Je dois avouer que j'attendais ce livre avec impatience. Avant même sa première parution sous le titre
Today we live, chez
Le Cherche-Midi, j'avais repéré cette histoire qui avait juste l'air incroyable. Et puis, sans savoir pourquoi, je ne l'ai pas acheté à sa sortie, pour finalement me le procurer dans une édition France Loisirs, avant de le laisser de longs mois (années ?) sur une étagère. Autant dire que j'attendais beaucoup de cette lecture, qui m'a pourtant relativement déçue.
Je suis assez friande des histoires qui se passent pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est une période à laquelle je m'intéresse depuis toute petite, pour avoir grandi au large des plages du Débarquement, et j'adore lire de temps en temps un récit, fictionnel ou non, qui en parle. Mais je dois avouer que la lectrice en moi, lorsqu'elle se plonge dans une lecture de ce type, réclame d'être remuée par sa lecture. Quand je m'attaque à ce genre de livre, j'ai envie qu'on me prenne aux tripes, pas nécessairement en faisant dans le sensationnel ou le trash, mais juste qu'on me raconte une histoire qui va me toucher. Et là, ça n'a clairement pas été le cas. Cette lecture a été pour moi un vide émotionnel complet, je n'ai juste rien ressenti. Pour un roman fondé sur ce que ressent justement un soldat SS jusqu'alors insensible en rencontrant une petite fille juive hors du commun, j'ai regretté qu'on ne m'amène pas sur les sentiments de cet homme, et de ceux qui vont jalonner le chemin de ce duo improbable. Je pense que l'autrice n'a pas voulu faire dans le pathos. Il est vrai que la période de la Seconde Guerre mondiale permet assez facilement d'écrire des histoires bien horribles qui donnent la larmichette au lecteur sans trop se fouler. Pour moi,
Emmanuelle Pirotte a tenté d'éviter ce piège, et je ne vais certainement pas la blâmer d'avoir osé sortir de ces sentiers battus. Mais pour le coup, à force de vouloir trop nettoyer son texte de bons sentiments débordants et faciles, elle a fini par le purger de toute émotion, et c'est personnellement un flop.
Par ailleurs, et pour le coup c'est purement personnel, l'autrice utilise deux procédés que j'exècre vraiment dans la littérature : le style indirect pour la restitution des dialogues, et l'introduction de discours très « parlés », voire du patois à plusieurs reprises. Je ne supporte pas le langage parlé dans les textes. Je sais que c'est censé apporter une sorte de « couleur locale », de réalisme au texte, mais c'est un procédé qui ne fonctionne pas du tout avec moi et qui m'agace. Alors quand en plus, c'est cumulé à la restitution indirecte… eh bien, je souffre ! Bon, il faut reconnaître cependant que ce qui me gène ici est vraiment un goût personnel, et que cela ne gâchera pas la lecture de nombreuses autres personnes.
Si ces remarques peuvent donner l'impression que cette lecture a été horrible, ce n'est pas le cas. L'intrigue est intéressante. Je trouve le concept de départ très original, et qu'il permet de développer des idées intéressantes. de plus, on ne montre pas les nazis comme les grands méchants loups et les alliés comme les sauveurs parfaits. L'autrice a, d'après moi, mené une recherche documentaire très complète qui lui permet de respecter un fait historique véridique trop souvent oublié par les auteurs qui s'attaquent à la Seconde Guerre mondiale : tous les soldats allemands n'étaient pas des nazis convaincus et de grands salauds, et tous les soldats alliés n'étaient pas des anges. Certains méfaits ont été commis par les soldats alliés, censés secourir les populations et libérer les pays occupés. J'ai apprécié que cette partie de l'Histoire ne soit pas occultée ici, et qu'on n'ait pas un schéma manichéen dans la création des personnages.
Une petite déception donc pour ce roman qui m'attirait pourtant beaucoup. Je suis sans doute passée à côté, mais je reste persuadée qu'il conviendra largement à d'autres lecteurs. Tant pis pour moi !
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