Il est égoïste de penser que les humains ont le monopole du chagrin. Il existe des preuves solides montrant que les éléphants font le deuil de ceux qu’ils aiment.
Si j'avais su alors ce que je sais aujourd'hui, j'aurais dit au maire que le fait de mettre des éléphants ensemble ne signifie pas qu'ils noueront des rapports amicaux. Les éléphants ont leur propre personnalité, tout comme les êtres humains, et de même que rien ne permet de penser que deux humains qui se rencontrent par hasard deviendront amis, deux éléphants ne vont pas se lier pour la seule raison qu'ils appartiennent à la même espèce. (p.14)
Mère un jour, mère toujours.
Il faut que vous sachiez qu'il y a en Afrique quelque chose d'éminemment romanesque. Vous regardez un coucher de soleil et vous pensez que la main de Dieu vous est apparue. Vous voyez le bond souple et majestueux d'une lionne et vous en oubliez de respirer. Vous vous émerveillez devant le trépied géant d'une girafe penchée au-dessus de l'eau. Il y a en Afrique, sur les ailes de certains oiseaux, des bleus iridescents que vous ne verrez jamais ailleurs dans la nature. En Afrique, dans la chaleur de la mi-journée, des bulles se forment dans l'atmosphère. Quand on est en Afrique, on se sent primordial, niché dans le berceau du monde. Avec un tel décor, fait-il s'étonner que les souvenirs se teignent en rose ?
Etre mère, c'est avoir un être à protéger.
J'ai une théorie sur la génération Y, ces gosses narcissiques de vingt ans et quelques. Ils ne veulent pas attendre leur tour. Ils ne veulent pas travailler pour se hisser en haut de l'échelle sociale. Ce qu'ils veulent, ils le veulent tout de suite - en fait, ils sont certains de le mériter.
Je pratiquais, moi, une science cognitive. On ne pouvait pas la mesurer avec un dispositif de pistage géographique; on ne la trouvait pas dans l'ADN. Peu importait le nombre de fois où je notais que des éléphants touchaient le crâne d'un congénère mort, où qu'ils retournaient aux sites sur lesquels un ancien membre de leur troupeau était mort: dès l'instant où j'interprétais ce chagrin, j'outrepassais une ligne que les chercheurs ne sont pas censés franchir. Je prêtais des émotions à une créature non humaine. (p. 177)
Rappelez-vous simplement que quoi qu'il se passe, vous finirez par arriver à destination.
Mourir de chagrin est l'ultime sacrifice, mais ce n'est pas faisable dans l'optique de l'évolution. Si le chagrin était si dévastateur, les espèces disparaîtraient, tout simplement. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de cas dans l'espèce animale. (p. 293)
La légende locale disait que le jour où le Créateur avait appelé les animaux pour qu'ils l'aident à planter tous les arbres, l'hyène était arrivée en retard. Pour la punir, on lui avait donné le baobab et, mécontente, elle l'avait planté à l'envers, si bien que l'arbre avait gardé cet air sens dessus dessous, avec des racines qui semblaient griffer le ciel au lieu de plonger dans la terre.