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Citations sur Chine : Histoire de la littérature (18)

(XIX°-XX°s) En butte aux grandes puissances, les Chinois ne se sentaient plus sûrs de leur civilisation. Ils se sont alors tournés vers d'autres pays, à qui, pensaient-ils, les grands Etats n'accordaient qu'une dignité au rabais et c'est ainsi qu'ils se sont intéressés aux pays de l'Europe de l'Est et de la Scandinavie, pensant y trouver un écho à leurs préoccupations ; ceci explique en particulier le succès d'Ibsen. Après le mouvement du 4 mai 1919, la volonté de libérer l'individu, et en particulier la femme, du poids de la morale confucianiste, du carcan familial, du puritanisme et de ses hypocrisies, fit qu'on vit en Nora* une soeur, une victime des mêmes maux ; il n'y avait qu'un adjectif à changer, confucianiste à la place de protestant, pour que le personnage d'Ibsen soit aussi chinois.

*"La maison de poupée"

p. 402
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(XX°s) Mais ces écrivains qui s'étaient pliés aux consignes politiques ne furent pas récompensés finalement de leur soumission : car quand la pensée commence à accepter de se soumettre, elle ne se soumet jamais assez ! Qu'ils appartiennent à la vieille génération, à part Mao Dun qui profita d'une protection particulière, ou aux nouveaux créateurs du "réalisme socialiste", ils ne furent pas épargnés par la révolution culturelle : ceux qui ont eu le plus de chance furent molestés, battus, leurs maisons saccagées, ils furent soumis aux sévices humiliants imposés par des foules déchaînées ; les autres furent tués ou poussés au suicide comme Lao She.

p. 414
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(Romans historiques et populaires chinois).
Les époques qui sont évoquées par cette littérature ne sont pas forcément glorieuses ; elle sont fascinantes pour le lecteur ou l'auditeur parce qu'en ces temps-là des individus exceptionnels pouvaient déployer leur talent, pouvaient saisir l'occasion et faire preuve de leur valeur ; c'est du moins ce que pense la postérité. Ces romans chinois contiennent une morale historique, les périodes les plus attirantes ne sont pas celles d'un âge d'or où tout le monde est heureux, ni un siècle des Lumières et du despotisme éclairé, mais celles où l'individu a le plus de possibilités d'exister. Ce n'est pas un hasard si tant de ces personnages romanesques sont des taoïstes, évidemment doués de pouvoirs magiques comme on en prêtait tant aux prêtres taoïstes, ou des bonzes "chan" (zen), dont certains pratiquaient les arts martiaux comme ceux du monastère de Shaolin : le taoïsme et le bouddhisme "chan", forme de bouddhisme élaboré en Chine, sont deux courants de pensée très liés et représentent en Chine la quintessence de l'individualisme, les adeptes se pliant à d'autres règles que celles de la société environnante. (...) En somme, ces récits sont au théâtre et au roman ce qu'est l'épopée en poésie ; ils sont une résurgence de l'âge héroïque et ils en expriment aussi la nostalgie, pour reprendre Chadwick dans "The Growth of Literature", mais à une époque qui n'est plus héroïque et où ils ne peuvent donc plus être que des héros solitaires.

p. 363
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Il existe deux langues chinoises, la langue classique, qui, depuis l'Antiquité au moins ne sert qu'à l'écriture, et qui était l'apanage des lettrés, et la langue parlée, qui a évolué au cours des époques, qui peut évidemment s'écrire avec les mêmes caractères que la langue classique et qui a servi dans la littérature populaire. (...)
Ceci dit, la Chine offre deux sortes de littérature, une littérature lettrée et une littérature populaire, qui ne diffèrent pas seulement par la langue utilisée, mais aussi par les genres : poésie, essais, biographies, texte historiques, récits courts dans un cas ; et dans l'autre, théâtre, ballades, chansons populaires, romans, légendes. La différence primordiale étant que la seconde est une littérature orale et que ses formes écrites, comme le roman, les livrets d'opéra, les recueils de chanson ou de légendes, sont à l'origine toujours des adaptations d'oeuvres orales, dont elles conservent les caractéristiques, même une fois transformées pour être publiées, et même lorsqu'elles sont entièrement créées par les lettrés à l'imitation de genres populaires.

p. 285
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" Mes vieux amis partagent mes goûts
Ils viennent ici une jarre à la main.
Assis par terre sous un pin,
Quelques rasades et nous voilà ivres."
Tao Yuanming
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Entretien de Bai Yuji (772-846) avec le bonze Bainze :
Bai : quel est le meilleur moyen d'améliorer son attitude mentale ?
Bainze : Il n'y a rien de mal dans votre esprit. Pourquoi voulez-vous l'améliorer ? La seule chose à faire est de ne pas le laisser penser, quelle que soit la pensée, pure ou impure.
Bai : Je peux comprendre que je ne devrais pas avoir de pensée impure. Mais voulez-vous vraiment dire que je ne devrais pas avoir de pensée pure non plus ?
Bainze : Si vous avez une poussière dans l'oeil, ce ne sera pas plus confortable pour vous si c'est de la poussière d'or, aussi précieuse qu'elle soit.

p. 247
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Bai Yuji (772-846). Pensant au rat dont la légende dit que s'il vit mille ans, il lui pousse des ailes et devient chauve-souris, il écrivit :
"Pour son millième anniversaire, le rat devient blanc
et se transforme en chauve-souris.
Caché dans les profondeurs d'une grotte sans lumière,
pour éviter pièges et filets.
Comme moyen d'échapper au malheur,
ce plan est une réussite.
Mais la sécurité vaut-elle de passer une vie
dans l'obscurité ?"

p. 250
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Li Bai, 701-762. "Les cris des corbeaux à l'approche de la nuit".
Près de la ville qu'enveloppent des nuages de poussière jaune, les corbeaux se rassemblent pour passer la nuit.
Ils volent en croassant, au-dessus des arbres ; ils perchent dans les branches en s'appelant entre eux.
La femme du guerrier, assise à son métier, tissait de la soie brochée ;
Les cris des corbeaux lui arrivent, à travers les stores empourprés par les derniers rayons du soleil.
Elle arrête sa navette. Elle songe avec découragement à celui qu'elle attend toujours.
Elle gagne silencieusement sa couche solitaire, et ses larmes tombent comme une pluie d'été.

p. 230
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Li Bai (701-762), "En cherchant le maître taoïste Yongzun à son ermitage".
Parmi les pics dont l'émeraude touche au ciel,
Vous vivez librement, oubliant les années.
J'écarte les nuées pour chercher la route ancienne ;
Je m'appuie aux arbres pour écouter les sources.
Dans la tiédeur des fleurs, des boeufs noirs sont couchés ;
Sur les pins élevés, les grues blanches s'endorment.
Tandis que nous parlons, le crépuscule est tombé sur le fleuve,
Et seul je redescends dans le froid et la brume.
p. 232
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Si le bouddhisme n'a pas survécu en tant qu'institution religieuse à la persécution de 845 et s'il n'est demeuré, sauf par îlots, que dans la mesure où il s'est amalgamé à la religion populaire, le chan par contre a continué à fasciner les lettrés, surtout ceux qui avaient un penchant pour le taoïsme, car il y voyaient un état d'esprit, une approche à leur goût.
Wang Yangming (Wang Shouren) (1472-1529) s'inspira beaucoup du chan pour élaborer sa philosophie et pratiquait la méditation comme technique. Il s'opposa au néoconfucianisme de Zhu Xi qui avait congelé la pensée chinoise dans un système et avait entrainé dans les moeurs un puritanisme étouffant.
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