs premières règles. Parce qu'il le fallait. PointVous l'aurez deviné, Dolen Perkins-Valdez a créé un roman à partir de ce fait divers (qui ne devrait pas être un fait divers, comme le dit le titre d'un autre roman plus récent), roman qui se lit très vite. Sur le fond, je n'ai presque rien à dire, il est passionnant. Moi qui me targue d'être plutôt calée sur l'histoire des Etats-Unis, particulièrement le 20ème siècle, je dois bien admettre que je n'avais jamais rien lu sur ce sujet, même durant mes études. Si la ségrégation raciale est théoriquement et légalement abolie depuis la fin des années 60, il ne faut pas avoir fait un doctorat pour se rendre compte, dans les faits, qu'elle existe toujours. Différemment, insidieusement, mais réellement. Un Noir dans un quartier huppé est toujours suspect, la mixité sociale n'existe que très peu. le mouvement « Black lives matter » remis au goût du jour en 2020 nous l'a encore une fois prouvé. Il n'y a donc rien d'étonnant que ce genre d'histoire ait pu se produire en Alabama, l'un des états les plus ségrégués et racistes. J'ai appris beaucoup de choses dont je n'avais pas idée, notamment en matière d'éthique. Je me suis d'ailleurs retrouvé durant une bonne partie du roman avec internet à porter de main pour vérifier et amplifier mes connaissances sur les thèmes que le roman abordait. Et ça, j'adore.Mais, j'ai trouvé aussi pas mal de défauts à ce roman et je reprendrai ici à mon compte une phrase que Bidule62 utilise dans son billet, soit que la forme affadit malheureusement le fond. En effet, l'écriture (ou la traduction) est très simple, sans verve, sans romanesque presque, sans oublier quelques coquilles, maladresses, répétitions et mots oubliés. Les idées sont là, l'histoire, les histoires dans l'histoire sont là, mais il y manque le souffle, ce qui fait passer un livre d'un bon roman à un excellent roman, voire une claque ou un coup de coeur.
Pareil pour les personnages, j'ai trouvé qu'ils manquaient singulièrement de profondeur, de densité. Civil, le personnage principal, m'a insupportée une bonne partie du roman, je l'ai trouvée « trop », à tout point de vue. J'aurais aussi préféré que l'auteure donne davantage de place aux fillettes, à India, à Erica. Leurs sentiments, leurs réflexions ne sont que très superficiellement abordés.
Et aussi, puisque je parle de superficialité, j'ai trouvé que beaucoup de sujets étaient questionnés dans ce livre, mais sans creuser alors qu'il y avait tellement matière à faire. Il était intéressant, par exemple, de parler de la hiérarchie au sein d'une même communauté. Oui, il existe des Noirs très pauvres, mais aussi des Noirs très riches, même à l'époque, et cela créait forcément des tensions qui ne sont même pas réellement abordées ici. de même, si nous arrivons facilement à nous mettre d'accord sur le fait que la stérilisation de ces petites filles, et par extension des plus pauvres (et toujours des femmes d'ailleurs), est ignoble, il est par exemple également intéressant de se demander si les soignants, blancs pour la plupart, qui le faisaient en toute conscience et connaissance de cause, ne pouvaient pas aussi sincèrement penser que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Cette question est subrepticement abordée dans ce livre, mais sans approfondir alors qu'il y a là aussi matière à réflexion.
Tout cela fait qu'à un moment, alors que j'avais beaucoup de plaisir dans ma lecture, j'ai commencé à trouver que le roman tirait en longueur. Et je l'avoue, ce qu'il adviendrait ou non des personnages, à un moment, ne me tracassait plus. En bref, il m'a manqué deux – trois petites choses dans ce roman pour en faire une lecture inoubliable. L'histoire est passionnante mais a manqué de tension, le sujet principal est incroyable mais la plume est un peu fade même si la lecture fut agréable dans l'ensemble. le message que fait ou veut faire passer l'auteure est bien passé mais sans émotion. Cela ne peut donc pas être un coup de coeur. Pourtant, je lui mets quatre étoiles car, pour moi, quand même, le fond l'a emporté sur la forme. Un roman que j'encourage à découvrir.Un grand merci à Babelio, et plus spécialement à Pierre, pour me l'avoir proposé dans le cadre d'une masse critique privilégiée ; un grand merci également aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre qui devrait trouver son lectorat.
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Pépite ! mais avec beaucoup de tristesse sur la thématique de ce livre extraordinaire dans ce qu'il relate et révèle. J'avais entendu parler de stérilisation forcée mais je ne connaissais pas ce phénomène instauré par les pouvoirs publics et l'état américain envers des femmes pauvres, noires et à qui on a fait croire qu'il s'agissait du contrôle des naissances, alors qu'on portait ignoblement atteinte à leur intégrité physique et humaine en leur enlevant l'utérus. Ce roman met en lumière un processus révoltant et inspiré de faits réels, et dont on apprend avec colère qu'il n'y a pas si longtemps que ça l'état américain a poursuivi de tels procédés. Un document nécessaire pour se remémorer combien l'homme peut être cruel, que des parallèles troublants peuvent être faits avec les barbaries perpétrées par les nazis durant la seconde guerre mondiale et que les femmes continuent de souffrir et de subir des méfaits en raison de leur fémininité. On l'aura compris, je suis ressortie de cette lecture vivement intéressée, triste, choquée et en colère mais en gardant une part d'espoir pour nous, les femmes.
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Dolen Perkins-Valdez a écrit un excellent roman très instructif, plein d'émotions et de sensibilité. Il me fût bouleversant car j'ai senti que l'auteure s'était beaucoup investie dans son récit. Elle y avait mis beaucoup d'empathie, de ses sentiments, de ses réflexions et de son énergie à consulter des centaines de documents relatifs à cette sordide et triste affaire.
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Ce qui donne de la force à son récit, c'est que l'auteure, de sa belle plume, s'est faite narratrice en prenant la place de son héroïne Civil Townsend, cette infirmière qui va découvrir l'ignominie dont seront victimes les deux soeurs Erica et India Williams.
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Bien sûr, tous les noms ont été changés, car Dolen Perkins-Valdez, ne voulait pas écrire un simple reportage, mais elle désirait écrire un vrai roman, en partant de faits réels historiques et en créant une atmosphère de cette Amérique des années 70.
Et l'auteure a su admirablement donner de l'épaisseur à son récit, en imaginant et en ajoutant d'autres personnages bien décrits en profondeur et tous impliqués dans son roman fiction.
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L'histoire dans « Prends ma main », se situe donc à Montgomery en Alabama en 1973. Cette infirmière Civil Townsend, va découvrir que les deux soeurs mineures, afro-américaines dont elle s'occupe, ont été stérilisées à leur insu.
Le père et la grand-mère analphabètes, ayant signé les papiers sans comprendre ils acceptaient qu'Erica et India, allaient subir une tubectomie.

