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Citations sur Chine : Histoire de la littérature (18)

Il existe deux langues chinoises, la langue classique, qui, depuis l'Antiquité au moins ne sert qu'à l'écriture, et qui était l'apanage des lettrés, et la langue parlée, qui a évolué au cours des époques, qui peut évidemment s'écrire avec les mêmes caractères que la langue classique et qui a servi dans la littérature populaire. (...)
Ceci dit, la Chine offre deux sortes de littérature, une littérature lettrée et une littérature populaire, qui ne diffèrent pas seulement par la langue utilisée, mais aussi par les genres : poésie, essais, biographies, texte historiques, récits courts dans un cas ; et dans l'autre, théâtre, ballades, chansons populaires, romans, légendes. La différence primordiale étant que la seconde est une littérature orale et que ses formes écrites, comme le roman, les livrets d'opéra, les recueils de chanson ou de légendes, sont à l'origine toujours des adaptations d'oeuvres orales, dont elles conservent les caractéristiques, même une fois transformées pour être publiées, et même lorsqu'elles sont entièrement créées par les lettrés à l'imitation de genres populaires.

p. 285
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(XIX°-XX°s) En butte aux grandes puissances, les Chinois ne se sentaient plus sûrs de leur civilisation. Ils se sont alors tournés vers d'autres pays, à qui, pensaient-ils, les grands Etats n'accordaient qu'une dignité au rabais et c'est ainsi qu'ils se sont intéressés aux pays de l'Europe de l'Est et de la Scandinavie, pensant y trouver un écho à leurs préoccupations ; ceci explique en particulier le succès d'Ibsen. Après le mouvement du 4 mai 1919, la volonté de libérer l'individu, et en particulier la femme, du poids de la morale confucianiste, du carcan familial, du puritanisme et de ses hypocrisies, fit qu'on vit en Nora* une soeur, une victime des mêmes maux ; il n'y avait qu'un adjectif à changer, confucianiste à la place de protestant, pour que le personnage d'Ibsen soit aussi chinois.

*"La maison de poupée"

p. 402
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Entretien de Bai Yuji (772-846) avec le bonze Bainze :
Bai : quel est le meilleur moyen d'améliorer son attitude mentale ?
Bainze : Il n'y a rien de mal dans votre esprit. Pourquoi voulez-vous l'améliorer ? La seule chose à faire est de ne pas le laisser penser, quelle que soit la pensée, pure ou impure.
Bai : Je peux comprendre que je ne devrais pas avoir de pensée impure. Mais voulez-vous vraiment dire que je ne devrais pas avoir de pensée pure non plus ?
Bainze : Si vous avez une poussière dans l'oeil, ce ne sera pas plus confortable pour vous si c'est de la poussière d'or, aussi précieuse qu'elle soit.

p. 247
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(XX°s) Mais ces écrivains qui s'étaient pliés aux consignes politiques ne furent pas récompensés finalement de leur soumission : car quand la pensée commence à accepter de se soumettre, elle ne se soumet jamais assez ! Qu'ils appartiennent à la vieille génération, à part Mao Dun qui profita d'une protection particulière, ou aux nouveaux créateurs du "réalisme socialiste", ils ne furent pas épargnés par la révolution culturelle : ceux qui ont eu le plus de chance furent molestés, battus, leurs maisons saccagées, ils furent soumis aux sévices humiliants imposés par des foules déchaînées ; les autres furent tués ou poussés au suicide comme Lao She.

p. 414
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" Mes vieux amis partagent mes goûts
Ils viennent ici une jarre à la main.
Assis par terre sous un pin,
Quelques rasades et nous voilà ivres."
Tao Yuanming
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Si le bouddhisme n'a pas survécu en tant qu'institution religieuse à la persécution de 845 et s'il n'est demeuré, sauf par îlots, que dans la mesure où il s'est amalgamé à la religion populaire, le chan par contre a continué à fasciner les lettrés, surtout ceux qui avaient un penchant pour le taoïsme, car il y voyaient un état d'esprit, une approche à leur goût.
Wang Yangming (Wang Shouren) (1472-1529) s'inspira beaucoup du chan pour élaborer sa philosophie et pratiquait la méditation comme technique. Il s'opposa au néoconfucianisme de Zhu Xi qui avait congelé la pensée chinoise dans un système et avait entrainé dans les moeurs un puritanisme étouffant.
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Chamanisme et poésie.
L'idée d'un univers pensé comme une unité avec de multiples correspondances et communications est sous-jacente aux poèmes et aux contes où les esprits et les morts viennent encore parmi les vivants, où les animaux et les plantes peuvent prendre forme humaine. Le rationalisme, qui au contraire sépare, étiquette, hiérarchise, n'a pas complètement chassé la pensée mythique grâce à la littérature et à l'art, qui ont permis la survie de certains sentiments en leur donnant l'aura de la beauté. Ces sentiments, nourris par la littérature et nourriture de la littérature, sont bien issus des mythes, à commencer par le sentiment de l'amour qui a transfiguré la sexualité.
(...)
De même que la littérature prit la succession des mythes, l'acteur et l'écrivain devinrent des successeurs des chamanes et le théâtre élabora toute une esthétique pour remplacer l"impact de la transe et du rite.
Deux courants de pensée ... vont essayer de retrouver les facultés créatrices des chamanes, tout en négligeant des croyances encore vivantes dans le peuple mais mortes chez les lettrés sous les coups du savoir : ce sont le taoïsme et le bouddhisme "chan" (en japonais, "zen"). Ils vont en particulier chercher des techniques autres que la transe qui permettraient d'avoir accès à un au-delà.

