Suite logique

ONE SHOT POÉTIQUE

Cela commence avec un doigt au cul et Rilke. Difficile de faire meilleure entrée en matière il parait même qu'il y aurait une certaine pénétration de la poésie dans l'air. Hugo Pernet lève son verre et s'envoie un shot. One shot. Son éditeur Philippe Hauer chez Vanloo lui aurait dit d'en faire un objet de contrebande et de le faire passer sous le manteau. Avec Suite logique on entre dans une poésie moléculaire où l'on pourrait remplacer l'amour pour le bruit du ventilateur du frigo. Entre absurde et songes, nous naviguons dans les failles mentales d'un auteur qui aime rire de sa propre logique. J'y ai vu de l'engagement citoyen et une dénonciation des choses quotidiennes qui nous rendent inhumains.

À la fois provocant et irrévérencieux, il ne m'en fallait pas davantage pour être séduit non seulement par le format mais aussi par ce qu'il dénonce. Un format qui se glisse aisément dans toutes les poches en attendant son rencard de 19 heures. Si elle vous regarde rire de loin cela sera normal, espérons qu'elle a aussi beaucoup d'humour et ne vous prenne pas pour un détraqué. Cela parle poésie, sexe, politique, amour avec talent, sans emphase et toujours avec intelligence. Ne touchez pas votre verre d'alcool, ce livre suffira à votre ivresse. Une ivresse courte, brisant le coït littéraire jusqu'à la lie. Ne me demandez pas comment Sangoku et Chichi arrivent en plein milieu de l'objet pour parler de leur coeur propre. C'est un livre barré et impromptu, audacieux et impertinent. Alors je continue à penser aussi que « les métaphores sont des pommes pour les chevaux » ou qu'il « reste de la place entre le pouce et l'index pour un doigt complètement nouveau ». Que quelqu'un ose dire le contraire. Qu'il se dénonce.
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