Civil Townsend écoeurée et blessée dans son coeur de femme noire, portera bravement l'affaire devant les tribunaux.
*

J'ai découvert cette incroyable et effroyable affaire, cet énorme scandale médical qui s'est passé dans une Amérique des années seventies, avec ses grands relents de ségrégationnisme et de racisme.
Cette affaire éclatera à Montgomery, lorsque la mère de Minnie et Mary Alice Relf, de leurs vrais noms, poursuivra en justice le gouvernement. La maman avait été bernée par les services sociaux de la ville, qui lui avaient fait signer un document, pour autoriser les médecins à prescrire à ses filles un contraceptif.
La mère, appuyée par le Southern Poverty Law Center, permettra alors de mettre en lumière ces stérilisations contraintes, dont celles qui fût imposées de ses deux filles.
*

Très malveillant pays que ces Etats Unis et leur suprémacisme blanc, qui n'ont jamais cessé au cours des siècles, de faire de la politique raciste et de bafouer tous les traités qui furent signés.

Combien de programmes secrets ont-ils été dénoncé ?

Des planifications honteuses, appliquées pour faire de la discrimination raciale, pour faire de l'oppression et du chantage en toute impunité sur des peuples.
Comme en exemple à corrompre et à parquer, pour enlever toute identité à ce peuple de survivants que sont aujourd'hui les Amérindiens.

Comme en autre exemple, à vouloir contrôler et ensuite à réduire, par des moyens fallacieux et contraire à toute éthique, le nombre de naissances exclusivement dans la population pauvres des afro-américains.
Certains dirigeants tenaient des discours que toutes ces familles noires vivant dans la misère et l'insalubrité, toutes ces personnes de couleurs considérées comme inadaptées à la vie en société, étaient des assistés et en conséquence coûtaient très cher aux Etats.

Et qu'il était urgent de faire voter des lois, afin de mettre en place une politique de soutien et surtout de contrôle des naissances dès le plus jeune âge (contraception dès l'âge de 11 ans, stérilisation, etc. ), dans la population noire et la plus miséreuse.
*

Dans son roman, dans une plaidoirie d'un de ses personnages, Dolen Perkins-Valdez écrit ceci :
-« En Caroline du Nord entre 1960 et 1968, sur les mille six cent vingt stérilisations qui ont été pratiquées, soixante-trois pour cent l'ont été sur des femmes noires. »

Une ampleur sur ce désastre à méditer !
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