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sur 611 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Ce livre reprend une des affaires judiciaires les plus controversées du XXe siècle, l'affaire Ranucci. En juin 1974, une petite fille de huit ans, Marie-Dolorès Rambla, est enlevée à Marseille alors qu'elle jouait avec son petit frère, au pied de la cité où elle vivait. Son corps sera retrouvé deux jours plus tard, lardé de coups de couteau. Un homme sera arrêté, Christian Ranucci. Condamné à la peine de mort par la cour d'assises d'Aix-en-Provence, il sera guillotiné le 28 juillet 1978.
Cette affaire, intervenue dans un contexte social et politique particulier, à savoir la disparition et l'assassinat d'enfants et le débat sur la peine de mort, a déchaîné les passions. Bien des années plus tard, un doute subsiste : Ranucci était-il coupable ou innocent ?

Gilles Perrault fait partie de ceux qui croient à l'innocence de Ranucci. Son livre, paru deux ans après l'exécution de Ranucci, est également un manifeste contre la peine de mort dont l'abolition sera prononcée en 1981. L'auteur tend donc à démontrer que Ranucci était innocent en soulignant une enquête et une instruction bâclées, des contradictions dans les témoignages et la présence centrale d'un pull-over rouge, retrouvé non loin de la scène de crime et appartenant selon des témoins à un homme qui rôdait autour d'enfants dans la cité de Marseille.

Lorsque je me suis plongée dans la lecture de ce livre, je n'avais aucun parti pris. Ranucci était-il coupable ou innocent, je n'en savais rien mais pour me faire ma propre opinion, j'étais déterminée à lire les deux thèses, tout comme cela se passerait dans un procès. Pour ne pas être influencée, j'ai commencé par la thèse de l'innocence. Titulaire d'un Master 2 de droit pénal et de sciences criminelles, c'est donc avec un regard de juriste que j'ai parcouru “Le Pull-Over rouge”. Et je dois dire que je suis sortie abasourdie de ma lecture. Comment peut-on croire à des arguments aussi peu crédibles et aussi creux ?? Tout le long du livre, l'auteur se contente de remettre en cause la forme et n'aborde que très peu le fond, c'est-à-dire les faits. Il se lance dans une vaste opération de remise en cause d'absolument tous les protagonistes de la partie adverse : policiers, magistrats, experts, comme s'il s'agissait d'un vaste complot contre Ranucci, pauvre victime de terribles coïncidences et de la force du destin. Certes, le climat de l'époque était peu propice à la sérénité de la Justice et des raisons politiques sont intervenues, principalement sur le prononcé de la peine et surtout concernant la grâce présidentielle mais de là à remettre systématiquement en cause le professionnalisme des différents intervenants, je trouve cela révoltant. Et non seulement, il remet en cause leur professionnalisme, mais en plus de cela, il spécule sur ce qu'aurait été leur attitude si Ranucci s'était comporté de telle façon ou avait dit telle chose, un comportement assez inacceptable car relevant de l'imaginaire et non des faits concrets. Ces agissements ont d'ailleurs valu à Gilles Perrault une condamnation pour diffamation.

Lorsque l'auteur aborde enfin les faits, ce qui peut tenir en quelques pages, les trois quarts du livre étant du remplissage et n'apportant aucune pierre à l'édifice de la défense, il les remet en cause quand cela l'arrange et utilise ces mêmes faits lorsqu'il en a besoin mais curieusement épurés de tous les éléments compromettants, attitude qu'il dénonce précisément en ce qui concerne la partie adverse.
En ce qui concerne les éléments les plus accablants pour Ranucci, à savoir le couteau ensanglanté retrouvé à l'endroit qu'il a indiqué précisément et le plan du lieu de l'enlèvement qu'il a spontanément dessiné, on sent que l'auteur coince. En effet, comment un innocent peut-il indiquer où se trouve l'arme du crime, qui lui appartient qui plus est et qui est couvert du sang du même groupe sanguin de la victime mais aussi de celui de Ranucci sauf qu'il ne présentait aucune blessure dont aurait pu provenir le sang ?

Je passe sur les nombreuses autres contradictions de l'auteur qui m'ont souvent contraintes à relire en vain certains passages pour comprendre comment il parvenait à ses conclusions pour passer directement à son hypothèse finale, qui est pour moi le summum de toutes ses aberrations.

Un des éléments essentiels du dossier est un accident de la circulation à un carrefour situé à 25 km de Marseille. Il s'agit d'un accrochage entre le véhicule d'un couple, les Martinez et de celui de Ranucci, une Peugeot 304 immatriculée 1369 SG 06 qui venait de la direction de Marseille. Ranucci a toujours reconnu cet accident et être reparti dans la direction d'où il venait, sans s'arrêter, commettant ainsi un délit de fuite.
Un autre couple d'automobilistes qui passait par là, les Aubert, se sont lancés à sa poursuite. Lorsqu'ils l'ont rattrapé, ils ont témoigné l'avoir vu entraîner un enfant sur un talus et disparaître dans les broussailles. Comme Ranucci ne faisait pas mine de revenir, les Aubert ont relevé la plaque d'immatriculation pour la donner aux Martinez.

Après cet épisode arrive celui de la champignonnière où la voiture de Ranucci s'est embourbé tout au fond d'une galerie sinueuse. C'est aussi sur le chemin qui y mène que Ranucci s'est débarrassé de son couteau en l'enfonçant dans un tas de tourbe. C'est aussi là qu'a été retrouvé le fameux pull-over rouge, dans la galerie, derrière des planches.
Ranucci a également toujours reconnu ces faits, sa présence dans la champignonnière, comment il s'était débarrassé de son couteau et comment il a eu besoin d'aide pour dégager sa voiture. En revanche, il a toujours nié posséder de pull-over rouge.

