Mutt sangewite’lm’g moqwa’ wen gesatgit nmu’j negmewei.
Ne fais pas confiance à celui qui n’aime pas son chien.
Avec le temps, on s'est mis à les appeler des Amérindiens. Plus tard, on dira des autochtones. Avant ça, on les a longtemps traités de sauvages (...).Il faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et finissent par définir. Celui qu'on traite de bâtard toute sa vie pour lui signifier sa différence ne voit pas le monde du même œil que celui qui a connu son père.(p36)
Quand les chiens sont lâchés, quand on donne le feu vert à des sbires armés en leur expliquant qu'ils ont tous les droits face à des individus désobéissants, condamnables, délinquants, quand on fait entrer ces idées dans la tête de quelqu'un, on doit toujours s'attendre au pire. L'humanité se retire peu à peu. Dans le feu de l'action, la raison s'éteint.
Il faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et finissent par définir.
Il a vraiment l’air sincère. Ses yeux se sont mis à briller. Elle a envie de lui demander s’il a un peu de sang indien pour parler ainsi mais elle sait que c’est la dernière question à poser à quelqu’un dans ce coin du pays.
Ils faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et finissent par définir.
De son côté Pesant ne comprend toujours pas pourquoi des milliers de personnes de tous les pays dépensent des fortunes pour se payer le droit de taquiner un poisson qu'ils remettent à l'eau une fois sur deux. La pêche au saumon, ça le dépasse, comme la pêche tout court d'ailleurs.
Les anciens ne manquent jamais une occasion de rappeler aux plus jeunes que, sans les indiens, les premiers colons n'auraient pas survécu aux hivers de cette partie du monde, du moins ni les Anglais, ni les Français.
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Son peuple a sauvé les Blancs puis les Blancs les ont peu à peu décimés.
Depuis des millénaires, la sagesse de l’évidence suffit à ce peuple : si on pêche trop de poissons cette année, il y en aura moins l’année prochaine. Si on pêche trop de poissons pendant des années, un jour il n’y en aura plus.
Quand ils font griller la viande de castor sur le feu, les Mi’gmaq conservent précieusement les os de l’animal. Quand ils font cuire une outarde dans la braise, après avoir brûlé les plumes et rôti l’oiseau, ils récoltent soigneusement le squelette. Quand ils mangent du poisson, les arêtes qui ne serviront pas d’ornements ou d’aiguilles sont minutieusement préservées. Si un chien s’empare d’un seul bout d’os, c’est un mauvais présage. Après le repas, les reliques des poissons sont rendues à la mer. Après le festin, les os du castor sont rejetés près des huttes de ses congénères. Après la mangeaille, les ailes, les cuisses, la tête et la carcasse du grand oiseau sont remises dans la rivière ou dans le lac. C’est ainsi depuis des millénaires. Pour que les poissons reviennent, pour que les oiseaux réapparaissent, pour que les castors continuent de nourrir le peuple, comme l’orignal, le lièvre et l’ours, il faut redonner à la nature ce que la nature nous a donné. D’ailleurs, depuis que cette tradition n’est plus observée, il y a parfois dans le cours des choses comme un os.