pp. 102-103
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Naissance de l'idée de littérature.
Il est paradoxal, mais peut-être pas tant qu'il n'y paraît, que Zhuang zi ait modelé l'idée du beau en Chine alors que ce n'était pas son propos, et que cet écrivain qui dénigra l'écrit et la culture, soit resté comme l'auteur d'un des plus beaux textes qui aient jamais été écrits. Ses idées l'amenèrent à se débarrasser de toute la lourdeur des démonstrations ; il donna à la pensée la dimension de l'imaginaire ; ses paraboles vont du plus fantastique au plus humble, du mythe du grand oiseau que la cigale ou le pigeon ne peut comprendre au papillon vu en rêve qui fait douter de ce qu'on est ; du génie du fleuve qui *réalise (sic) l'immensité de la mer à l'arbre qui vit longtemps grâce à son inutilité ; et certains ont même vu dans ses petits récits la première forme chinoise du romanesque. Par ailleurs sa pensée a directement influencé Liu Xie qui, lui, parle de littérature proprement dite et dont l'ouvrage d'esthétique littéraire a joué un rôle déterminant dans les siècles postérieurs. Quant aux grands poètes Tao Yuanming, Li Bo, Su Dongpo, qu'auraient-ils été si Zhuang zi n'avait pas existé avant eux, et laissé l'ouvrage qui montrait l'attitude devant la vie requise pour être un sage ou un artiste, ouvrant une voie sur tout un art de vivre ?

p. 96
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(Romans historiques et populaires chinois).
Les époques qui sont évoquées par cette littérature ne sont pas forcément glorieuses ; elle sont fascinantes pour le lecteur ou l'auditeur parce qu'en ces temps-là des individus exceptionnels pouvaient déployer leur talent, pouvaient saisir l'occasion et faire preuve de leur valeur ; c'est du moins ce que pense la postérité. Ces romans chinois contiennent une morale historique, les périodes les plus attirantes ne sont pas celles d'un âge d'or où tout le monde est heureux, ni un siècle des Lumières et du despotisme éclairé, mais celles où l'individu a le plus de possibilités d'exister. Ce n'est pas un hasard si tant de ces personnages romanesques sont des taoïstes, évidemment doués de pouvoirs magiques comme on en prêtait tant aux prêtres taoïstes, ou des bonzes "chan" (zen), dont certains pratiquaient les arts martiaux comme ceux du monastère de Shaolin : le taoïsme et le bouddhisme "chan", forme de bouddhisme élaboré en Chine, sont deux courants de pensée très liés et représentent en Chine la quintessence de l'individualisme, les adeptes se pliant à d'autres règles que celles de la société environnante. (...) En somme, ces récits sont au théâtre et au roman ce qu'est l'épopée en poésie ; ils sont une résurgence de l'âge héroïque et ils en expriment aussi la nostalgie, pour reprendre Chadwick dans "The Growth of Literature", mais à une époque qui n'est plus héroïque et où ils ne peuvent donc plus être que des héros solitaires.

p. 363
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Les faisans sont riches en couleurs, mais ils ne volent pas plus de cent pas ; ils sont trop bien en chair et manquent de force. Les aigles et les faucons manquent de couleurs, mais ils volent haut dans le ciel ; leur ossature a de la force, leur souffle a de la vigueur. La force et le talent en littérature ressemblent à cela. Si le vent et l'ossature manquent de coloration, d'ornementation, on a des sortes d'oiseaux de proie rassemblés dans la forêt de la littérature ; si la coloration, l'ornementation manquent de vent et d'ossature, on a des sortes de faisans qui sautillent çà et là dans le parc des lettrés. Ce n'est que si un vol élevé se double de l'éclat de l'ornementation qu'il s'agit véritablement d'un phénix littéraire.

Liu Xie (465 ? - 522), cité p. 119.
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