Selon la théorie pour le moins surréaliste de Gilles Perrault, il y aurait eu comme par magie une substitution de personnages entre le moment de l'accident et celui où les Aubert ont rattrapé le fuyard. le “vrai” meurtrier selon l'auteur, l'homme au pull-over rouge, serait l'homme qu'ont vu les Aubert. Ce dernier serait tombé après son crime sur Ranucci, effondré au volant de sa voiture et comateux suite à l'accident et à la nuit de beuverie à laquelle il s'était livré la veille. Saisissant sa chance, il serait monté dans la Peugeot à la place de Ranucci, l'aurait conduit dans la champignonnière et aurait procédé à diverses manoeuvres pour le faire accuser. C'est complètement absurde car :
- il est avéré que c'est Ranucci au volant de sa Peugeot 304 qui a eu l'accident au carrefour. Il le reconnaît lui-même et l'a toujours confirmé ;
- ce dernier était poursuivi par les Aubert, le temps que ces derniers le rattrapent, c'est devenu l'homme au pull-over rouge dans une autre voiture, non accidentée alors que la plaque relevée par les Aubert lorsqu'ils sont arrivés à sa hauteur était celle de la Peugeot 304 de Ranucci, la 1369 SG 06 ;
- ensuite, après son crime, l'homme au pull-over rouge aurait tranquillement conduit un Ranucci évanoui dans la champignonnière et aurait procédé à toutes les manoeuvres pour l'accuser en dépit de ce qu'affirme et réaffirme Ranucci dans ses aveux.

N'importe qui avec un minimum de bon sens peut comprendre que ce n'est pas sérieux. Encore une fois, comme il en a l'habitude tout au long du livre, Gilles Perrault déforme la réalité et tord les rouages de la procédure pénale pour les faire coller à sa théorie. En refermant ce livre, j'ai eu l'impression que tout cela n'était qu'une vaste fumisterie sans la moindre cohérence. Il y a d'ailleurs une question essentielle à se poser avant de se baser sur un document, celle des sources. Il se trouve que Gilles Perrault n'a jamais eu accès au dossier et qu'il ne s'est basé que sur les différents articles de journalistes qu'il a soigneusement sélectionnés car de nombreux articles de presse comportaient un paquet de variations et d'erreurs d'un journal à l'autre.
En définitive, je n'ai pas été convaincue par ses arguments et donc de l'innocence de Ranucci. Il me reste donc à lire la thèse adverse, celle de Gérard Bouladou dans “Affaire Ranucci : Autopsie d'une imposture” pour voir si elle me convainc mieux.

Qu'on adhère ou non à la théorie de l'auteur, sur la forme, c'est un livre qui se lit très rapidement, aussi fluide qu'un roman. Mais c'est peut-être cela son défaut, relever d'avantage du roman que de la réalité...


Lien : http://serial-reader.over-bl..
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Livre lu il y a très longtemps.Je me rappelle qu'a l'époque ce livre m'avait choqué ,bouleversé . Depuis, lors d'une émission de radio ,j'ai entendu la version du juge chargé de l'affaire , puis celle d'un inspecteur de police également présent à l'époque .
Aujourd'hui j'avoue ne plus trop savoir si Ranucci était coupable ou s'il a été un prétexte dans la lutte pour l'abolition de la peine de mort .
Il est vrai que le "climat" de l'époque ( juste après l'affaire Henry ) n'a surement pas permis une justice sereine .
En tous les cas , pour ceux que cette affaire intéresse, un livre de gerard Bouladou : l'autopsie d'une imposture , a été édité .
Peut être que la lecture des deux livres permet-elle de se faire une idée plus précise .
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Gilles Perrault a toujours aimé faire état de ses convictions personnelles que, semble-t-il, on peut qualifier d'extrémistes. Il a publié plusieurs livres avec la claire intention de "mettre les pieds dans le plat" sur divers sujets, politiques ou non. Il a ainsi soulevé des polémiques que certains jugent salutaires.
Je ne suis ni un policier, ni un chroniqueur judiciaire. Contrairement à @Pirah, je ne suis pas juriste. Je suis un simple citoyen qui s'est intéressé à l'affaire et qui n'apprécie pas spécialement les brûlots destinés à créer le scandale. Gilles Perrault prétend remettre en cause le jugement sur l'affaire Ranucci. De mon point de vue, il se trompe de combat. On est pour ou contre la peine de mort, par principe, et non pas en fonction de la culpabilité ou de l'innocence de l'accusé. Gilles Perrault a écrit un livre de combat contre la guillotine - très bien ! Je suis moi-même hostile à la peine de mort. Mais pourquoi ergoter sans fin sur cette affaire, comme il le fait dans "Le pull-over rouge", alors que de nombreux indices concordants et indiscutables (par exemple: le couteau) désignent l'accusé comme le vrai coupable ?
Les lecteurs qui veulent absolument croire à la thèse de ce livre savent-ils que Perrault n'a pas eu accès au dossier judiciaire ? Savent-ils qu'un seul des avocats de Ranucci le croyait innocent ? Savent-ils que la justice a condamné l'auteur pour diffamation, suite à la publication de son livre ?
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Il n'y a pas de citation que j'aie trouvée marquante car l'auteur n'a pas cherché à rendre cette histoire belle ou poétique. Il l'a écrite comme un documentaire où il nous met dans la peau des principaux personnages de l'affaire.
Ce livre ne m'a pas beaucoup plu, je le trouve trop formel.
Je lui donne un 1.5/5 juste parce que l'affaire est intéressante.
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Moyen long
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