Citations sur Taqawan (246)
Au Québec, on a tous du sang indien. Si c’est pas dans les veines, c’est sur les mains.
Ostie, quand on a vendu la moitié de la province à des Américains pour le bois, l’électricité, les mines et les réserves de pêche, ça dérangeait personne. Si c’est des Indiens qui réclament, là c’est un problème, là c’est des profiteurs pis juste une gang de soûlons. Il faudrait punir toute la communauté sous prétexte que certains pêchent sans permis ? Quand on pogne des braconniers québecois pure laine, y’a personne qui dit qu’il faut punir toute la province de Québec à cause d’eux autres !
p. 155
Un colosse d’un mètre quatre-vingt-dix, dans la police depuis trois ans, empoigne Bob Bany, qui met trop de temps à sortir de son bateau. Il lui aboie de se grouiller. Bany fait ce qu’il peut avec sa jambe de bois. Le policier tire, arrache la chemise, le plaque à terre, un coup de genou dans les côtes l’air de rien, un poing sur la nuque parce qu’il faut qu’il obtempère. La clé de bras disloque l’épaule. Un cri de douleur jaillit, étouffé par un "fuck you" hargneux. Ils sont maintenant quatre sur le dos de l’homme à terre. Il n’avait qu’à obéir. Refus de se plier aux ordres d’un représentant de l’autorité. Il n’avait qu’à ne pas traîner. Ils lui maintiennent les jambes et lui passent les menottes. Un coup de matraque dans le dos pour finir. Les forces de l’ordre sont en train de sauver le Québec des terribles agissements de ces sauvages qui ne veulent jamais rien entendre. Il faut les discipliner, leur apprendre.
p. 30-31
Il ne faut jamais perdre de vue qu'à un pour cent près, nous sommes tous des chimpanzés.
« Ici, on a tous du sang indien et quand ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »
« Au Québec, on a tous du sang indien, dit un vieil homme, si ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »
Des Indiens, ce sont des Indiens. On les a appelés comme ça parce qu'on croyait être arrivé en Inde. Mais non, on était arrivé en Amérique. Avec le temps, on s'est mis à les appeler des Amérindiens. Plus tard, on dira des autochtones. Avant ça, on les a longtemps traités de sauvages. On les a surnommés comme ça, des hommes et des femmes sauvages. Il faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et finissent par définir. Celui qu'on traite de bâtard toute sa vie pour lui signifier sa différence ne voit pas le monde du même œil que celui qui a connu son père. Quel monde pour un peuple qu'on traite de sauvages durant quatre siècles?
Quand les chiens sont lâchés, quand on donne le feu vert à des sbires armés en leur expliquant qu'ils ont tous les droits face à des individus désobéissants, condamnables, délinquants, quand on fait entrer ces idées dans la tête de quelqu'un, on doit toujours s'attendre au pire. L'humanité se retire peu à peu. Dans le feu de l'action, la raison s'éteint.
Les forces de l'ordre sont en train de sauver le Québec des terribles agissements de ces sauvages qui ne veulent jamais rien entendre. Il faut les discipliner, leur apprendre. On est dans la province du Québec, sur le territoire provincial. Quiconque s'y trouve doit obéir aux lois et aux injonctions venues de la capitale. Le ministre a dit, la police exécute. Elle répand la parole de l'ordre par le bout des fusils, les gaz lacrymogènes et les barreaux de prison.
Les reins du saumon se métamorphosent selon le milieu aquatique. Quand un saumon passe de l’eau douce à l’eau salée, et vice-versa, ses deux reins subissent des transformations d’anatomie et de fonctionnement. Encore aujourd’hui, les scientifiques ne s’expliquent pas ce phénomène.